On n’a pas touché le fond
Je connaissais déjà cette initiative de formation tridentine à Lyon grâce à la vigilance d’un ami qui, le 3 mars, communiqua un article publié dans « Famille Chrétienne en date du 1er mars.
Voilà, juste ci-dessous, cet article. À ce jour, je ne voulais pas commenter le fait. Qui va lire Famille chrétienne ? Mais la récente publication sur le site de l’Église à Lyon et ce que j’entends dire m’incite à le faire. En effet, tout cela entre dans la ligne de ce que j’analyse ces jours. La théologie descendante avide de formation pour que le chrétien (le prêtre) puisse cerner la vérité s’accorde mal avec la théologie pratique, ascendante, soucieuse de la connaissance de celui, celle à qui on s’adresse. Rome (le Vatican), m’a dit un théologien, a une obsession de la Vérité ; comme si Dieu était un objet cernable ! On cherche Dieu, plus qu’on ne le définit. En faire le tour, c’est l’idolâtrer. « L’Église ne peut imposer ses critères de jugement (son dogmatisme) à l’ensemble de la société pluraliste, sous peine de se contredire ; elle ne peut qu’en vivre en s’y référant elle-même dans un mouvement de réforme continuelle ; orientation évangélique que le concile Vatican II a remis en honneur » (C. Thobald, Christianisme comme style).
D’abord : M. Clémencin
Bonjour..
Des paroissiens stupéfaits m'adressent un document découvert sur le site du diocèse de Lyon, qui fait état de la création d'une nouvelle propédeutique... pour les traditionnels !
Très remontés, ils se demandent si une formation "tridentine" officielle va remettre en cause la place des laïcs dans les communautés, et si l'argent qu'ils donnent au denier du culte va financer cette maison ? Inutile de dire qu'ils n'y sont pas prêts du tout !
Même si l'implantation prévue est lyonnaise, cela concerne semble-t-il, des candidats de toute la France.
Naturellement tout ceci s'est construit en dehors de toute concertation avec les prêtres, et notamment le Conseil du Presbyterium de Lyon, qui commence juste à réagir.
Extrait d'une lettre de prêtres au Cardinal :
"Est-ce que l’on met autant de zèle, de temps, et de forces diocésaines à accueillir, écouter et former l’immense majorité des baptisés « ordinaires » (dont notre Église est loin, et chez lesquels nous sentons bien souvent, comme pasteurs, une authentique soif de Dieu), que l’on en met depuis 2 ans à vouloir accueillir et intégrer une portion très minime de baptisés « extraordinaires » (dont les propos sont si souvent teintés de mépris) ?"
Jusqu'où iront nos évêques dans l'allégeance servile aux lefebvristes, pas du tout repentis, et bien décidés à nous remettre à leur pas ?
Maintenant, l’article de l’hebdomadaire « Familles chrétiennes » à comparer avec l’entretien de M Gr Batut publié sur le site d'Eglise à Lyon.
lundi 1 mars 2010
[Mgr Batut - Famille Chrétienne - Perepiscopus] Le diocèse de Lyon veut des prêtres tridentins diocésains
SOURCE - Mgr Batut - Famille Chrétienne - via Perepiscopus - 1er mars 2010
Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Lyon, a été chargé par le cardinal Barbarin de superviser la maison Sainte-Blandine. Elle accueillera pour un an à partir de la rentrée de septembre 2010 des jeunes attachés à la forme extraordinaire du rite romain, et qui souhaitent discerner une vocation de prêtre diocésain. Mgr Batut a été interrogé par Famille chrétienne :
Plus qu’une année de propédeutique - plutôt tournée vers l’enseignement -, il s’agira d’une année de fondation spirituelle. C’est un peu analogue à une année de noviciat, chez les religieux. Elle a pour but de s’assurer de l’appel de Dieu et des fondements spirituels pour y répondre. Elle comprendra donc trois « piliers » : la vie avec d’autres qui se posent les mêmes questions, sous la conduite d’un supérieur, une grande retraite d’un mois, selon les exercices de Saint-Ignace ou sous une autre forme, et une expérience forte au contact des plus pauvres.
