8 décembre 08 : entrez dans l'église, on vous évangélise.
L'Eglise au milieu du XXe siècle sentait l'exigence de sa présence au monde. les images de « levain dans la pâte », de « grain de sénevé », d'âme dans le corps étaient fréquemment utilisées pour signifier l'importante proximité des membres de l'Eglise auprès de chacune et chacun dans leur quotidien respectif.
A la fin du XXe siècle, l'Eglise témoigne d'un autre visage. Elle veut se rendre visible face au monde plus que dans lemonde. Tours les « indicateurs » pastoraux, ecclésiologiques, théologiques le montrent.
Ce 8 décembre de l'an 8 du XXIe siècle en donne un exemple.
Alors qu'il y a vingt ans, nous unissant aux associations et commerçants du quartier Saint-Jean qui jouxte la cathédrale St Jean et la basilique Notre-Dame de Fourvière pour que la fête retrouve son sens humain de fête fraternelle et universelle, aujourd'hui, nous dressons face au monde un front pour rappeler que le 8 décembre c'est d'abord une fête mariale. Les lumignons à Marie ne peuvent être détrônés par la fête des lumières de la Ville de Lyon.
Rappelons que la montée aux lumières que nous organisions avec la participation de la Ville a gagné le combat qui consistait à donner du sens à la présence de toutes ces foules dans les rues. Nous avons obtenu après 5 années d'efforts que les lycéens, dont ceux des établissements catholiques de la colline, ne lancent plus œufs, farine, bombe à eau, crème à raser... Les bousculades, violentes, non endiguées par les CRS parce qu'ils n'en avaient pas reçu l'ordre, ont laissé place à une fraternelle et familiale déambulation.
Mais, pour l'Eglise de la fin du XXe siècle, ce n'était pas suffisant.
« La société civile marchande a vidé Noël de son sens. On ne lui laissera pas le 8 décembre » entend-on dans les couloirs épiscopaux.Ou encore : « Le 8 décembre n'est pas un rassemblement interreligieux, syncrétique ou agnostique pour que les gens manifestent ensemble leur attente inconsciente de protection. C'est un acte de reconnaissance à Marie. une dévotion à l'Immaculée conception ».
La « Montée aux lumières » doit devenir procession.
Voilà qui est désormais accompli ce 8 décembre de l'an 8 du XXIe. Les missionnaires du 8 forment désormais un bataillon de 1000 personnes formé pour évangéliser (La Croix, vendredi 5 décembre). En effet, écrit Mgr Thierry Brac de la Perrière, depuis, plusieurs années, ce rendez-vous est l'occasion d'un bel effort missionnaire. Pendant les quatre jours de la « Fête des lumières », qui attire des foules de visiteurs, s'est mise en œuvre une vraie dynamique d'évangélisation. Les églises du centre-ville sont ouvertes, un accueil y est assuré, avec une invitation à une démarche simple, accessible à tous : allumer une bougie, écrire une intention de prière, se recueillir, prendre un papier avec une Parole de Dieu. ce peut être aussi une veillée ou une nuit de prière. Ceux qui passent s'arrêtent, et ce peut être l'occasion d'un dialogue ou simplement d'un temps de recueillement, que l'on ait la foi ou non » (13/10/2008).
Appel pour missionnaires d'Eglise hors églises
Toujours baigné dans la ferveur du milieu du XXe siècle, je me permets de penser au bienfait d'une action de 1000 personnes agissant au nom de l'évêque du lieu pour l'accueil des étrangers, des sans logis, des isolés. Les situations de détresse sont tellement nombreuses que le travail des associations professionnelles ne suffit pas. Celles-ci devraient être fortement soutenues en finances et en personnes. Et il y a toujours des cas particuliers, des urgences psychologiques que les organismes ne peuvent rejoindre. Seuls les contacts de voisinages le permettent. « Qu'as-tu fais de ton frère ? »
Voyez quelle force auraient ces missionnaires de la rue s'ils disaient bonjour à la prostituée qui attend un client, s'ils recevaient à leur table la personne délaissée ?
J'espère, plus de 50 ans après l'abbé Pierre, au milieu du XXIe siècle, le dynamisme d'un millier de bénévoles pétri d'Evangile, non pour évangéliser le monde devenu païen, mais pour vivre au milieu de lui de la fraternité du Christ. Un millier, non pour rétablir la visibilité de l'Eglise, tel que sous Charlemagne ou Louis XIV, mais pour mettre en œuvre la Parole du Christ, reprise d'Isaïe : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a conféré l'onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres ».