Connaître l’Islam. S’informer c’est bien, se former c’est mieux !
Le "message" à retenir, c'est "notre rencontre", a affirmé le pape François à la presse. REUTERS/Max Rossi
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Témoignage d’un prêtre de paroisse
extrait de la revue Quelqu’un parmi nous N°226,
Un nécessaire dialogue interreligieux de voisinage.
Suite aux attentats qui ont ensanglanté et provoqué bien des réactions dans notre pays, fallait faire quelque chose ! Comme curé de paroisse, j’ai proposé à mes paroissiens une rencontre autour de l’Islam. Une invitation toute simple, « Venez comme vous êtes avec vos questions. » Deux réunions furent nécessaires en décembre 2015 et janvier 2016 pour répondre aux questions des 17 participants.
Dans un premier temps, les participants ont posé leurs questions et exprimé leur vision de l’Islam. Puis à l’aide de Gérard, prêtre de la Pastorale des Migrants, nous nous sommes efforcés de répondre aux attentes. Ainsi tout est sorti : Le Coran, c’est quoi ? Mohamed, c’est qui ? Comment il a été rédigé ? Allah ? Les Sunnites, les Chiites et les Salafistes, c’est qui ? La charia, c’est quoi ? Jésus, pour un musulman, c’est qui ? Et la Vierge Marie ? La formation des Imams ? Le Ramadan, la prière et les 5 piliers, les funérailles, les mariages, mais aussi l’islam radical, c’est quoi ? Sans oublier le rôle et la place des femmes, la viande halal et le « caté » des enfants. Ils n’ont pas de clergé comme chez nous, qui décide quoi ? Et la Mecque, la Kaaba ?
Dans un deuxième temps, Gérard leur a expliqué le Coran. Bien que dicté directement par Allah à Mohammed, il demeure un « produit » des hommes, parce que mis par écrit, beaucoup plus tard, par la main de l’homme. Donc il y a forcément interprétation. Question sensible : oh combien sensible s’il en est. Puis il leur a présenté les courants, les 4 écoles de l’Islam : école Hanafite, Malékite, Chaféite, Hanbalite. Il n’y a pas une mais des interprétations possibles du texte sacré. Ne faudrait-il pas que ces écoles dialoguent entre elles ?
Troisième temps. Gérard leur a présenté, aussi, les différentes mosquées présentes sur le Dunkerquois. La diversité caractérise cette présence de lieu de culte et/ou salle de prière. Il s’agit de distinguer de quoi nous parlons. Afin d’éviter de mettre tout le monde dans le même sac.
Dans un 4e temps, présentation de la foi de l’Islam. Elle consiste à croire en Dieu, à ses anges, à ses livres révélés, à ses prophètes, au jugement dernier, à la prédestination touchant le bien et le mal.
La pratique de la foi de l’homme soumis à Dieu seul recouvre :
Les 5 piliers Chahada (profession de foi), Croire au Dieu unique, les prières rituelles (5 fois par jour) l’aumône légale, annuelle, au profit des pauvres, le jeûne du Ramadan, le pèlerinage à la Mecque (recommandé une fois dans la vie). Une lecture de quelques Sourates a permis de lever le voile sur le contenu du Coran. Ce livre sacré qui nourrit la vie et la foi du croyant au Dieu unique.
Pour la première fois, des chrétiens ont pu être éclairés sur la religion musulmane. J’ai vu arriver des gens que je ne voyais jamais sinon épisodiquement aux messes dominicales. Ce fût une grande découverte pour plupart d’entre eux. Gageons que cette initiative aura suscité une envie d’en savoir plus, un regard nouveau sur l‘Islam, un regard et une écoute renouvelés sur tout ce que nous entendons dire et lire sur la place de Islam en France. Ne sont-ils pas aussi des Fils d’Abraham ? Cette expérience me fait dire ma foi en une communauté paroissiale, une Église capable d’ouvrir des espaces de rencontres, de réflexion et de formation au ras des pâquerettes pour des gens simples, des petits, des pauvres. C’est un premier pas que beaucoup ont franchi. Je ne puis que m’en réjouir. Le second serait de rencontrer, de dialoguer avec une personne de confession musulmane. Un débat de foi peut-il, un jour, s’engager ? Espérons-le.
Et puisque nous, catholiques, vivons le Jubilé de la Miséricorde à l’appel du pape François, terminons en soulignant que la Miséricorde est présente dans toutes les grandes religions. C’est pourquoi en Islam, « tout musulman a obligation d’éprouver de l’empathie, envers les prisonniers, les veuves et les orphelins et doit donner une aumône aux pauvres ! Le Miséricordieux, le Clément, le Bienveillant, l’y oblige » (cf les 99 noms divins).
Jacques, prêtre du Prado