La dite « nouvelle évangélisation » n’est qu’une catéchèse

Publié le par Michel Durand

Le quotidien « La Croix » de ce dimanche 7 novembre 2010 a publié un dossier au sujet de la nouvelle évangélisation : la « Nouvelle évangélisation » concerne toute l’Église.

En quelques lignes, tout est dit sur la tendance actuelle de l’Église catholique à se tourner vers l’intérieur dans une réponse à son souci de former les chrétiens.

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Entretenir la foi, la charité, l’espérance des chrétiens réunis autour du Christ est certes une nécessité. Il ne peut y avoir de mission authentique sans une intense prière. C’est la force spirituelle obtenue dans la contemplation du Christ Sauveur qui donne l’audace de sortir de son ego et de son chez soi pour communiquer à l’intérieure du « Monde » l’Amour pour autrui et pour Dieu, la réalisation de la fraternité universelle.

Gal. 3,26ss : Vous êtes tous enfants de Dieu par la foi qui vous lie à Jésus-Christ. Vous tous, en effet, avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus de tout ce qu'il nous offre. Il n'importe donc plus que l'on soit juif ou non juif, esclave ou libre, homme ou femme ; en effet, vous êtes tous un dans la communion avec Jésus-Christ.

Col. 3,11 : Il n'importe donc plus que l'on soit non-Juif ou Juif, circoncis ou incirconcis, non civilisé, primitif, esclave ou homme libre ; ce qui compte, c'est le Christ qui est tout et en tous.

Dans le Royaume, il n’y a plus ni juif, ni grec, ni homme, ni femme, libre ou esclave… Il n’y a que des frères et sœurs. Et même, ces deux mots ne conviennent pas. Disons « fidèles du Christ », sans masculin ou féminin. Voilà la réalité à construire.

Que la communauté en interne soit formée à cela est une évidence. Comprend-elle l’appel à dépasser son enceinte privée  ?

En quelques mots, Céline Hoyeau, dans son article « la nouvelle évangélisation concerne toute l’Église », pose bien le problème que je ressens quand j’entends parler de nouvelle évangélisation.

Elle écrit : « En ce sens, la nouvelle évangélisation ne s’adresse pas d’abord aux non-croyants, mais implique, selon les mots de Benoît XVI, une évangélisation de l’Église elle-même ; « un constant renouvellement intérieur, un changement continu, pour ainsi dire, d’évangéliser les évangélisateurs. L’atteste le succès des écoles d’évangélisation en France ainsi que des formations pour laïcs dispensées dans les diocèses ».

S’adressant ainsi aux croyants, la nouvelle évangélisation est plus une catéchèse qu’un vrai kérygme, une première annonce. Pour moi, évangéliser c’est annoncer la mort et la résurrection du Christ Jésus aux non-croyants, aux indifférents, à ceux et celles qui n’ont jamais entendu parler de la Bonne Nouvelle de la fraternité universelle, l’Amour du Royaume.

L’approfondissement du don de Dieu ne vient qu’après et s’appelle catéchèse.

Que l’on réponde à cette demande chrétienne de formation intellectuelle, spirituelle, liturgique est, sans aucun ombrage, légitime. C’est même un devoir. Seulement, je me demande une fois de plus pourquoi l’Église, soutenant la « nouvelle » évangélisation, n’arrive pas à considérer avec autant de force et de constance, la nécessaire annonce du Christ auprès des non-croyants. Pourquoi l’Église n’entre pas en conversion, en reforme permanente, pour se mettre à l’écoute de celles et ceux qui se sont et s’éloignent du Christ.

Actuellement, l’institution semble ne faire qu’observer l’éloignement des non-croyants hostiles au message évangélique. Elle se console avec ceux qu’elle arrive à réunir : satisfaction affirmée face aux grands nombres de participants à des méga-rassemblements type JMJ et aveuglément face à celles et ceux qui augmentent d’adversité à la vue d’un néo-triomphalisme ecclésiale.

La lecture de cet article de la Croix m’a donné à relire ma propre entrée dans l’Église avec le désir d’y annoncer Jésus-Christ comme prêtre.

C’était en classe de seconde, chez les frères des Écoles chrétiennes, en  marche vers un bac technique mathématique. J’ai fortement été touché par l’engagement des chrétiens dans le monde que je rencontrais à cette époque. L’Église s’ouvrait. La JEC regardait notre vie de lycéens avec le désir d’y introduire le message du Christ, seul capable de répondre, à la racine, à tous les problèmes rencontrés.

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Désormais, depuis peu, les textes de Teilhard de Chardin circulaient librement, alors qu’ils devaient, d’après mon souvenir de ce que j’entendais dire, toujours être à l’index. Bref, contrairement à ce que j’entendais dans mon milieu familial, je découvrais une Église ouverte et qui voulait encore plus s’ouvrir sur le monde. On devait profiter des fruits de la lecture de « France, pays de mission », du travail en usine des prêtres ouvriers.

Comme Paul s’était adressé aux païens, des chrétiens sympathisaient avec des communistes, des athées et en voyaient les valeurs fondamentales. Le dialogue naissait.

Je vois dans cette démarche d’« aller vers », l’essentiel de la mission d’évangélisation. Et n’est-ce pas ce qu’a vécu Antoine Chevrier qui quitta le ministère ordinaire (paroissiale) pour se rendre auprès des miséreux du quartier de la Guillotière à Lyon ?


Publié dans Eglise

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C
<br /> <br /> Merci pour cette réflexion, qui revient aux traces de Jésus, puis de Paul et des autres, se déplaçant à la rencontre de tous, pour annoncer la bonne nouvelle.<br /> <br /> <br /> Fraternellement,<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui, prenons ces chemins... et je pars à la découverte de votre blog : http://christcomics.hautetfort.com/critique/<br /> <br /> <br /> <br />