Les sommes non perçues par l'impôt vont profiter à l'Église. Va-t-on laisser imaginer que l'État finance l'Église ? Horreur !
Depuis quelque temps on parle de « quête prélevée ».
Pour aborder cette question, il importe d’en connaître tous les aspects. L’Église à Lyon en parle dans ses pages officielles ; également une paroisse du centre-ville. Suivez les liens.
À la paroisse Saint-Polycarpe, nous en avons parlé. Un membre de l’EAP a approfondi le sujet. J’avoue que je n’avais pas entrevu tous les problèmes sous-jacents à cette opération. Ils sont bien présents. Désormais, impossible de les ignorer.
Je vous invite à vous plonger dans cette étude et comme vous avez un avis, merci de nous le partager.
LA QUÊTE PRÉLEVÉE :
Remarques après une lecture attentive du dossier :
Il s'agit en fait, pour assurer les dépenses de l'institution,
de systématiser un nouveau titre de versement de fonds à l'Église, à côté
. du DENIER, outil à objectif exclusivement salarial, et
. des autres sollicitations (quêtes, casuel, demandes de dons et legs, souscriptions, manifestations: concerts, kermesses, tombolas, ...) jusqu'ici présentées en désordre auprès des fidèles,
La QUÊTE PRÉLEVÉE est un outil de fonctionnement ''complémentaire'', donc EN PLUS de ceux qui existent, qui a l'avantage d'être plus PRÉVISIBLE, plus sûr, qu'un simple ''à votre bon cœur …!''
Pourquoi pas !
Donc de nature, c'est un appel à soutien par versement automatique, comme toute association ''Loi 1901'' qui se respecte en lance auprès de ses sympathisants.
Mais l'histoire des jetons n'ajoute rien à cette nature et au fonctionnement du système. Que se passe-t-il si on ne s'en sert pas ? Rien de grave me semble-t-il !
[N'est-ce pas nous prendre un peu pour des demeurés que de nous proposer de jouer avec des jetons ?
La signification liturgique m'en semble pour le moins légère, d'autant que, si j'ai bien compris, la quête classique subsistera. Le geste dans but, louable, de garder son sens à l'offrande s'effacera encore plus vite qu'avec la quête sonnante et trébuchante d'aujourd'hui. Je sais, pour ma part, que je perdrai ou oublierai sans traumatisme mes jetons dans des délais incroyablement courts.
À mon sens, s'en passer ferait des économies, même s'ils ne sont qu'en plastique ! À la limite, pourquoi ne pas se contenter de tendre une main vide au dessus de la corbeille pour éviter le regard en coin du voisin (sic), ou d'y laisser tomber quelques centimes si c'est le geste qui compte ... ?]
Alors, l'essentiel de l'argumentation du côté du fidèle est ''l'avantage fiscal'', autrement dit en résumé et au mieux, ''je donne plus parce que l'État me prend moins'', ou en moins bien, ''je donne autant, mais je récupère plus''. On est plutôt loin de l'esprit dans lequel la veuve donne son obole.
Ceci me conduit à une réflexion plus générale sur cet avantage fiscal:
La Puissance Publique, dans sa grande sagesse, favorise la bonne volonté de ses administrés en les incitant quand ils le peuvent - ils sont imposables - à verser directement de leur surplus à des causes de société issues des sentiments naturels de solidarité dans les populations, et matérialisées dans la sphère privée sous la forme d'associations.
Les (modiques ou non, je ne sais) sommes ainsi sacrifiées, sont plus que compensées par l'abandon de larges pans de l'action publique concrète dans beaucoup de domaines ''décentralisés'' comme la protection et l'assistance sociales, car non régaliens, mais très coûteux (remarque sans plus, car une réflexion sur le fonctionnement du monde libéral n'est pas ici le sujet).
Il est naturel et normal que lesdites associations s'engouffrent sur la voie ainsi ouverte, par ailleurs vraie opportunité pour le contribuable qui l'investit comme toutes les ''niches'' qui lui sont proposées (et sont ainsi plus que fréquemment peu à peu détournées du but premier imaginé par le législateur).
Le seul vrai risque est alors le succès de l'opération, car les sommes non perçues par l'impôt vont donc profiter à l'Église. Un dispositif ''laïque'' va profiter au domaine religieux ! ….
Va-t-on laisser imaginer que l'État finance l'Église ? Horreur !
Autres points non abordés dans les ''Questions fréquentes'' sans réponses à ce jour pour moi :
- Y a-t-il une limite légale à l'avantage fiscal; et même, un plafonnement global des dons concernés pourrait-il être institué si ce n'est pas aujourd'hui le cas ?
- Est-il toujours et définitivement possible d'échapper aux taxations bancaires en cas de prélèvement automatique, de virement de compte à compte, de banque à banque ?
- Quelle part de la quête prélevée serait remise à l'usage paroissial, et sous quelle forme ?
Rien du tout ? Un pourcentage (lequel, par quel moyen) ? Un assistanat en réponse à des besoins manifestés, prouvés ?
Influence sur la gestion paroissiale :
Maintenant, ce qui peut se passer en pratique pour la paroisse n'est pas très clair, puisque rien n'est dit sur le sujet dans les documents transmis, au-delà de la participation requise des responsables paroissiaux pour la mise en place et le maintien du système, gestion de jetons comprise ...
- Postule-t-on vraiment qu'aucun comportement ne sera modifié sur la façon actuelle de vivre des paroissiens, qui seulement mettront en plus (on l'espère semble-t-il dans l'exposé) des jetons dans la corbeille de quête ?
(Qu'en dit l'expérimentation à Ste Croix ?)
- Sinon, les prélèvements arrivant directement dans les caisses diocésaines, la paroisse ne traitera essentiellement que des jetons .
Dépendra-t-elle donc pour ses dépenses courantes (le vin de messe, les hosties, les cierges, les produits d'entretien, …) de versements diocésains en numéraire ou plus probablement des règlements bancaires que ferait, sur demande paroissiale et sur justificatifs, l'office diocésain gestionnaire, à son rythme et selon ses modalités propres.
Ce n'est pas un gage de souplesse et de réactivité !
Et favorise en revanche une attitude inquisitoriale sur les dépenses paroissiales.
Ou alors comment ça se passe ?
(Comment fait-on à Ste Croix ?)
- Si on reste lucide, n'est-ce pas un encouragement à faire localement ce qui est déjà une (très grosse) tentation: une ''caisse noire'' à partir des rentrées en liquide qui auront échappé à la quête prélevée ?
(Que se passe-t-il à Ste Croix ?)
J Calvet - 3 mars 2012