La vraie solitude, ce n’est pas l’absence des hommes, mais la présence de Dieu. Le silence, c’est toujours écouter
Je me demande si je ne devrai pas changer la photo de la page d’accueil d’en manque d’Eglise : un désert physique, le Sahara. En effet, ce paysage ne correspond plus à ce que je vis maintenant. L’idée de cette prise de vue provient de mes temps de repos, de vacances –disons de retirement, de retraite- que j’aimais prendre en hiver au-delà de la méditerranée. Maintenant que je suis à longueur de journée en vacances, je ne ressens plus le violent besoin d’un cadre physique favorisant le silence de la méditation.
En manque d’Eglise ! Sans cesse je me découvre en manque de perfection, de sainteté, d’amour, d’attachement au Christ et également à autrui que je rencontre si mal. Le vide du désert symbolise cette absence, ce manque. Son silence favorable à la contemplation en comble la béance.
Bref, méditant sur tout cela, j’ai repensé ce matin à Madeleine Delbrêl et je me suis dit qu’au lieu de montrer une vallée désertique pour signifier mes pensées, je devrais choisir désormais, ce que je vois de ma salle de séjour : des mûrs d’immeubles percées de fenêtres dont j’ignore tout de celles et ceux qui les habitent. Mon actuel désert est bien la ville où les gens se côtoient sans se connaître (ou si peu) même autour d’un unique ascenseur.
Il doit falloir plus d’audace que j’en ai pour vivre, dans la suite du Christ et en son nom, afin de rencontrer ses voisins. Je relis alors quelques phases de Madeline Delbrêl :
« Chaque acte docile nous fait recevoir pleinement Dieu et donner pleinement Dieu dans une grande liberté d’esprit. Alors la vie est une grande fête. Chaque petite action est un évènement immense où le Paradis nous est donné, où nous pouvons donner le Paradis. Qu’importe ce que nous avons à faire : un balai ou un stylo à tenir ; parler ou se taire ; raccommoder ou faire une conférence : soigner un malade ou taper à la machine. Tout cela n’est que l’écorce de la réalité splendide, la rencontre de l’âme avec Dieu, à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce, toujours plus belle pour son Dieu (La sainteté des gens ordinaires, pp 29-30).
Dans un lieu de vie urbain où existe à sa façon le désert, le silence et la solitude sont indispensables et bienvenus car, comme le dit l’auteure de Nous autres gens des rues, le silence, le désert, la solitude conviennent à ceux qui aiment Dieu. « La vraie solitude, ce n’est pas l’absence des hommes, c’est la présence de Dieu ». « Le silence, c’est parfois se taire, mais c’est toujours écouter ». En fait, pour rencontrer Dieu il faut en prendre les moyens. N’est-ce pas ce que je tentais de faire en me rendant égoïstement peut-être dans des régions entièrement offerte au silence, avec le souvenir des ermites du désert qui fuyaient la ville trop compromise par les modes de vie liés au commerce lucratif ? Dans La joie de croire, p. 262, Madeleine Delbrêl écrit : « Aujourd’hui dans beaucoup de vies urbaines, la prière n’est possible qu’en procédant à des forages où l’intensité supplée la durée. Ces plongées énergiques et obscures tendent vers Dieu par la profondeur. Elles sont des actes concentrés de foi, d’espérance et de charité. Leur persévérance est une ligne brisée, mais leurs sauts successifs en profondeur arrivent à l’heure que Dieu veut là où on puise Dieu… Il ne faut pourtant pas oublier que les forages ne s’improvisent pas… Il faut regarder d’avance les menus espaces disponibles. »
Je pense maintenant que je devrais relire ces écrits, livres en mains, après les avoir découverts sur internet.