La charité n'est pas une activité sociale annexe. L’attention aux petits, aux souffrants donne chair, visage et crédibilité à la communauté chrétienne

Publié le par Michel Durand

C’est en dialoguant sur le 50ème anniversaire de Vatican II que l’on m’a passé cet article, en me disant qu’il illustrait bien l’orientation de l’EAP St Polycarpe pour 2012-2013. Je le trouve bien à sa place dans la suite des réflexion sur le sacerdoce. J’en placerai un extrait dans le prochain Bonne Nouvelle sur les pentes de la Croix-Rousse.

diaconie.jpg

Se découvrir frères et sœurs de tous. Le regard du secours catholique (Messages Juillet-Août 2012)

L'Église de France s'est lancée en 2010 dans un vaste chantier d'audit, de mise en commun et de (re) mobilisation autour du service de la charité. Objectif : créer davantage de liens avec les personnes en situation de fragilité.

 

Un logo, carré vert biffé d'une croix violette, est apparu sur des bulletins paroissiaux, des journaux chrétiens, des affiches de colloques, conférences, sessions...

Plus qu'un "événementiel", la démarche Diaconia - Servir la fraternité - est une lame de fond qui veut entraîner l'Église de France à faire « du service du frère sa raison d'être », ainsi que la présentait en avril 2010 François Soulage, président national du Secours Catholique.

 

Mais au fait, que veut dire Diaconia ? En grec, le mot diakonia signifie "service". Les chrétiens au service des plus souffrants et des plus démunis; rien de nouveau jusque-là, si ce n'est qu'en donnant le coup d'envoi de cette opération, le Conseil national pour la solidarité des évêques de France souligne la nécessité « que le service des frères redevienne l'affaire de tous les baptisés, et non plus seulement des organismes spécialisés ». « La fraternité, c'est l'’'àffaire" de tous les baptisés », reformule avec inventivité Krystine Fayolle, la coordinatrice de la démarche pour le diocèse de Montauban.

 

Casser les cloisons. Il n'est pas rare que dans une paroisse, l'équipe de préparation de la messe ou de la catéchèse ne soit pas très au courant des activités des groupes du Secours Catholique ou de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul... Et réciproquement ! L’une des grandes vertus de la démarche Diaconia - Servir la fraternité consiste donc en cette mise en relation, ce rapprochement pour mieux communiquer et œuvrer ensemble face aux enjeux d'un territoire.

« L’objectif, c'est de casser les cloisons. Notre souci, par exemple, c'est que les témoignages de migrants, de prisonniers ou de mères de famille en difficulté qui ont été recueillis dans le "Livre blanc des merveilles et des fragilités" par des associations et des paroisses pendant l'avent 2011 et le carême 2012 ne restent pas lettre morte, mais qu'ils nourrissent les homélies des prêtres et les prières des communautés, et que celles-ci s'en emparent pour partager », explique Yves Michonneau, diacre en charge du comité diocésain Vigilanc e et solidarité à Nantes.

Pour les passionnés de l'évangélisation, il s'agit de rappeler que « la charité n'est pas pour l'Église une sorte d'activité sociale annexe. L’attention aux petits, aux souffrants donne chair, visage et crédibilité à la communauté chrétienne », selon Mgr Stenger, évêque de Troyes.

Pour les militants de la solidarité, c'est un retour aux sources de leur engagement. « Ce n'est pas de la morale à de la foi, c’est aussi de la foi », insiste Stéphane Haar, ancien président de la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne). Thibaud Le Gall, chef scout, est quant à lui un ambassadeur enthousiaste de Diaconia auprès de ses camarades étudiants : « j'explique qu'on ne va pas aborder un petit sujet comme le prix du bonbon à la supérette, mais quelque chose de percutant qui va nous permettre d'être encore plus grands à l'intérieur de nous-mêmes. Pour moi, je reste où je suis investi, mais avec encore davantage de relecture de ce que je fais, davantage de sens ».


Village de la fraternité. La plupart des diocèses de France, des congrégations religieuses ainsi qu'une centaine de mouvements et services d'Église sont embarqués dans l'aventure. À Arras, ce furent en mars des journées de formation théologique et biblique sur le thème « Parole de Dieu et diaconie de l'Église » pour 260 membres d'équipes d'animation pastorale (EAP), et à Saint-Étienne, en avril, une fête des peuples...

Mi-juillet, le diocèse de Chambéry se rendra à Lourdes avec de nombreuses personnes en précarité ou en solitude. Toulouse a programmé de son côté un village de la fraternité en septembre, Créteil des tables ouvertes paroissiales début décembre... Bref, Diaconia se décline dans sa diversité, en essayant de s'insérer dans les événements de la vie de l'Église tels que l'Année de la foi et les 50 ans du concile Vatican Il.

Les pauvres, des personnes qui ont des richesses à partager

« Ce qui nous est demandé n'est pas de prendre des initiatives en plus, de faire plus, mais de mettre un peu plus de fraternité dans ce que nous vivons déjà », déclare Jean-Pierre Mourier, responsable de l'équipe de pilotage du diocèse du Puy-en-Velay. Et la fraternité, « ce n'est pas seulement voir les pauvres comme des gens qui manquent et qui ont besoin d'être aidés, mais comme des personnes qui ont des richesses à partager », a spécifié dès le début de la démarche le groupe de travail national « Place et parole des pauvres ». Évoquant les « savoir-faire et les savoir-être » des jeunes les plus en précarité à la JOC, Stéphane Haar insiste : « Ils n'ont pas besoin qu'on leur tienne la main pour mener des projets ni pour faire respecter leur dignité de fils et de filles de Dieu. »

Le plus grand défi de Diaconia se situe sans doute là : donner toute leur place, y compris en tant que croyants, aux blessés de la vie. Et surtout faire en sorte que cette association avec les plus pauvres, à travers des groupes de partage, des Noël autrement ou des voyages-pèlerinages, perdure au-delà de l'Ascension 2013. « L‘enjeu est de faire bouger les lignes relationnelles entre bénévoles et personnes accueillies, de créer des espaces de fraternité durables », ajoute Christine Pousset, responsable de la démarche au Secours Catholique. C'est aussi l'occasion, rappelle fréquemment François Soulage, président du comité de pilotage de la démarche, « de dire à la France que l'Église travaille à sa transformation sociale ». Peut-être tout en se transformant elle-même ...

Chantal Joly

Publié dans Eglise

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article