Seul l’amour réellement vécu envers autrui peut lutter contre toute tendance vers la haine et éviter de dire : ce n’est pas mois, c’est lui

Publié le par Michel Durand

Éric-Emmanuel Schmitt (né le 28 mars 1960 à Lyon) est un écrivain et dramaturge d'origine française, installé à Bruxelles depuis 2002. Ayant obtenu la naturalisation belge en 2008 il dispose de la double nationalité
Éric-Emmanuel Schmitt (né le 28 mars 1960 à Lyon) est un écrivain et dramaturge d'origine française, installé à Bruxelles depuis 2002. Ayant obtenu la naturalisation belge en 2008 il dispose de la double nationalité

Éric-Emmanuel Schmitt (né le 28 mars 1960 à Lyon) est un écrivain et dramaturge d'origine française, installé à Bruxelles depuis 2002. Ayant obtenu la naturalisation belge en 2008 il dispose de la double nationalité

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Il y a des identitaires racistes blanc anti-noir. « Protégeons notre culture occidentale blanche ».

Il y a des identitaires racistes anti-blancs. « N’achetez qu’à des noirs ».

Depuis plusieurs semaines, que de fois n’ai-je pas dit que nous ne pouvons pas oublier qu’Hitler est venu à la tête du pays suite à une élection totalement légale. Racisme, populisme, nationalisme… crainte et rejet de l’étranger s’installent dans les esprits même si le nombre de citoyens favorables à l’accueil des exilés n’est pas négligeable.

Ceci, ce mois d’août, sur les pentes de la Croix-Rousse je l’ai constaté chaque jour avec l’amicale présence de lyonnais(e)s -une majorité de femmes- auprès de jeunes migrants mineurs isolés.

Respect, amitié et amour se montrent bien à la racine de tout dialogue sincère.

Ce que l’on observe au niveau des gouvernements en Autriche, Hongrie, Italie, France, États-Unis, etc. m’invite sans cesse à mettre le doigt sur le risque de voir légalement s’installer des États xénophobes. S’il y a un dictateur d’élu, ce n’est pas seulement lui, que l’on doit accuser de racisme ou d’égoïsme nationaliste, ce sont tous les électeurs qui l’ont porté à la tête du pays. Très souvent, au cours d’un cercle de silence sur la place des Terreaux, je me dis que, si les migrants sont mal accueillis, c’est tout simplement parce que les gouvernants observent que la majorité des électeurs n’est pas favorable à l’ouverture des frontières et à l’organisation de confortables et efficaces centres d’accueil.

Hitler est légalement venu au pouvoir.

La part néfaste qui exclut autrui n’est pas obligatoirement et exclusivement en l’autre. Elle est aussi chez moi. De médiocre, je peux devenir monstrueux… ou meilleur.

J’ai lu La Part de l’autre, d’Éric Emmanuel Schmitt. Un double Hitler. J’invite à lire ce livre tant il correspond, me semble-t-il, à ce que nous vivons avec l’étranger. C’est comme si nous étions à la maternelle : maitresse, ce n’est pas moi, c’est lui.

E. Schmitt écrit à ce propos dans son journal : « Décidément, plus j’avance, plus je découvre que tous les discours sont mus par cette même invisible idée : Hitler, c’est l’autre. Mon livre sera un piège tendu à cette idée. En montrant qu’Hitler aurait pu devenir autre qu’il ne fut , je ferai sentir à chaque lecteur qu’il pourrait devenir Hitler ».

Seul l’amour réellement vécu peut lutter contre cette tendance vers la haine. En ce sens, je donne cette page à lire (p. 210) :

Adolphe H, à l’article de la mort - guerre 14/18- à qui l’on demande d’écrire :

« Mes amis, j'écris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fierté de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir été choisi et apprécié par vous, et que notre amitié fut sans doute la plus belle œuvre de ma vie. C'est étrange, l'amitié. Alors qu'en amour, ont parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitié. L'amitié, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit être beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en déclarations, en poèmes, en lettres. Elle doit être beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les démangeaisons de peau. En mourant, c'est à ce grand mystère silencieux que je songe et je lui rends hommage.

« Mes amis, je vous ai vus mal rasés, crottés, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de péter, de roter, de chier des diarrhées infinies, et pourtant je n'ai jamais cessé de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu à une femme de m'imposer toutes ces misères, je l'aurais quittée, insultée, répudiée. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnérables, je vous aimais davantage. C'est injuste, n'est-ce pas ? L'homme, et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la séduction. Ils jouent un rôle. Pire, ils cherchent chacun le beau rôle. Théâtre. Comédie. Mensonge: Il n'y a pas de sécurité en, amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut être aimé tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge réussi et constamment renouvelé. Une amitié, c'est une vérité qui s'impose. L'amitié est nue, l’amour fardé.

Mes amis, je vous aime donc tels que vous êtes. Neumann, trop beau, trop brun, trop intelligent, trop doué, trop secoué par le doute, je t'aime. Bernstein, je t'aime quand tu boudes, quand tu peins, quand tu râles, quand tu fais des saletés avec d'autres hommes. Oui, tous les deux, je vous aime dans tous vos états.

Ne souhaitez pas que je survive à cette nuit. Car si je vous revois, je vous dirai tout cela de vive voix, les yeux dans les yeux, et vous serez terriblement gênés. S'il y a un paradis, une vie après la vie, je vous y attends ; je veux vous y voir arriver très très vieux, très très riches, couverts d'honneurs, avec vos toiles exposées dans les musées du monde entier ; prenez votre temps, je serai patient. S'il n'y a rien, que du néant, j'y échapperai en pensant à la force des sentiments qui nous ont unis et, tant pis pour le néant, je vous attendrai quand même.

Pour toujours votre ami,

ADOLF H. »

 

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