Jésus-Christ rencontre l’intendant royal (Jean 4, 43-54)
Après avoir passé deux jours à cet endroit, Jésus partit et se rendit en Galilée. Il avait lui-même déclaré : « Un prophète n'est pas respecté dans son propre pays . » Cependant, quand il arriva en Galilée, les habitants de la région le reçurent bien, car ils étaient allés eux aussi à la fête de la Pâque à Jérusalem et avaient vu tout ce qu'il avait fait pendant cette fête.
Jésus revint alors à Cana de Galilée, où il avait changé de l'eau en vin. Il y avait là un haut fonctionnaire du roi , qui avait un fils malade à Capharnaüm. Quand il apprit que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il alla le trouver et le pria de se rendre à Capharnaüm pour guérir son fils, qui était mourant. Jésus lui dit : « Vous serez toujours incapables de croire si vous ne voyez pas des signes miraculeux et des prodiges ! » Le fonctionnaire lui répondit : « Maître, viens chez moi avant que mon enfant soit mort. » Jésus lui dit : « Retourne chez toi, ton fils a repris vie. » L'homme crut à ce que Jésus lui disait et partit. Il était sur le chemin du retour, quand ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui dirent : « Ton enfant a repris vie ! » Il leur demanda à quelle heure son fils s'était senti mieux, et ils lui répondirent : « Il était une heure de l'après-midi, hier, quand la fièvre l'a quitté. » Le père se rendit compte que c'était l'heure même où Jésus lui avait dit : « Ton fils a repris vie ». Alors lui et toute sa famille crurent en Jésus. Ce fut le second signe miraculeux que fit Jésus, après son retour de Judée en Galilée.
Texte envoyé par Robert Beauvery.
- 1. QUI EST-il ?
Il réside à Capharnaüm, la capitale de la Galilée, comme Pierre et sa famille et, à l’occasion, Jésus et les disciples…
Conformément à son rang social confortable, il est entouré de serviteurs. À la différence de la Samaritaine qui est une « petite », lui c’est un « grand » dans la cité, comme Nicodème à Jérusalem.
À la différence de Nicodème dont le nom est repris trois fois dans l’Evangile, l’intendant d’Hérode Antipas n’est pas désigné par son nom d’état civil. Ce dernier est tu comme celui de la samaritaine… Et il ne sera plus directement question de lui dans la suite de l’Evangile.
En revanche, la guérison de son fils sauvé in extrémis de la mort imminente qui s’est produite à Capharnaüm, à l’heure exacte de la parole prononcée par Jésus à l’adresse du Père : « va ton fils vit », à Cana distante de Capharnaüm de quelques dizaines de kilomètres !... elle, de fait, est considérée par l’évangéliste inspiré, comme un signe, le deuxième après celui de Cana, cf. Jn. 4, 54 à rapprocher de Jn. 2, 1-12.
Après celui-ci il y en aura encore cinq autres :
- la guérison d’un paralytique… Jn. 5, 1-30 ;
- la multiplication des pains et la démarche nocturne sur les eaux… Jn. 6, 1-21
- la guérison d’un aveugle de naissance… Jn. 9, 1-4
- la résurrection de Lazare… Jn. 9, 1-44
« signes » retenus et consignés par l’évangéliste, pour les lecteurs que nous sommes aujourd’hui, afin que nous croyions que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et, pour que, en croyant, nous ayons la vie éternelle, cf. Jn. 20, 31.
2. L’INTENDANT ROYAL MONTE A CANA A LA RENCONTRE DE JESUS :
2.1. Des raisons de partir : la démarche fut possible grâce à deux raisons, entre autres :
1) La reconnaissance publique du charisme de guérison qui habite la personne de Jésus, est maintenant bien établie à Capharnaum, dans l’opinion à tel point que des foules urbaines se déplacent pour lui amener « tous les malades et démoniaques… il guérit de nombreux malades souffrant de maux de toutes sortes et il chasse de nombreux démons… » Mc 1, 32-34.
L’intendant royal ne peut ignorer ni l’opinion publique ni les mouvements de foules vers « celui qui guérit ».
2) Cet homme est animé par un cœur de père.
Il engendre un fils aimé dont la perspective de le perdre lui est intolérable. Comme d’autres pères, Jaïre, par exemple ; cf. Mc. 5, 22-43, il décide de rencontrer celui dont on parle tant avec confiance. Il s’en va, seul, le trouver en faveur de l’enfant in-transportable, resté à la maison, en raison de l’inexorable progrès de la fièvre mortelle.
