Mettre en évidence l’essentiel de la vie : l’attachement à l’Amour de Dieu qui demande que l’on partage avec quiconque est dans le besoin
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu
audio de l'homélie du 14 octobre 2018
Sagesse 7, 7-11 : À côté de la sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse
Psaume 89 (90), 12-13, 14-15, 16-17) Rassasie-nous de ton amour, Seigneur : nous serons dans la joie. (cf. Ps 89, 14)
Lettre aux Hébreux 4, 12-13 : La parole de Dieu juge des intentions et des pensées du cœur
Évangile selon Marc 10, 17-30 : Vends ce que tu as et suis-moi
Ci-dessus : fichier audio
Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres… Puis viens, suis-moi.
Jésus parle à une personne rencontrée dans la rue, un citoyen ordinaire semble-t-il, avide de perfection pour obtenir de Dieu la vie éternelle. Aujourd’hui, nous pourrions dire : en quête de vie spirituelle intense et vraie. Jésus lui rappelle tout d’abord que seul Dieu est bon et qu’il est vraiment trop flatteur de dire d’un autre qu’il est bon.
Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
J’aime beaucoup cet évangile, car il insiste fortement sur ce qui est important pour l’Église d’aujourd’hui, à savoir : 1° - l’appel de tous les baptisés à mener une vie sobre ; 2° - la mission prophétique des baptisés invités à témoigner du Royaume en optant pour une vie imprégnée de pauvreté évangélique.
Vous m’en avez déjà entendu parler notamment en abordant l’actuelle question écologique. En conséquence, pour éviter de redire ce que l’actualité présente m’inciterait à aborder, par exemple la présence à Lyon de mineurs isolés et non accueillis par la Métropole, je me permets de reprendre une homélie conçue en 2003.
Une seule pensée me vient à l’esprit quand Jésus s’exprime en public avec autant de vigueur et d’images-chocs :
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
Je me dis, vraiment, il n’y va pas de main morte !
Généralement, pour garder l’adhésion de son auditoire, celui qui parle emploie des expressions très douces. Il choisit ses mots parmi les plus ouatés qui existent pour ne heurter personne. Diplomate, il caresse les gens dans le sens du poil.
Voilà que Jésus dit carrément :
Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel.
Et : Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !
Si Jésus parle avec tant de détermination, c’est pour bien mettre en évidence l’essentiel de la vie : l’attachement à l’Amour de Dieu qui, universel et concret, demande que l’on partage avec quiconque est dans le besoin.
Il me semble que nous devons prendre l’accent mis sur la difficulté rencontrée par un riche pour entrer dans le Royaume comme une invitation à bien comprendre l’Absolu de Dieu. Dieu est tout. Le reste n’est rien. Tout doit être sacrifié au bénéfice d’une vie en compagnie de Dieu. L’Église parle ainsi de l’appel de tous à la sainteté.
J’imagine que les instituts séculiers se reconnaissent dans cet appel. Certains exégètes disent que le trou d’aiguille est, ici, le nom d’une porte la ville de Jérusalem trop basse pour que les chameaux puissent y passer avec leurs chargements. Je ne suis pas cette interprétation. Je garde la force de l’image.
L’Église ? Où est-elle ?
Elle n’est pas dans ses évêques et cardinaux ; elle n’est pas dans ses prêtres, ses religieux et religieuses. Elle est avec et dans tout le Peuple de Dieu. Elle commence dans la famille qui est la première et vitale cellule d’Église. Bien sûr, pour que l’Évangile soit vécu dans les familles, il convient que les cadres en montrent le témoignage. C’est ce que François souligne dans cette phrase : « je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités ».
Je reprends l’évangile de Marc. Voilà ce que Jésus nous dit :
- relativiser notre attachement aux biens matériels
- prendre une distance par rapport à ce que nous jugeons indispensable
- mesurer l’impact de nos désirs non pas sur les critères de la tendance du moment, mais sur l’exigence de l’Amour universelAutrement dit, prenons les moyens d’organiser notre vie selon ce que nous dicte le message de la Bonne Nouvelle.
La chose est tellement importante que Jésus, qui l’explique à la foule, puis aux disciples, n’hésite pas à prendre des exemples énormes qui dépassent l’entendement.
Entrer par le trou d’une aiguille !
Une image forte, monumentale pour nous inviter à nous détacher des biens de la terre dans le but d’épouser l’immense don d’amour et de vivre conformément à ce don.
Que cela soit impossible est une évidence, mais, remarquons bien la finale de l’enseignement retransmis par Marc :
Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu.
Celui qui prend conscience de l’immense importance de Royaume est prêt à tous les sacrifices, à tous les renoncements. Il est comme un enfant qui s’agenouille devant le Père. Invitation que Jésus nous adresse.
Est-ce vraiment impossible d’obtenir par nous-mêmes ces résultats bénéfiques ?
Oui.
Jésus le dit :
Pour les hommes cela est impossible
Mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu.
Comment pouvons-nous être sauvés ?
Ce que les hommes n’arrivent pas à faire, Dieu l’accomplit.
Ouvrons-lui notre porte