Le Christ nous demande de concrétiser autour de nous ce qu’il nous donne dans l’Eucharistie

Publié le par Michel Durand

Favrène, La Cène, huile sur toile, 3m x 1,4m

Favrène, La Cène, huile sur toile, 3m x 1,4m

Invité à présider l‘eucharistie dominicale au sein de l’Eglise Saint-Maurice, je vous donne à entendre et/ou à lire ce que j’ai dit tant au moment de l’entrée en prière que pendant l’homélie. Yves Longin, curé de la paroisse Saint-Maurice – Saint Alban me présente : voir première « vidéo ».

L’homélie est sur la seconde vidéo, après le texte de l’Homélie.

la Cène, Peinture de Favrène, 3m X 1,4m

Bonjour à toutes et à tous.

Avec vous depuis plus d’une année, je partage régulièrement la prière eucharistique dominicale (certains ont pu me voir, me reconnaître) et aujourd’hui je suis heureux de présider l’action de grâce selon l’invitation qui me fut adressée.

Vous me voyez donc ici, « en la personne » du Christ Jésus, l’unique grand prêtre. C’est lui qui nous rassemble. Il nous invite autour de la table où se concrétise la Sainte Cène, le repas qu’il désire tant partager avec tous.

Il nous convoque effectivement près de son autel, symbole du Ressuscité qu’il est pour que nous entendions une fois de plus sa Parole et participions à toute sa personne, son corps et son sang.

Repas du Seigneur.

Frères et sœurs, c’est dimanche, nous voilà réunis au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Même en absence de prêtre le Christ nous veut en Assemblée. En Église. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.

Soyons-en dignes. Sachons le recevoir. Faisons la clarté en nous. « Le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude », tournons-nous vers lui.

Nous nous reconnaissons pécheurs.

 

Liturgie de la Parole

1ère lecture : « Avec sa farine, la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)

Psaume : Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10

2ème lecture : « Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)

Évangile : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)

 

Homélie

Au cours de la réunion de préparation de cette eucharistie, il fut, selon le compte rendu que j’ai reçu, souligné l’humanité qui ressort des trois textes. Les personnages dont il est question sont tous marqués par la misère, une pauvreté extrême, une situation peu confortable, celle de l’étranger, de la veuve, de l’orphelin. Et nous voyons une misérable veuve, qui ne possède plus que quelques grammes de farine, accueillir Élie en voyage hors de sa patrie.  Devant fuir la colère de la Reine Jézabel (tout le monde sait qu’elle a tué Nabot propriétaire d’une vigne convoité par son mari, le roi Achab), Élie subit effectivement la douleur de l’exil dans la région de Sidon, province de Syrie, très au nord de Jérusalem. C’est là, étranger dans ce pays, que la très pauvre veuve, accepte la rencontre et va jusqu’à partager tout ce qu’elle possède. Elle va l’accueillir pour un temps assez long et pourtant, elle n’a qu’un peu de pain et d’huile. Elle donne malgré les difficultés et l’inconnu du lendemain.

La mise à l’épreuve de la femme par Élie, le dialogue, la résignation de la pauvre femme : vu son statut de femme, elle ne peut qu’obéir, la grande pauvreté, l’indigence de l’un et de l‘autre… sont vécues, au final, dans une grande humanité.

En parallèle, Jésus montre au regard de la pauvre veuve glissant dans le Trésor deux petites pièces de monnaie, un visage plein d’humanité. Assurément, il est plus dur avec les scribes dont il convient de se méfier.

« Ceux-ci dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Ceci dit, et gardons bien en mémoire l’ensemble des trois proclamations (les trois lectures), il importe de nous demander maintenant comment allons-nous actualiser cette Parole ? Quelle confrontation devons-nous faire entre le message révélé et l’actualité ?

Certes, pour répondre correctement à ma question, il conviendrait de citer des situations précises et d’opérer un discernement entre ce que je vis au quotidien et ce que je découvre dans la Révélation divine. Ce travail ne peut bien se faire qu’en petit groupe où chacun exprime sa perception de l’Évangile et son projet de vie pour mettre en œuvre la Parole entendue. De plus, pour ne pas partir dans tous les sens, il importe de sérier les diverses tranches de vie concernées dans notre existence par les appels de Jésus.

Suivant l’ordre de l’Évangile de ce jour, je donne quelques pistes, quelques titres de chapitre pouvant nous concerner et faire l’objet d’un groupe de paroles précis à la suite de l’enseignement de Jésus.

- Un scribe sommeille-t-il en moi ? Ou encore, si je rencontre un prélat, un dirigeant, un prince des finances qui dévore les biens des veuves, comment vais-je humainement dialoguer avec lui pour le rendre à la raison du Christ ?

- Ma prière, ma religion sont-elles ostentatoires ou vécues en profonde et sincère intériorité ?

- Baptisés, nous sommes tous invités à mener une vie sobre, simple, tout imprégnée de la pauvreté évangélique -bienheureux les pauvres de cœur entendions-nous dimanche dernier- comment puis-je pratiquer cet enseignement de Jésus dans une société qui cherche à toujours avoir plus ?

- La tradition chrétienne indique que dans le pauvre, nous voyons le Christ, nous recevons le Christ. Partager avec un homme dans le besoin, un frère en humanité, un migrant, par exemple, c’est partager avec le christ.

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

Alors, je rappelle le lien étroit entre le Sacrement de l’Eucharistie et le Sacrement du Pauvre : « L’Eglise de l’eucharistie, en s’ouvrant au don de Dieu, forme un peuple de frères, membres les uns des autres et solidaires de toute l’humanité… Il ne suffit pas que nous soyons unis entre nous : Le Christ nous demande de concrétiser autour de nous ce qu’il nous donne dans l’Eucharistie. Le pain partagé nous convertit en hommes de partage. La communauté eucharistique devient ainsi une force de transformation du monde, à la manière du levain qui soulève la pâte ». Voir le texte du congrès eucharistique de Lourdes (1981). Voir ici le texte complet.

L’Église réunie par le Christ, est service, Diaconie des frères et sœurs que celles-ci, ceux-ci soient membres ou nom de l’Assemblée des croyants en Dieu créateur.

Mais, pour terminer, je dois m’arrêter de donner des citations, des références aux textes officiels de l’Église du Christ. Ouvrons les journaux. Regardons ce qui se passe au Vatican avec cette nouvelle affaire de « fuites » au sein de la curie. Soyons attentifs à  l’accueil que la société dans laquelle nous vivons adresse à l’étranger. Ce fut à Bron, un refus d’ouvrir une salle pour des migrants de l’est européen expulsé d’un squat. L’église du quartier, avec l’aide de familles du coin, tâche de répondre aux demandes primaires. Ce fut à Saint-Genis-les-Ollières : « ils sont un millier contre le village d’insertion rom ». C’est bientôt la marche pour le climat afin de faire prendre conscience que les Terriens ne peuvent plus extraire du sol tout ce qu’ils souhaitent. Ce sont les cercles de silence, les coordinations urgence migrants pour l’accueil de tous les migrants. Les réalisations des Secours catholiques, populaires et islamiques…

Bref, il y a tant de réalisations à citer. Tant à faire. Le châle de prière à franges du scribe que je risque d’être ne peut que s’accompagner de l’appel à tout donner pour le service du frère* :

« Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre ».

 

* Pour le chrétien, la solidarité n’est pas du domaine du facultatif

 

Publié dans Eglise, évangile

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