Ne pas perdre l’orientation vers le Royaume éternel et œuvrer sur terre pour le bonheur de tous, en partant des plus petits

Publié le par Michel Durand

Ne pas perdre l’orientation vers le Royaume éternel et œuvrer sur terre pour le bonheur de tous, en partant des plus petits

1ère lecture : « Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)
Psaume : Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5
2ème lecture : « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)
Evangile : « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)

Entendre ci-dessous l'homélie

Homélie de ce dimanche 22 novembre 2015 prononcée en l'église de l'Epiphanie Vénissieux-Mainguettes

Où est la vérité ?
Pouvons-nous dire que la Vérité se trouve auprès des hommes et de femmes qui vivent dans le camp des plus forts ? À l’époque de Jésus, elle se trouvait chez les gouvernants mis en place tout autour de la Méditerranée par l’Empire romain. Les notables du Temple de Jérusalem sont effectivement obligés de se tourner vers Pilate pour obtenir ce qu’ils désirent : la mise à mort du Christ. Or, Jésus, fils de Marie et fils de Dieu, indique que la Vérité, celle du Royaume éternel (la Vérité avec un V majuscule) est ailleurs.

« Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »

Chrétiens, puisque  nous voulons suivre au maximum l’enseignement de Jésus-Christ, cette phrase nous incite-t-elle à nous désintéresser de tout ce qui se passe sur la Terre ?

Les évènements de ce mois - tant les attentats à Beyrouth , Paris, Bamako… qui donnent une étrange image de l’islam - que la Cop 21, la conférence pour le climat visant à obtenir une baisse de la température, signe de l’acceptation d’une autre économie, seraient alors totalement étrangers à notre vie chrétienne ?

Voilà la question que me pose cette révélation de la Parole de Dieu. Elle est grave. Aussi, il me semble que je ne peux dire trop vite ceci : la royauté de Dieu n’est pas de ce monde ; donc, ne regardons que le monde à venir, le Royaume éternel, la gloire auprès du Fils ressuscité.

Du reste, la récente lettre de François, Laudato si, un texte dense pour prendre soin de notre maison commune, invite à ne rien lâcher de ce qui concerne notre vie sur terre. Autrement, dit, disciple du Christ, nous avons une double mission à mener : ne pas perdre de vue l’orientation vers le Royaume éternel et œuvrer en permanence pour le bonheur de tous, en partant des plus petits, sur cette terre - que cela soit dans une république ou dans une royauté (un président ou un roi).

Pour exprimer ma méditation, je m’appuie sur la revue du Prado, Quelqu’un parmi nous, qui a pour titre : Changeons pour que le climat ne change pas. J’en ai apporté plusieurs exemplaires que vous pouvez prendre moyennant 5 €. Témoignages, textes de François, lectures d’Évangile, approfondissements sont au sommaire de ce N° 224. A lire seul et, mieux encore en groupe, pour en parler avec d’autres.

Changeons nos modes de vie. Comprenons que nous ne pouvons pas produire toujours plus de biens matériels car cette surproduction se réalise au détriment de la Terre et des personnes, souvent très pauvres, qui se trouvent soumises aux enrichissements de seulement quelques-uns.

Le chapitre 3 de Laudato si indique la racine humaine de la crise écologique : François s’interroge sur les avancées technologiques, parfois sources de progrès, mais aussi porteuses de limites. Il pointe ainsi « les logiques de domination technocratiques qui mènent à la destruction de la nature et à l’exploitation des personnes et des populations les plus faibles ». Pour éviter ces problèmes humains, nous devons accepter, nous en Occident industrialisé, d’avoir moins de biens matériels pour y gagner en biens immatériels, spirituels. Changeons nos manières de vivre. Vivons plus sobrement. Gandhi disait : vivre simplementpour que simplement d'autres puissent vivre.

Prendre ce chemin est une conversion. Convertissons-nous.

Oui, convertissons-nous. Changeons nos habitudes, nos façons de vivre. Il y a là une démarche très personnelle. En même temps que ce travail de conversion en soi, sur soi, il y a l’engagement avec d’autres pour que l’ensemble de la société prenne conscience de l’importance d’une nouvelle façon de vivre. Devant les actes terroristes, les États renforcent les mesures sécuritaires de protection. Les rois actuels prennent-ils le temps de regarder les causes profondes des déviances barbares rencontrées ? Le veulent-ils ? Les prochaines élections régionales vont nous mettre devant cette question. Qui devons-nous élire pour qu’une juste façon de gouverner s’établisse ? Beaucoup de personnes engagées dans la protection de l’environnement et des plus pauvres disent qu’aujourd’hui un changement ne sera possible que grâce à une forte poussée citoyenne. Le CCFD-Terre solidaire œuvre dans ce sens.

Chrétiens, plus que toute autre personne, nous nous savons concernés par une juste gestion des affaires publiques. Et nous savons que tout homme est concerné. Alors, pour cette tâche, nous avons à travailler avec tous. Chrétiens et non chrétiens, nous devons tous nous sentir concerner par la protection de notre maison Terre, par les guerres que subissent nombreuses populations sachant qu’en deçà de visions religieuses déviantes, il y a la quête d’un pouvoir économique, d’un toujours plus sans limite que protège une visée sécuritaire.

Plus encore que pour tous les hommes et les femmes actuels, nous les disciples du Christ, Maître (le roi) de tout l’univers, nous nous savons appelés à une forte conversion : aimons jusqu’à nos ennemis dit l’Évangile ! Ne prolongeons pas la violence par la haine des nouvelles violences. Changeons nos modes de vie et les modes de production.

Engageons-nous sans crainte dans une fructueuse sobriété et une universelle fraternité. Cela ne signifie pas que l’on acceptera aveuglément tout ce qui se présente, mais que l’on prendra les moyens et le temps de comprendre et d’agir en conséquence.  Allons jusqu’à la racine des événements avec toutes les personnes de bonne volonté. Au sein d’associations, travaillons dans ce sens avec tous en suivant l’appel de François (§3) : « À présent, face à la détérioration globale de l’environnement, je voudrais m’adresser à chaque personne qui habite cette planète ». On ne partage pas la même foi en un Créateur, mais on a le désir de rejoindre la Vérité et de vivre au quotidien selon cette vérité.

Je trouve très forte la finale de l’Évangile de Jean lu ce jour. Celui qui s’efforce de rencontrer la vérité, la sagesse universelle, éternelle et de vivre selon cet enseignement, c’est la volonté du Christ qu’il accomplit. Jésus, selon Jean dit :

« Quiconque appartient à la Vérité écoute ma voix. »

 

 

 

Publié dans Eglise, Témoignage

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