Les catholiques pensent davantage au lit qu’à leur assiette Comment alors développer les valeurs du mariage d’un futur père et d’une future mère

Publié le par Michel Durand

Dans son édition de samedi-dimanche, le quotidien La Croix donne à lire une sorte de photographie des catholiques de France.

Pentecôte. Catholiques et engagés.

Dans une société déchristianisée, les catholiques n'ont pas renoncé à s'engager et le font sous des formes extrêmement diverses ; voir P. 2 à 6 et 11 à 13.

 

L-Eglise-cherche.jpgL'Eglise cherche comment s'adresser aux jeunes catholiques engagés

 

Tout au long de ses pages, on découvre, me semble-t-il, que les catholiques pensent davantage au lit qu’à leur assiette. Pourtant, comment développer les valeurs du mariage d’un futur père et d’une future mère sans avoir de quoi se nourrir en puisant dans son assiette. Où est la réflexion des chrétiens sur l’économie, le rôle de l’argent, la place des banques… ?

De Lourdes, Diaconia 2013, où fut développé le service du frère, à Paris, Lille, Lyon ou Bordeaux à propos des manifs contre la loi Taubira, on ne voit pas de rencontres catholiques observant le contenu des assiettes du pauvre et du riche afin de déterminer les modes de vie alimentant les engagements pour soutenir les éternelles valeurs naturelles. Même la question de Bruno Bouvet - « Y aurait-il donc deux attitudes antagonistes? D’un côté, s’ouvrir au monde et l’aimer tel qu’il est; de l’autre, affirmer ses convictions en résistance à une société qui ne les comprend pas et n’en tient plus guère compte » - ne va pas au fond du problème. Il ne l’approfondit pas peut-être parce que, selon ses dires, « cette opposition, pour autant, ne correspond pas à la réalité ». Et pourtant !

Michel Dufranc, maire de la Brède, dit : « En tant que catholique, je me dois d’être plus à l’écoute des gens, notamment de ceux qui sont en difficulté ». Il m’aurait été agréable de lire comment cet élu catholique agit concrètement dans la concrétisation de son écoute. Quels sont ses engagements politiques et économiques pour que les difficultés soient éradiquées ? Cela aurait été un beau témoignage, plus que cette déclaration abstraite.

J’aurais aimé aussi avoir plus d’informations, comme l’écrit Anne Bénédicte Hoffner, sur les remises en cause de l’idéologie du progrès : « L'Église profite de la montée d'une inquiétude au sein de la société française, d'une forme de remise en cause de l'idéologie de progrès. Bien au-delà du cercle de ses adhérents, certains se demandent au fond “si nous ne sommes pas allés trop loin”… » Dans ces pages de La Croix, aucun témoignage de chrétiens interrogeant le capitalisme, le progressisme, la croyance que la richesse du monde sera le résultat d’une perpétuelle croyance. Et pourtant ces chrétiens objecteurs de croissance existent. Les journalistes de La Croix qui les connaissent semblent dire que de tels témoignages n’ont pas leur place dans une recension des actions de « Catholiques, minoritaires, mais pas insignifiants ». Enfin soyons juste, la parole est donnée à des adolescents de 16 ans : un jour « des clients, installés au comptoir pour boire un verre, sont restés discuter avec un groupe de jeunes qui réfléchissaient sur l'argent, frappé par la parabole de l'homme riche qui veut encore amasser du grain (Lc 12, 15-21) ; une discussion fut engagée qui dura finalement deux heures. Mais ce qui prime, dans les pages du quotidien, c’est ceci : « Nous ne pouvons pas toujours faire preuve de solidarité, il faut également que le projet d'entreprise reste pérenne », ce qui passe parfois par des licenciements, et la séparation avec un collaborateur « qui ne rentre pas dans les règles de performance, de cohésion au projet d'entreprise ».

Sommes toutes, « un an dans l’Église de France » donne le témoignage d’étudiants favorisés faisant leur B.A. auprès d’enfants moins favorisés. On se penche vers la maman, qui a perdu son bébé. On s’indigne face à la théorie dite du « gender ». On interroge au travers du mariage homo, la PMA. Mais, aucun regard sur l’économie politique, la place des banques, le rôle des industries multinationales, l’économie de marché… Autant de réalités qui se retrouvent chaque jour dans l’assiette de tous.

Les « veilleurs » ont-ils été vigilants en ce domaine. Les appels de Lou Besmond de Senneville, demeurent dans l’abstraction : « Sur la fidélité, le respect, la conjugalité, le don de la vie, il nous faut trouver une manière de manifester très concrètement notre foi dans notre vie de tous les jours », recommande l’évêque du Havre

« À Toulouse, le P. Simon d’Artigue, chargé de la paroisse étudiante, observe que les jeunes les plus mobilisés contre la loi sont également prêts à franchir le pas de l’engagement politique. “Je les encourage à s’investir dans des syndicats et dans des partis politiques” », témoigne-t-il. Chez cette génération fortement touchée par l’abstention, ces débats ont, selon le P. d’Artigue, éveillé un goût pour le service de la cité. L’aumônier toulousain songe d’ores et déjà à proposer à ses étudiants une formation en deux temps… “Ils ne peuvent concevoir une entrée en politique uniquement sous l’angle du “mariage pour tous”. »

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