Evangéliser ? Le devoir de s'asseoir aux côtés des hommes et des femmes de ce temps

Publié le par Michel Durand

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Mosaïque, Ravenne, Saint Appolinaire le Neuf, 6e s.


D’après ce que nous en disent les journalistes présents à Rome, par exemple Frédéric Mounier, le synode sur la « dite » nouvelle évangélisation a connu un combat identique à celui de Vatican II : les partisans d’une « doctrine » romaine et curiale, face à la perception pastorale des évêques. Il semblerait que le camp des pasteurs ait gagné du terrain ; mais, ceux-ci, n’étant pas sur place, n’ayant pas tous les outils de la politique vaticane entre les mains, gardent la crainte que les « initiés » récupèrent du terrain. Somme toute, n’est-ce pas ce que nous avons vu à la clôture du concile et ce que nous voyons dans les années présentes ?

Il est quand même bon de souligner ceci :

 « Du Nord au Sud, les pères synodaux, comme les experts invités à Rome ces trois dernières semaines, se sont félicités de la qualité des interventions entendues – la plupart en présence du pape, toujours très attentif. On est donc loin d'un « synode romano-curial », aux résultats connus d'avance : aux quatre points cardinaux de l'Église, la nouvelle évangélisation a ouvert les vannes d'un examen de conscience pastoral, « véritable événement spirituel » (Frédéric Mounier).

Pourtant, dans ce même article de La Croix nous lisons aussi :

« Mais le bât a blessé autour de la méthode employée pour l'organisation des débats, qualifiée de « broyeuse » par un évêque français participant. Alors que jamais autant d'évêques n'avaient été réunis aussi longtemps à Rome sur un thème aussi large, les pères synodaux n'ont pas eu de droit de regard sur l'élaboration finale des propositions qu'ils se sont contentés de voter à la quasi-unanimité. »

Les deux tendances de l'Eglise

Comme je l’ai déjà indiqué en ce blog, un des grands mérite du synode est d’avoir nettement tracé les lignes de démarcation entre deux tendances :

1- renforcement d’une pastorale territoriale (primat de la paroisse) autour du curé, donc de l’évêque, pour une refondation de la foi sous forme de conquête – voir les 58 propositions finales.

2- prendre en considération la métamorphose des questions posées à l’Église par le monde : écologie, capitalisme, argent, travail, famille… afin d’entrer en conversation avec tous. Voir le message final de Benoît XVI.

Dire que je me retrouve bien dans la nécessaire réalité d’un dialogue avec la société se constate même sur cette page de garde. En effet, le symbole d’ouverture sur le monde, voir en haut et à gauche l’image que j’ai choisie, est Jésus parlant à la Samaritaine.

Extrait du message final :

Comme la Samaritaine au puits de Jacob
Nous nous laissons illuminer par une page de l’Évangile: la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob (cf. Jn 4,5-42). Il n’y a pas d’homme ou de femme qui ne se trouve, à un moment de sa vie, comme la femme de Samarie, près d’un puits avec une cruche vide et l’espérance de trouver la réalisation de l’aspiration la plus profonde du cœur, la seule qui puisse donner sa pleine signification à l’existence. Aujourd’hui, nombreux sont les puits qui s’offrent à la soif de l’homme, mais un discernement est nécessaire afin d’éviter des eaux polluées. Il est urgent de bien orienter la recherche pour ne pas devenir la proie de désillusions destructrices.
Comme Jésus au puits de Sychar, l’Église aussi ressent le devoir de s’asseoir aux côtés des hommes et des femmes de notre temps, pour rendre présent le Seigneur dans leur vie, afin qu’ils puissent le rencontrer, car seul son Esprit est l’eau qui donne la vie véritable et éternelle. Seul Jésus est capable de lire jusqu’aux tréfonds de notre cœur et de nous dévoiler notre propre vérité : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait», confesse la Samaritaine à ses concitoyens. Cette annonce, à laquelle se joint la question qui ouvre à la foi : « Ne serait-il pas le Messie ? », montre comment celui qui a reçu la vie nouvelle dans la rencontre avec Jésus ne peut manquer de devenir à son tour porteur de vérité et d’espérance pour les autres. La pécheresse convertie devient messagère du salut et conduit à Jésus tout son village. De l’accueil du témoignage, les gens passeront à l’expérience personnelle de la rencontre : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde ».


Etre proche des personnes à qui, tout simplement dans le quotidien de notre vie, nous montrons, annonçons et expliquons l’acte sauveur du Christ. Cette proximité, Antoine Chevrier la voulut pour la formation des séminaristes. Cette proximité nous la trouvons dans l’orientation pastorale du supérieur du séminaire des Capucins de la fiction sur Arte « Ainsi soient-ils ». Mais cette proximité est sans cesse menacée par les tenants, désormais vainqueurs, d’un ordre en lutte contre le cahot du monde prétendu perverti qui n’adopte pas les bonnes manières de la bonne société ordonnée.

Alors, j’entends les paroles d’Antoine Chevrier : « Comme on se fait vite à la vie de bourgeois, et comme il est difficile de revenir là-dessus, quand une fois on y a pris le goût et qu'on y est entré. Je sens aujourd'hui combien il me sera difficile de détruire ce qui est déjà établi dans les esprits de nos jeunes abbés et nos enfants ».

Publié dans Eglise

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