L’Église a un fonctionnement monarchique dont elle n’arrive pas à s’affranchir, car elle semble croire qu’il relève de la révélation divine

Publié le par Michel Durand

L’Église a un fonctionnement monarchique dont elle n’arrive pas à s’affranchir, car elle semble croire qu’il relève de la révélation divine

Je reprends ma page publiée le 23 mars où je m’exprime sur le statut du prêtre mis à part. La survalorisation du prêtre, sa sacerdotalisation  entraîne chez les fidèles chrétiens une attitude de soumission passive.

Le prêtre a dit, on doit faire comme il a dit.

Du reste, notent des chrétiens investis dans le style des communautés ecclésiales de base, des jeunes prêtres sollicitent de plus en plus cette reconnaissance sacerdotale. C’est alors que l’on rappelle la dimension de tous baptisés : prêtres, prophètes et rois. Ainsi s’exprime Jean-Paul II. « Les fidèles laïcs participent, pour leur part, à la triple fonction de Jésus-Christ : sacerdotale, prophétique et royale. C'est un aspect qui certes, n'a jamais été négligé par la tradition vivante de Église… ». Voir ici !

Mais l’Église a un fonctionnement monarchique dont elle n’arrive pas à s’affranchir, car elle semble croire qu’il relève de la révélation divine. Que de fois ai-je entendu dire que l’Eglise n’était pas une démocratie. Son organisation ne peut pas émaner du peuple. Seule l’organisation pyramidale convient pour son gouvernement !
Si nous acceptons de ne pas employer le mot « démocratie », pourquoi faudrait-il éviter de parler d’organisation ecclésiale communautaire, collégiale ? Pourquoi considérer qu’un groupe de chrétiens doit toujours avoir à sa tête un prêtre, comme s’il n’y avait pas communauté chrétienne sans prêtre ?
Je parlais de tout cela avec Éric de Nattes lors de la rencontre des prêtres du mercredi saint voulant lui dire que je trouvais très juste sa position exprimée dans le débat de FR3 : suite au documentaire « Pédophilie, un silence de cathédrale ». « Prêtres pédophiles : et maintenant que fait l'Eglise ? » (21/3/18).
Pour s’expliquer, Éric me rappela sa surprise de voir la mosaïque de la cathédrale de Pise. Le Christ n’est pas celui de l’Évangile, mais l’empereur de l’Empire romain. Je développe avec quelques images ce constat. 

Mosaïque de l’abside de la cathédrale de Pise. Christ sur le trône entre la Vierge et Jean. Cimabue, 1301.

C’est bien avant le 14e siècle que cette image d’un Christ empereur s’est imposée sous les influences des responsables de la cour impériale romaine d’Orient et d’Occident. Nous la voyons à Rome dans l’église Sainte-Pudentienne dont la mosaïque de l'abside date de 390. On y voit Jésus sur un trône tenant un livre, entouré par Saint-Pierre, Saint-Paul et les apôtres. La mosaïque fut malheureusement endommagée par une restauration du 16e siècle. 

église Sainte-Pudentienne, mosaïque de l'abside, 390

Ce n’est pas la seule image que l’on a de Jésus-Christ. En effet, on le voit aussi siégeant non sur un trône, mais sur ce qui semble être toute la terre. Là, il n’est plus à l’image des empereurs mais ressemble à un jeune philosophe grec ou romain. Ainsi la mosaïque de Saint-Vital à Ravenne qui dit du 6e siècle.

Saint Vital, un ange, le Christ, un ange, l'évêque Ecclésius.

Avec cette représentation, je me sens plus à l’aise pour d’une gouvernante d’Église sous le mode collégiale, communautaire. Mais, ce n’est pas cette convivialité qui a prévalu. Le trône de l’empereur tout puissant fut retenu avec la dimension pyramidale, monarchique qu’il imprime. 
Les responsables de l’Eglise ont modelé leur gouvernance sur celle de la cour des empereurs depuis Constantin, en passant par Justinien puis Charlemagne et les rois. En reste les vêtements et couvre-chefs à deux pointes. 


Je recommande la lecture de cette page qui complète agréablement l’approche de Jésus-Christ dans les premiers temps de l’Église.
 

Publié dans Eglise, Art, évangile

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B
Si Jésus est roi — et il l’est, puisque « messie » —, alors toutes les autres prétentions à régner sur les hommes doivent être critiquées. Le sens commun de « roi », « règne », « royaume », « puissance » s’en trouve ébranlé ; définitivement.<br /> <br /> Ce qui est désolant dans ces images de Christs-Empereurs, ce n’est pas tant qu’elles aient puisé dans le répertoire symbolique des Empereurs romains ; mais plutôt que, dans le processus, ce par quoi le Christ est passé, —sa passion et sa mort—, soit sinon effacé, en tout cas rendu imperceptible à la conscience et à l’âme. Facilitant du même coup l’identification opportuniste avec les souverains du temps.<br /> <br /> Quant au « sacerdoce » des prêtres, c’est une conception tardive, qui prend pour modèle les sacrificateurs de la première alliance — lesquels, justement, n’étaient pas des prêtres. Aucune légitimité donc à se croire les successeurs et alter ego de la corporation lévitique ; il n’y a qu’un seul corps, l’Église, qui se choisit, en son sein, des ministres.
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M
et les ministres sont serviteurs... Merci Blaise d'avoir prolongé ma méditation et réflexion.