Prenez et mangez-en tous. La communion au Christ est bien plus pour le pardon des péchés que récompense pour les bonnes actions accomplies
Il y a des conversations sur le trottoir qui sont de vraies confessions.
Alors que je rentre dans un espace public, un vigile s’approche de moi et me demande d’ouvrir mon sac. Celui que je porte toujours en bandoulière parce qu’il y a dedans toutes mes clés, tous mes papiers, cartes dont la TCL et mes indispensables notes de « travail », sans oublier le parapluie pliant. L’homme, impressionnant par sa taille et sa force musclée use de phrases très polies, courtoises et n’est pas avare de merci à l’ouverture du sac.
Il livre du reste à propos du sac ses commentaires : un sac qui est bien solide, ancien, en cuir et cousu main… Je lui explique qu’il vient du Maroc et qu’il date de plus de 10 ans. Il résiste à l’usure du temps.
Alors que je parle, il remarque ma croix et me demande si je suis un père blanc. Noyé dans le climat des élections je lui réponds que je suis un père vert, prenant conscience en parlant de la grave ambiguïté de ces mots : père vert (écolo) et père vers (triste réalité). Ce jeu de mots l’a fait beaucoup rire ; blanc, vert et lui noir.
Il me parle de lui, de sa situation matrimoniale, de ses enfants. Il m’exprime son désir de participer pleinement à la messe, l’eucharistie du dimanche. Il est catholique. Mais, voilà son épouse ne veut pas le mariage chrétien. Elle a de grosses colères contre l’Église, contre les prêtres. Je lui réponds que, hélas, parfois, l’Église ne se comporte pas très bien et qu’il y a de justes raisons à être en colère contre elle. Il m’explique sa tristesse de ne pouvoir communier. Les prêtres dans son pays d’origine lui ont dit que ce n’était pas possible, car il n’est pas religieusement marié. C’est ce qu’on lui a dit au cours d’une confession.
Je lui parle alors de son désir de communier. Est-il profond ? Que lui dit sa conscience ? Est-il fidèle avec cette épouse ? N’a-t-il qu’une seule épouse ou compagne ? Voleur ? Menteur ? Bref, je lui explique qu’il peut agir selon son désir et ce que lui-même pense en sa propre conscience. Que Dieu le bénisse.
C’est ainsi que se termina notre bref échange sur le trottoir. Des gens, des inconnus pouvaient entendre.
Le dimanche suivant, à l’église du quartier, je l’ai vu s’approcher de la sainte communion. Nous nous sommes salués. Il m’a montré son bonheur de vivre cette eucharistie. Il me semble qu’il y avait longtemps qu’il n’était pas venu.