Face à la catastrophe, qui s’abat sur nous , le réalisme est du côté de la révolution écologique. Protégeons-la dans toutes ses dimensions

Publié le par Michel Durand

Face à la catastrophe, qui s’abat sur nous , le réalisme est du côté de la révolution écologique. Protégeons-la dans toutes ses dimensions

Les auteur(e)s m’ont communiqué leur livre. Je viens d‘en terminer la lecture. Je parle de La vie oubliée, crise d’extinction - agir avant que tout s’effondre.

153 pages que j’ai lu avec un réel plaisir et je m’apprête à dire pourquoi. Cet ouvrage est un authentique appel à la conversion de tout son être, conversion des idées et des pratiques ; bouleversement des modes de vie. Voici les deux dernières phrases :

« Face à l’ampleur de la catastrophe, qui s’abat progressivement sur nous , le réalisme est du côté de la révolution écologique.

Nous qui voulons protéger la vie, protégeons-la dans toutes ses dimensions. »

J’ai rencontré le couple auteur du livre au cours des colloques organisés par Chrétiens et pic de pétrole,  aux cours de conférences à Le Simone, aux Assises chrétiennes de l’Écologie à Saint-Etienne, etc.

Au cours de mes études, puis dans les rencontres avec des chrétiens des Pentes de la Croix-rousse, j’ai abordé la question du rapport de l’homme à la nature par le biais du travail. Tout au début de mes réflexions, j’avais une perception très positive de l’activité humaine. La production, le développement, l’économie étaient vus comme pouvant être le signe, le sacrement du salut. Je me trouvais dans l’enthousiasme de Populorum progressio. C’étaient les années 60-70 dans l’ambiance des trente glorieuses.

Par la suite, travaillant quelques mois en usine, j’ai connu la réalité du travail ; j’ai alors découvert Les dégâts du progrès dans la ligne de la CFDT.

Et je me suis à penser, à écrire Faut-il encore travailler ? Éléments pour une réflexion théologique sur le travail et le repos.

Quand, au début des années 2000 j’ai rencontré des militants écolo-radicaux, j’ai abordé la question du comportement de l’homme dans le monde à partir du constat de la raréfaction des matières premières. La terre est limitée. Nous ne pouvons plus agir comme si toutes les productions étaient possibles. Le progrès infini, fruit du travail humain est une illusion. Limiter le temps du travail productif pour jouir d’un repos, porte de la contemplation est la réalité.À cette époque les ouvrages de Jacques Éllul que j’avais découverts vers 1980 étaient réédités. En compagnie de Vincent Cheynet, le groupe Chrétiens et pic de pétrole s’installa dans le paysage lyonnais tout en s’ouvrant à toute la France. Pour suivre l’actualité, si ce groupe existait encore, il faudrait qu’il prenne le nom de Chrétiens et gaz de Schistes.

Je rappelle cela, non pour me glorifier du passé, mais pour montrer ma différence d’avec l’étude de Mahaut et Johannes Hermann dont j’ignore pourquoi ils choisissent de se présenter sous ce pseudonyme. Alors que j’ai abordé la question de l’écologie à partir d’un regard sur le travail, la production, puis la raréfaction des matières premières, ce qui m’a assurément conduit à avoir un avis plutôt négatif sur les personnes soucieuses de protéger l’environnement, eux, ils partent de l’observation de la nature. la faune et la flore. Et, c’est là la force de leur regard. Situé à l’intérieur de la profession d’ornithologue pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), c’est très concrètement que les auteurs peuvent contribuer à sensibiliser les chrétiens à la sauvegarde de la création. Nous atteignons le même but : une forte interrogation du capitalisme, du productivisme, de l’extractivisme.

 

Ils le font avec plus de chance, me semble-t-il, de rejoindre les attentes d’aujourd’hui. En effet, on est situé par eux en dehors d’un contexte qui effraie le plus grand nombre : le chômage, tout en cherchant l’oreille des catholiques encore trop peu sensibles à ces questions qui sont surtout soulevés par les citoyens que l’on dit de gauche.

Bref. Pourquoi tant parler puisque le seul but de cette page est simplement d’inviter à lire La vie oubliée afin d’Agir avant que tout s’effondre.

