Après les déchirements autour du mariage, les catholiques doivent se retrouver pour agir dans leurs diversités
La lettre du Témoignage Chrétien
- 2 mai 2013
Jean-Pierre Mignard, codirecteur de la rédaction
Qui peut avoir l'autorité nécessaire pour convoquer à une telle rencontre ?
La loi sur le mariage pour tous est votée et, sauf événement extraordinaire, il n'y aura pas lieu d'y déceler des éléments d'inconstitutionnalité. Le temps des bilans s'annonce. L'Église a subi une défaite en s'associant de façon téméraire à des partis de l'opposition, puis vite débordée par des mouvements radicaux. Des responsables ont pris le train en marche des poussées politiques pour faire plaisir aux ultras, comme le regrette justement Mgr Dagens.
La défaite n'est pas grave diront certains, si la victoire est morale. C'est exact mais l'argument ne joue pas ici. Il n'y a pas eu plus de victoire morale que politique, car la division n'est jamais un succès pour quiconque. Nous saluons la loi que nous avons soutenue, pour des raisons maintes fois écrites ici, mais nous ne nous réjouissons-pas de la défaite de l’Église. Elle est-aussi la nôtre.
Un désaccord n'est pas grave en soi si l'on veut avec sincérité en cerner les contours et prévenir les effets. L'occasion perdue fut de ne pas avoir permis de nous rencontrer, de nous parler, au-delà de nos désaccords. À quoi sert l'Église si ce n'est à cela ? A quoi sert-il d'être des centaines de millions de par le monde, de toutes classes, de toutes couleurs de peau, de toutes orientations sexuelles, hommes et femmes, si l'on ne peut s'y rencontrer, s'y reconnaître et discuter, converger. Un directeur des ressources humaines s'arracherait les cheveux devant un tel gâchis. Le verrou est bon pour la fermeture d'une prison, pas d'une Église.
Seule la convergence libre des chrétiens, de toutes tendances, prolongée dans l'œcuménisme, sera un facteur puissant de paix pour tous les peuples et les autres religions, un facteur d'humanisation de la société mondiale Il faut pour cela s'accepter dans la multitude de nos singularités. Réunir les enfants de Dieu dispersés (Jean 11, 52) n'équivaut pas à les fondre dans un bloc de béton. Cette offre de sens, qui a pu fonctionner, est caduque, dangereuse, et inefficace on l'a vu.
Pendant ce temps là le Pape François décidait de rouvrir le procès en béatification d'Oscar Romero, archevêque de San Salvador, assassiné par un commando d'extrême droite dans sa cathédrale le 24 mars 1980. Pour cela, au Pape, TC dit sa profonde reconnaissance.