2.2. Pressé, l’intendant a pris l’initiative du dialogue sous la forme d’une prière adressée à Jésus :
« descends et viens guérir mon fils »…
Pour le Père, à vue humaine, il n’y a pas d’autre solution : si l’enfant ne peut être là, physiquement présent, c’est à Jésus de se rendre au chevet du malade. Jésus est en train de regagner la Galilée après un séjour festif à Jérusalem et une halte merveilleuse en Samarie… son mental pourtant sait qu’un prophète n’est pas honoré dans sa patrie, 4, 43 et 2, 25. Ce qui l’amène à distinguer entre le bon accueil qui lui est fait de la part de ses compatriotes et leur adhésion profonde dans la foi à son identité messianique et divine.
A la requête urgente , exprimée par l’homme qui est là devant lui, il ne répond pas ! manquerait-il de perception du drame vécu ? de cœur ? d’empathie ? de liberté intérieure par le fait d’une autre préoccupation ? Non, bien sûr ! En fait, il se comporte et va parler à la manière prophétique pour révéler ce qui se cache dans les cœurs, les consciences, et les ouvrir, au-delà de ce qui est immédiatement vécu, à des valeurs transcendantes dans l’ordre de la plénitude de la Foi.
2.3. La parole prophétique, inattendue :
« si vous ne voyez pas des signes et des prodiges vous ne croirez pas »
Au-delà de la singularité personnelle et de l’inquiétude paternelle, l’intendant royal est interpellé pour s’élever, pour reconnaître qu’il appartient, selon la nature des choses, à une communauté humaine, en l’occurrence galiléenne, d’une part, et, d’autre part, pour participer solidairement, au déficit de vraie foi à l’endroit de la messianité et divinité de Jésus dont l’ensemble des compatriotes sont débiteurs… et lui-même avec eux.
Comment a-t-il reçu cette « parole » ? En tout premier lieu, avec l’inquiétude qui continue à tarauder son cœur paternel d’où jaillissent les paroles implorantes : « Seigneur, descends avant que mon enfant ne meure »
Jésus, lui, ne bouge pas. Il ne prend pas la route de Capharnaüm comme il y est invité par le père. Il ne la prendra jamais, pas plus tard que maintenant. Posture humainement incompréhensible. Elle est une parole prophétique en acte, pédagogique, pour préparer l’intendant à accueillir, dans la foi purifiée, que Jésus peut guérir à distance par la seule puissance de sa Parole divine «Va (sans moi) ton fils vit ».
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3. L’INTENDANT ROYAL DESCEND SEUL DE CANA…
Il y était monté avec l’angoisse d’un père, éprouvée face à l’aggravation de la maladie de son fils, à l’issue fatale ; et avec une certaine confiance aux pouvoirs charismatiques de Jésus de Nazareth. Il en redescends animé par l’adhésion à la Parole que Jésus lui-même lui a dite et rassuré quant à la survie de son fils. L’intendant, le père, est devenu croyant sans avoir vu « de signes et de prodiges » opérés en faveur de l’enfant. Il éprouve, sur le chemin du retour, la douce béatitude « de ceux qui croient sans avoir vu » Jn. 20, 29.
La route de celui qui croit en la Parole messianique et divine de Jésus n’est pas une route d’isolement quant au reste de l’humanité, des compatriotes, de la maisonnée ! Les serviteurs venus à la rencontre de leur maître sur le chemin du retour, participent, eux aussi, au « signe » donné par Jésus. Avec l’ensemble des personnes de la maisonnée, ils deviennent tous croyants. Ils adhèrent à la Parole.
CONCLUSIONS :
1) Jésus n’est jamais dérangé par l’arrivée inopinée de ceux qui surviennent pour le solliciter, pourquoi ? Parce qu’il sait qu’ils sont envoyés par son Père, Jn. 6, 65 et qu’il est venu précisément pour cela.
2) Prophète, Jésus lit dans les cœurs. Sa parole est une parole exigeante de conversion à la solidarité avec les autres hommes jusques et y compris leurs péchés.
3) Il appelle à la foi non plus basée sur les signes et les prodiges mais sur sa Parole, messianique et divine, active même à distance.
4) La foi reçue se partage.