En voici un extrait :

Le déni et la faiblesse des réactions catholiques

 

La faiblesse des réactions politiques catholiques

 

Si les appels de l'épiscopat sont clairs, c'est peu dire qu'ils n'ont pas été suivis. La faiblesse des réactions politiques catholiques, que ce soit dans l'engagement militant, dans le vote des fidèles ou dans les programmes des candidats mettant en avant leur catholicisme, montre à quel point la biodiversité, et plus largement l'écologie, sont des points secondaires du discernement politique des catholiques français.

 

Les catholiques écologistes, trop invisibles pour être reconnus

 

Quel a été l'événement catholique phare du week-end du 28 au 30 août 2015 ? Si on pose la question aux Français non-croyants, il y a fort à parier qu'ils citeront en premier lieu la table-ronde politique organisée par le diocèse de Toulon, au sanctuaire de la Sainte-Baume, à laquelle était invitée Marion Maréchal-Le Pen. Peu penseront spontanément au rassemblement de trois jours auquel se sont rendus plusieurs milliers de chrétiens à Saint-Étienne, les deuxièmes Assises chrétiennes de l'écologie. L'affluence était clairement du côté de la Loire et non du Var, mais c'est à la Sainte-Baume que la plupart des commentateurs ont accordé leur attention.

 

Cela pourrait n'être qu'un énième épisode du désamour entre la société française et les catholiques, mais il est néanmoins révélateur : les catholiques sont associés dans l'imaginaire collectif à un attachement politique de droite, susceptible de tirer vers l'extrême. Ce cliché passe sous silence les efforts entrepris par une partie du catholicisme français, à la suite des exhortations des évêques. Certes, les catholiques de gauche n'ont pas tous été des précurseurs en matière d'écologie. Dans les années 1980-1990, l'écologie était parfois vue comme une entrave au développement des pays du Tiers-Monde, et donc l'ennemie de l'option préférentielle pour les pauvres. De même, la Jeunesse Agricole Catholique, sœur rurale de l'Action catholique, fut un grand soutien d'une prétendue « modernisation agricole », à savoir le passage à l'agro-technologie et un remembrement massif qui détruisit les habitats nécessaires à une partie de la faune sauvage française. Mais la tendance s'inverse progressivement et les groupes de catholiques écologistes préexistants à l'encyclique commencent à combler le fossé entre « cathos de droite » et « cathos de gauche ». Le groupe Chrétiens et écologie dans le Loiret, fondé en 2005, est l'un des plus anciens de France. À Lyon, Chrétiens et pic de pétrole a organisé son premier colloque en 2009, puis d'autres cercles de réflexion et des sessions depuis son auto-dissolution en 2016. Dans le diocèse de Valence, c'est une association œcuménique, Œko-Logia, qui se réunit depuis 2009 au monastère de Taulignan. Écologie, paroles de chrétiens s'est réuni de 2010 à 2013 dans le diocèse de Nantes. À Clermont-Ferrand, le réseau Chrétiens, changeons ! est né fin 2013. Du côté des associations et mouvements, le Comité catholique contre la faim et pour le développement a intégré l'écologie dans ses priorités d'action et de formation et accompagne désormais des paysans du monde entier dans des démarches agro-écologiques. Le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne, à vocation œcuménique, a pris en compte l'agro-environnement dans son rapport d'orientation pour la période 2014-2021, soit avant la parution de l'encyclique, et affirme son refus d'une « agriculture productiviste qui répond uniquement aux signaux des marchés, aliène les individus et détruit son environnement »38. L'intérêt grandissant des chrétiens pour les questions écologiques s'est vu lors des deux éditions des Assises chrétiennes de l'écologie - au cours desquelles la perte de biodiversité a été largement abordée : 1300 personnes étaient réunies à Saint-Étienne en novembre 2011, et plus de 2000 fin août 2015. Mais cette tendance ne se traduit ni dans la perception qu'avait le grand 70 public du catholicisme avant la parution de l'encyclique ni - et c'est là le plus grave - dans le vote chrétien, avant et après 2015. Pire : chez certains chrétiens engagés en écologie commence à naître l'impression que s'amorce peu à peu la retombée du soufflé de l'encyclique et que la multiplication des initiatives se produit surtout là où des écologistes convaincus s'engageaient déjà avant la parution de Laudato Si'.

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