Il est toujours bon de regarder la place qu’une société accorde aux plus faibles, aux plus fragiles en son sein
L’image de la Vierge au manteau est un beau et puissant symbole de la réalité de l’Église. En son bâtiment, l’église, comme sous une cape, protège tout le monde : les petits, les pauvres, les plus isolés comme les princes et rois de la Terre ; les hommes, les femmes – sans distinction.
Marie place sous sa maternelle et miséricordieuse protection les plus vulnérables.
Alors on ne peut qui dire un NON clair à ceux qui refusent de laisser dans leurs village, ville et quartier une place à l’étranger.
Dans son dossier sur les élections 2017, la Conférence des évêques de France, au numéro 7 indique :
« En fait, pour aller plus loin [dans la question du sens de notre vie sociale] la seule question qui mérite d’être posée n’est-elle pas : qu’est-ce qui fait qu’une vie mérite d’être donnée aujourd’hui ? Pour quoi suis-je prêt à donner ma vie aujourd’hui ? La réponse est sans doute très personnelle et intime, mais elle dit quelque chose d’une vie avec les autres et des valeurs qui animent une société. À cet égard, il est toujours bon de regarder la place qu’une société accorde aux plus faibles, aux plus fragiles en son sein, pour savoir si elle est en bonne santé, ce qui la fait tenir dans ses fondements. Ce sont toujours eux en effet qui nous aident à retrouver l’essentiel et le sens de l’homme que toute société doit protéger. »
Robert, P.O. retraité, qui a indiqué à ses contacts cette source commente :
Devant l’attitude de ceux qui osent soutenir la répugnante affiche du Maire de Béziers, il n’y a qu’une pensée à avoir. Celle de l’Évangile : « Que votre parole soit : oui ? oui ; non ? non » (Matthieu 5:37).
Ici c’est NON !
Ce NON rejoint l’engagement des participants au cercle de silence de Versailles du jeudi 13 octobre qui connut plus de monde que d’habitude.
« Il faut dire que le contexte actuel dans l'est des Yvelines est détestable ; diverses manifestations hostiles à l'implantation de structures d'accueil pour des Demandeurs d'Asile à Louveciennes et à Rocquencourt ont bouleversé les consciences : pour beaucoup de versaillais, impossible d'accepter les discours et les slogans xénophobes, voire haineux, de certains habitants de ces communes, ni d'accepter la Charte proposée par le FN à chacun des Conseils Municipaux des villes concernées : “Ma ville sans migrants”...
Le Cercle de Silence de Versailles, en cercle et en silence autour de sa petite lanterne, s'est démarqué de cette furie langagière et a réuni dans la non-violence ceux qui souhaitent un accueil fraternel des étrangers dans le 78. Certains avaient mis des dossards dénonçant les conditions de vie réservées aux demandeurs de papiers.
Très vite, le cercle s'est agrandi et a occupé un large périmètre; les passants ne pouvaient ignorer ce qui se passait là : en contournant le cercle, ils tombaient sur les panneaux et les distributeurs de la lettre (300 exemplaires écoulés) qui leur expliquaient ce que nous faisions.”
Je reviens à l’émotion de Robert devant la communication de Béziers.
Il donne à lire un article de Témoignage Chrétien - lettre du 20 octobre 2016
Cette ignoble image - du plus pur style mussolinien ou stalinien - tend à faire croire que des hordes de barbares, manipulées par la France, partent à l'assaut de nos cathédrales. C'est triplement injurieux pour l'Église, pour la République, pour les Français.
La cathédrale, par définition, est l'église de l’évêque. Lequel représente - faut-il le rappeler - l'universalité, c'est-à-dire le contraire du nationalisme. Catholique signifie littéralement universel. En détournant ce symbole de l'accueil de tous, toujours et partout, en une citadelle fermée, les commanditaires de cette affiche blessent profondément les catholiques. Et l'on aimerait une ferme condamnation au lieu des circonvolutions gênées de Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque du diocèse. [cf. ci-dessous]
La tradition française, catholique ou républicaine, voit dans la cathédrale un signe de rassemblement, l'ultime lieu où la fraternité l'emporte sur la haine et la rancœur. Que l'on songe à toutes ces obsèques de grands hommes où se trouvaient, dans la nef de nos cathédrales, les représentants de tous les pays du monde. Que l'on relise le chef-d'œuvre universel de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, adapté au cinéma, traduit dans toutes les langues, chanté dans tous les pays. Le droit d'asile au profit de l'archétype de la migrante sans-papiers - Esmeralda, l'Égyptienne - se trouve désormais au cœur de notre identité. En s'y attaquant, le Front national et ses alliés cherchent à détruire ce qui unit et rassemble.
