Evangéliser = aimer cette société, quelles que soient ses misères morales
Ces derniers jours j’ai été amené à parler de la « nouvelle évangélisation » notamment à propos des dragues rapides (speech dating) qui semblent aujourd’hui minutieusement organisées par des entreprises en quête de bénéfices juteux.
Mon homélie d’hier y fait allusion alors que je souligne la tendance au marketing de certains dans l’Eglise.
La lecture du quotidien La Croix apporte de l’eau au moulin de cette réflexion. Il s’agit d’un article de Gaston Piétri, prêtre à Ajaccio.
La Croix : samedi 19/03/2011
Qu'y a-t-il de nouveau pour l'évangélisation ?
J’extrais deux paragraphes :
C'est la nouveauté de l'Évangile, et elle seule, qui peut toucher des compagnons de route en ces profondeurs où se loge quelque attente. Ce ne sont pas des artifices, dans le genre d'un « marketing » religieux si bien intentionné soit-il, qui éveilleront cet intérêt dès lors que c'est un choix d'existence qui est concerné. On ne cherche pas à gagner des adeptes. On cherche essentiellement à rencontrer ces autres et à les rencontrer en vérité. Pour que notre rencontre soit le lieu de la rencontre avec un Évangile qui se met à interroger au plus vrai d'eux-mêmes ceux qui y voyaient tout au plus une lointaine et intemporelle doctrine. Passer du non-intérêt à l'interrogation est le premier pas.
Deux conditions sont probablement à réunir. D'abord, aimer cette société, quelles que soient ses misères morales, pour pouvoir attester par nos attitudes cette nouvelle : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils » (Jn 3, 16). Ensuite, la nécessité pour nous d'habiter vraiment ce monde, non pas seulement d'y être. Nous pouvons encore entendre le cri : « France, pays de mission ? » et l'appel de Paul VI en 1964 : « On ne sauve pas le monde du dehors » (Ecclesiam suam). Les évolutions sociétales nous invitent à accueillir sans cesse l'Évangile qui n'a pas fini de dévoiler sa nouveauté. La nouveauté est seulement là. Cessons d'être de « vieux chrétiens ».