Quelles en seront les particularités ?
Tout d’abord, ce sont ceux à qui elle s’adresse : il s’agit des candidats au sacerdoce qui ont grandi dans la liturgie tridentine, ou qui ont découvert la foi grâce à elle, et souhaitent qu’elle ait une place dans leur formation et dans leur futur ministère. Cette demande est légitime parce que la forme extraordinaire de l’unique rite romain a sa place dans la vie de l’Eglise, et donc dans la formation des futurs prêtres. Cela entraîne des spécificités dans leur formation : en plus des trois piliers évoqués, il faut que les besoins particuliers de leur futur ministère soit assurés. Par exemple, la liturgie tridentine fait une part importante au chant grégorien, même si la formation au grégorien a du sens aussi dans les autres séminaires. Dernière particularité, importante, cette année s’adresse à des futurs prêtres diocésains. Les candidats seront présentés par leur évêque. Cela souligne dès le début qu’ils ne sont pas candidats à être diocésains abstraitement, hors de tout lien avec une Église diocésaine.
Cette année est-elle destinée à devenir un séminaire ?
Ce n’est pas le projet. Il est très important que les membres d’un presbyterium diocésain reçoivent une formation commune. On peut dire que les jeunes issus de la maison Sainte-Blandine seront un peu comme les prêtres de l’Emmanuel, qui sont membres d’une communauté, ont leur spécificité, mais en même temps suivent la même formation que les autres futurs prêtres de leur diocèse.
Peut-on être pleinement diocésain tout en étant attaché à la liturgie tridentine ?
Non seulement on le peut, mais c’est nécessaire. Comme la forme extraordinaire a tout à fait sa légitimité, on aura besoin de prêtres pour la célébrer, sans exclusive. « Extraordinaire » ne veut pas dire « exclusif ». De même que l’évêque a besoin de prêtres qui soient formés en bioéthique ou qui sachent s’occuper de jeunes, de même, il a besoin de prêtres qui sachent célébrer la liturgie dans la forme extraordinaire, pour que tous les fidèles qui y sont légitimement attachés puissent y avoir accès.
Ces prêtres remplaceront-ils ceux des Instituts Ecclesia Dei ? Ceux-ci sont-ils encore légitimes aujourd’hui?
Tout ce qui est reconnu par l’Eglise est légitime, donc la question ne se pose pas. Mais aujourd’hui, un jeune qui pense être appelé au sacerdoce et qui souhaite célébrer un jour la messe sous les deux formes est obligé de choisir entre une formation Ecclesia Dei, où habituellement est pratiquée la seule forme extraordinaire, et une formation classique, où habituellement est pratiquée la seule forme ordinaire. Avec l’année Sainte-Blandine s’ouvre une troisième voie, qui permet de discerner une vocation diocésaine en mettant la question liturgique à sa vraie place. Un certain nombre de prêtres ont quitté telle ou telle communauté Ecclesia Dei pour rejoindre les diocèses, parce qu’ils avaient découvert, une fois devenus prêtres, que la liturgie ne justifiait pas l’appartenance à une fraternité de prêtres particulière : c’étaient en réalité des hommes qui avaient tout simplement une vocation diocésaine, mais que les controverses sur la liturgie avaient troublés au point de leur faire penser qu’ils ne pourraient vivre leur spécificité qu’en renonçant à être des diocésains comme les autres. Depuis le Motu proprio de Benoît XVI, les choses peuvent se faire beaucoup plus simplement, en se mettant directement à la disposition de son évêque. J’en suis heureux, car j’ai toujours pensé que ce sont les prêtres diocésains qui réévangéliseront notre pays, et qu’être prêtre diocésain est la plus belle des vocations."