Et que dire de cette phrase nauséeuse « L'État nous les impose » ? Comme si la culture française ne résidait pas justement dans un État central garant de la redistribution, de l'égalité du territoire, de la justice envers chacun.
Et à qui profite ce crime contre la grandeur de la France ? À ceux qui parient sur la violence, le désordre, pour dresser les uns contre les autres. Bien sûr, les droites nationalistes autoritaires, bien sûr les tribuns populistes comme Trump ou Poutine, mais, surtout, les théoriciens de Daech n'attendent que cela. En se faisant l'allié objectif de ces extrémistes, Robert Ménard porte un très mauvais coup à la France.
18 octobre 2016 - L’archevêque de Montpellier, Mgr Pierre-Marie Carré, regrette la dernière affiche du maire de Béziers :
« C’est une affiche que je trouve regrettable et déplorable. Contrairement au message qu’elle véhicule, je ne me sens pas encerclé. Mais le but d’une telle campagne d’affichage est de susciter la polémique et nous ne voulons pas tomber dans un tel piège. En même temps, il faut être clair, cette affiche ne correspond ni à l’Évangile ni aux paroles du pape François en termes d’accueil de l’autre ».
« Évidemment, nous avons conscience que la situation est complexe. L’année dernière un groupe de migrants arrivés dans un foyer de Sète est reparti, car ils voulaient rejoindre l’Angleterre. En d’autres endroits des familles syriennes ont pu être accueillies et il faut saluer cela. Tout en prenant en compte la complexité de la situation, nous devons sérieusement répondre à cette question : comment aider ces personnes à vivre dans le diocèse ? »
LE MONDE | 14.10.2016 à 18h50 • Mis à jour le 17.10.2016 à 13h28 |
« Robert Ménard, nos églises ne sont pas des forteresses, mais des refuges ! »
La campagne contre les migrants lancée par le maire de Béziers suscite indignation. Le néo-maurrassisme de Robert Ménard est un paganisme, dénoncent Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de « La Vie » et Erwann Le Morhedec, avocat et blogueur.
« L’État nous les impose. Ça y est, ils arrivent. Les migrants dans notre centre-ville. » La nouvelle campagne d’affichage xénophobe menée par le maire de Béziers suscite consternation et indignation. Comme d’habitude, dira-t-on. On serait d’ailleurs tenté de la traiter par le mépris. Robert Ménard ne cherche que l’autopromotion. Mieux vaut noyer l’outrance dans le silence. Mais nous n’avons pas seulement lu le texte, nous avons vu l’affiche et cette image, insupportable, d’une église assiégée par une horde d’envahisseurs.
Oui, une église. Ou plus exactement, une cathédrale, celle de Béziers. Quelques semaines après l’assassinat du Père Hamel, le signal donné est aussi simple que puissant : la France catholique sera bientôt submergée, l’identité chrétienne effacée. Ménard joue sur les symboles et sur l’inconscient.
La manipulation du religieux
La cathédrale de Béziers ne nous appartient certes pas, ni d’ailleurs à l’édile biterrois. Mais inversement, le christianisme n’est pas un matériau disponible dont n’importe qui peut s’emparer pour affirmer n’importe quoi, quitte à faire dire aux symboles chrétiens le contraire de ce qu’ils signifient. Catholiques, nous n’acceptons plus de voir notre religion utilisée par une propagande anti-évangélique. Nous ne voulons pas rester inertes devant la manipulation du religieux à laquelle s’emploie, entre autres, Robert Ménard - depuis l’affaire de la crèche jusqu’à celle de la cathédrale. Le néo-maurrassisme du maire de Béziers est un paganisme. L’identitarisme trahit le christianisme.
Il faut donc le rappeler : les lieux de culte catholique ne sont pas des forteresses mais des refuges. Depuis le Moyen-Âge au moins, les églises ont toujours été des maisons de paix, et souvent d’asile. Plus que jamais, elles demeurent ouvertes à tous, chrétiens et non chrétiens, croyants et incroyants. L’accueil y demeure inconditionnel. N’importe qui peut y rentrer pour y trouver, au moins, la sérénité. Ou, nous l’espérons, pour y rencontrer le Christ.