A l'approche de Noël, Bethléem
Cette année, je suis retourné une dernière fois à Bethléem...
Bethléem emmurée, surplombée par les Colonies, verrouillée dans des shek points aux gardiens arrogants...
Jean-Claude Brunetti* communique cette forte page.
Comment chanter Noël, les anges qui proclament Paix aux hommes de bonne volonté quand l'incroyable patience des Palestiniens se mue en détresse chez les plus jeunes qui, remplaçant les pierres de l'intifada par des couteaux de cuisine ou des ciseaux, courent à la mort en tentant de frapper les militaires surarmés. La consigne n'est pas de les arrêter, ce qui serait si facile, mais de les abattre, en toute bonne conscience... Une manière très efficace de désengorger les tribunaux !
Et, bien loin de ce drame dont les médias ne nous livrent qu'un écho étouffé, on dresse des arbres de Noël au son de musiques de guinguette, on boit du vin chaud en rigolant dans les marchés et on se chipote pour savoir s'il est légitime de faire des crèches dans les lieux publics. Peu nombreux sont ceux qui savent qu'elles sont un incroyable signe de fraternité, une promesse d'alliance entre Dieu et les hommes...
Il n'y avait pas, à Bethléem, de place pour le bébé de la mangeoire, que Pilate présenta un jour à la foule en disant « Voici l'Homme »... Il pourrait sembler qu'aujourd'hui encore l'Homme soit le dernier souci des dirigeants du monde au Moyen Orient, en Libye... et dans mille autres lieux...
Mais, comme il y eut des bergers généreux autour de la crèche, aujourd'hui les Filles de la Charité s'efforcent de perpétuer Noël chaque jour pour les enfants que les familles de leur mère ne veulent pas recevoir... « Des enfant qui déshonorent celles qui les ont portés » décrète-t-on... Peut-être Marie de Nazareth a-t-elle subi ce genre de persiflage...
Et il y a plein d'hommes et de femmes de bonne volonté qui savent écouter, accueillir, partager, à Bethléem comme partout dans le monde. Partout, des petits, des sans-grades se battent pour corriger les injustices des grands, assoiffés de pouvoir et abreuvés par leur propres mensonges auxquels ils doivent finir par croire, les malheureux !
Ce sont ces petits, véritables anges d'aujourd'hui, qui m'autorisent à vous souhaiter cette année encore un beau Noël rempli de chaleur, de partage...et de MISERICORDE...
* Prêtre du Prado, Eglise de Chambéry ; son site.