Nous sommes alors appelés à un sérieux examen de conscience face « à la crise écologique » que nous sommes en train de vivre

Publié le par Michel Durand

Nous sommes alors appelés à un sérieux examen de conscience face « à la crise écologique » que nous sommes en train de vivre

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Tel sera l'éditorial de Résurgence(s) de juillet 2018 :

Plus de 600 migrants sont bloqués en mer Méditerranée. L'Aquarius qui les a extraits de mauvaises embarcations, ne reçoit pas la permission ne rejoindre les ports les plus proches du lieu où il se trouve. On ne veut plus de ces exilés de chez eux. Ils ont fui par détresse devant la guerre, la faim ou divers conflits locaux.

Vais-je oser me baigner dans cette belle mer bleue, peuvent se demander les riverains du nord de l'Afrique ou du sud de l'Europe ? Prend-on plaisir à jouer au ballon dans un cimetière ? Qui imaginerait faire des galopades entre les tombes ? Et pourtant, l'été est là ; c'est le moment de se reposer sur les plages, de se rafraîchir dans l'eau, de plonger dans les vagues échouant sur les côtes !

S'adressant au Patriarche Bartholomée 1er et aux participants du Symposium international sur la protection et la sauvegarde de l'environnement qui s'est tenu en juin à Athènes, François a parlé de cette merveilleuse mer Méditerranée qui se transforme en «une tombe pour les hommes, les femmes et les enfants ». Le pape, évoquant le souvenir de sa visite à Lesbos en 2016, qui fut l'occasion d'exprimer la préoccupation commune de l'Église catholique et de l'Église orthodoxe pour la situation des migrants et réfugiés, ne put retenir son émotion en laissant venir à lui les images de cette mer traversée par tant d'hommes et de femmes qui ne voyagent pas pour leur plaisir. Il expose ses sentiments : « Je suis resté frappé par la pensée qu'une mer si belle puisse devenir une tombe pour des hommes, des femmes et des enfants qui en grande partie cherchaient seulement à fuir les conditions inhumaines de leur terre »... « Là (à Lesbos) j'ai pu toucher avec les mains la générosité du peuple grec, si riche de valeurs humaines et chrétiennes, et leur effort, malgré les effets de la crise économique, pour réconforter ceux qui, privés de tous leurs biens matériels, s'étaient dirigés vers leurs rivages. »

Temps des vacances. Nous allons en grand nombre, nous diriger vers les plages méditerranéennes pour nous reposer d'une longue année de travail. En Méditerranée, rencontrerons-nous des corps remontés à la surface ? Si oui, qu'en ferons-nous ? Les pécheurs de Sicile, de Lampédusa, quand ils trouvent un cadavre dans leurs filets ne peuvent que s'organiser pour lui donner une sépulture digne. Il en a de même à la pointe de l'Espagne qui n'est séparé que de 17 kilomètres de l'Afrique. Ainsi, le cimetière de Tarifa a la mémoire des naufragés et les dates inscrites sur les tombes anonymes laissent deviner une mer plus démontée qu'à l'habitude. Sur un grand rectangle de pelouse éprouvée par les brûlantes matinées d'été, une plaque a été déposée : « En mémoire des migrants disparus dans le détroit de Gibraltar ». C'est la fosse commune où sont inhumés les corps que personne ne peut réclamer, car ils sont sans noms, sans-papiers lisibles. Corps provenant du cimetière Méditerranée, corps échoués sur la plage. En 1999, Martin Zamora, surnommé le « croque-mort des clandestins ». avait récupéré les corps de seize Marocains qui s'étaient échoués sur une plage du détroit après le naufrage de leur embarcation. J'ai entendu parler d'autres riverains de cette région qui se sont organisés pour donner une sépulture la plus digne possible.  Quand cela est possible, il y a recherche des parents pour que le corps soit récupéré.

Mais, ne pourrait-il pas en être autrement ? Assurément si. Il suffirait que, comme nous, les Européens, tous puissent circuler librement. Fermer les frontières à certains peuples en guerre politique, idéologique ou économique, n'a d'autre but que d'augmenter le pouvoir financier.

Je reprends le contenu du message de François. Partant en vacances, il est bon de profiter de la nature qui se donne tout simplement et de bien saisir que la Création est un don et non une possession.

Pour le signifier, j'imagine que nous pourrions tous faire grève de l'économie actuellement en place. Voyager à pied. Dormir à la belle étoile. Ne fréquenter aucun restaurant ou café. Un jour ou deux de jeûne raisonnable suffirait pour ébranler les systèmes de l'économisme. Plus besoin de pétrole, ni de colza, ni d'huile de palme, car même sans voyager loin, nous pouvons admirer les beautés du paysage. Observons les abeilles au lieu de les détruire par des pesticides. Selon les journalistes de VaticanNews, « la fragilité ne vient pas seulement des situations des personnes vulnérables dans le monde entier», comme le montre le croissant « exode des migrants climatiques et des réfugiés environnementaux », a expliqué François, mais en réalité « nous sommes aussi en train de condamner les générations futures à vivre dans une maison commune réduite à des ruines ».

Nous sommes alors appelés à un sérieux examen de conscience face « à la crise écologique » que nous sommes en train de vivre, en reformulant la question « quel type de monde désirons-nous transmettre à ceux qui viendront après nous, aux enfants qui sont en train de grandir ? ». « Le soin de la Création, comprise comme un don partagé et non pas comme une possession privée, implique toujours la reconnaissance des droits de toute personne et de tout peuple », insiste François.

Que cet édito soit à Résurgence(s) notre devoir de vacances. Bel été dans la sobriété par refus de surconsommation.

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