Dieu souhaite que tous les membres de l’Eglise agissent au service de toute l’humanité par une attention particulière aux plus délaissés

Publié le par Michel Durand

Hubert Damin, Le lavement des pieds et  La Cène
Hubert Damin, Le lavement des pieds et  La Cène

Hubert Damin, Le lavement des pieds et La Cène

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Ex 12, 1-8.11-14 :  Prescriptions concernant le repas pascal
Psaume 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18) : La coupe de bénédiction
est communion au sang du Christ.
1 Co 11, 23-26 : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur »
Jn 13, 1-15 : « Il les aima jusqu’au bout »

L’homélie que j’ai prononcé le jeudi 29 mars à la communauté de Saint-Alban, Lyon 8ème

Dans cette eucharistie qui commémore l’Institution, l’invention du sacrement de l’Eucharistie, nous opérons un commencement.
La vie chrétienne commence avec Jésus, le Fils de Dieu qui se donne dans et par le pain et le vin, mystérieusement transformés en son corps et en son sang. Il se donne pour que nous arrivions à abandonner le monde ancien afin de revêtir l’authentique nouveauté. 
Dans le Nouveau Testament, il y a de nombreuses expressions pour signifier ce renouvellement. 
L’homme nouveau prend la place du viel homme qui est en nous.
Ou encore : à vin nouveau, outre nouvelle. Si l’on met du vin nouveau dans des tonneaux usagés, ceux-ci vont éclater sous la pression du jeune vin au travail. Seul le bois neuf pourra contenir la puissance de la nouveauté.
Au cours de ce repas de fête, que Jésus a attendu avec grand désir, un don immense est fait ; un don offert à toute l’humanité par la médiation des apôtres. Il est offert non pour que la communauté des Douze, et à leur suite l’Eglise et ses militants, se referment sur eux-même, mais pour que tous les baptisés reçoivent la force d’œuvrer dans le monde au nom du Ressuscité. Au bénéfice de la multitude.
C’est Jésus Christ, effectivement, qui opère le salut alors qu’il ne se dérobe pas face à son propre sacrifice. Sacrifice unique, vécu une fois pour toute ; sacrifice tellement efficace pour enlever le péché des hommes qu’il n’est pas utile de le refaire, puisque par lui tout est accompli. Sacrifice que Jésus anticipa dans les signes sacramentels du pain et du vin.
Dimanche dernier, nous avons souligné comment la Passion de Jésus Christ et les drames vécus aujourd’hui se rejoignaient. Des êtres qui se disent humains, soit pour garder le pouvoir, soit pour le prendre tuent. Une troisième guerre mondiale est véritablement en cours. Guerre avec des armes et guerre économique. Crime contre l’humanité perpétré par des pouvoirs qui ne viennent pas au secours des populations écrasées. Dans ce contexte, au service de la multitude des humains comment accueillir en nous le Christ ?

À quoi devons-nous, dans notre communauté humaine et ecclésiale, renoncer pour accueillir l’immense nouveauté du Christ ?
Que devons-nous mettre en place ? Qu’est-ce qui doit advenir pour que commence, chez nous, par nous la venue du Seigneur ?

Jeudi-Saint. Qu’est-ce qui se recommence autour de cette table festive où nous rappelons que Jésus a vraiment désiré prendre, dans la joie, un dernier repas avec ses disciples les plus proches ?
La Passion, bien sûr. Comme nous allons le rappeler, demain (vendredi saint), devant le corps du Christ mort, exposé à notre contemplation. Nous méditerons sur les souffrances mortelles du Christ qui se demande dans le jardin des oliviers, au plus noir de ce vendredi, pourquoi Dieu l’abandonné. Or, dans cet abandon commence aussi le peuple nouveau ; un peuple qui prend naissance dans la communion au Christ abolissant dans l’humanité entière toute sorte de division.
Abandon – renaissance.
A quoi devons-nous mourir pour que naisse le monde ?
C’est simple, nous devons mourir à tout ce qui divise ; nous devons créer des liens qui unissent.
Notre mission de chrétiens consiste à construire l’homme pour qu’il se tienne debout ; vivant harmonieusement dans la Maison Commune que nous entretenons et protégeons. À chaque fois que nous construisons ainsi notre monde, nous marchons avec le Christ. Nous empruntons la route qui conduit à la Résurrection. Nous travaillons à la libération de tous ceux qui sont encore esclaves soit de la misère, soit de la richesse.
Imitant le Christ, nous avons tué l’aliénation pour répandre la liberté. Nous avons servi autrui.

« Si je vous ai lavé les pieds, moi le maître et le Seigneur, vous devez, vous aussi vous lavez les pieds les uns des autres. »

Dans notre vie actuelle, qu’elle est, pour la multitude, le chemin de la résurrection ?
Obtenons la réponse à cette question en regardant l’heureuse nouvelle du Christ. 

« Vous devez, vous aussi, vous lavez les pieds les uns des autres. »

C’est ce que liturgiquement nous avons célébré. Vous en avez compris le symbole. Vous avez été, émotionnellement saisi par lui. Il ne revient pas au seul sacerdoce, pape, évêque, prêtre d’accomplir ce geste dans l’imitation rituelle du Christ. Tous les baptisés sont concernés. Et Dieu souhaite non seulement que tous les membres de l’Eglise se rendent, à l’interne, mutuellement service, mais aussi que les chrétiens agissent au service de toute l’humanité par une attention particulière à leur prochain, notamment les plus délaissés.
Le Christ se donne. Il se livre. Personne ne lui prend sa vie. Il a tout donné à la Sainte Cène ; librement. Dans l’impossibilité d’éviter la mort, il a posé l’acte libre de la résurrection.

 

Publié dans Eglise, évangile

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