Homélie du 8 octobre 2017 - comment recevons-nous le Christ ? Que faisons-nous de sa parole, de son enseignement ?
Biennale d'art sacré actuel. Profond retournement, Lyon église St-André, octobre - novembre 2017. Œuvre de Barbara Soïa
Is 5, 1-7 - La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël
Ps 79 (80), 9-12, 13-14, 15-16a, 19-20 - La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. (cf. Is 5, 7a)
Ph 4, 6-9 - Mettez cela en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous
Mt 21, 33-43 - Il louera la vigne à d’autres vignerons
Avec cet enseignement sous forme de parabole, visiblement Jésus a voulu faire un résumé de l’histoire de l’Alliance. La lecture allégorique que nous faisons habituellement pose des problèmes. Historiquement, elle a ouvert la porte à l’antisémitisme. Alors, peut-on lire le texte mot-à mot ?
Le maitre de l’Evangile, c’est Dieu, les envoyés, les prophètes, le fils c’est Jésus qui fut effectivement tués par les dignitaires d’Israël. Et le Christ indique que les païens ont pris la place des Juifs pour annoncer le Messie.
Mgr Giraud explique : « On sait que cette idée fut une des racines de l’antisémitisme qui a ravagé l’Europe au cours des siècles jusqu’à la « solution finale ». Or saint Paul a bien dit que les promesses de Dieu sont irrévocables : “ Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Pas du tout ! Dieu n’a pas rejeté son peuple… ” (Rm 11,1) ».
Dans le contexte d’aujourd’hui où l’État d’Israël se manifeste par le non respect des droits humains fondamentaux, nous avons à bien distinguer l’antisionisme de l’antisémitisme. Si le sionisme c’est l’expulsion de populations autochtones, alors il est juste, au nom de Dieu qui respect et aime tous les hommes d’être antisionsite. Certes, ce n’est pas dans la cadre d’une homélie qui nous pouvons creuser la question, mais je tenais à la dire pour nous inviter à réfléchir (et agir si possible) face à la situation du proche orient.
Revenons à l’Évangile :
À sa vigne de choix, le pays d’Israël, Dieu a envoyé à maintes reprises des prophètes, qui ont été mal reçus et maltraités. Puis, dans les derniers jours, par une sorte de folie de confiance, il a envoyé son propre Fils, le véritable héritier des promesses faites à Abraham ; et Jésus annonce d’avance le destin qui sera le sien : lui aussi sera jeté hors de la vigne, hors de la ville, et ses adversaires le tueront.
Les chefs des prêtres et les Pharisiens ont décodé immédiatement la parabole, et ont fort bien compris que Jésus les visait. De fait ils portent une lourde responsabilité dans le supplice et la mort de Jésus. Mais une des phrases de Jésus nous concerne tous, en cette période d’épreuves pour son Église. C’est une citation du psaume 118 : « La pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la tête de l’angle ».
En fait la pointe de la parabole, c’est Jésus, le Messie (l’envoyé) de Dieu qui n’a pas été reçu. Interrogeons-nous : comment recevons-nous le Christ ? Que faisons-nous de sa parole, de son enseignement ? « Beaucoup des bâtisseurs de notre monde écartent, délibérément ou par ignorance, la pierre qu’est Jésus Christ. On ne veut pas des valeurs qu’il apporte, on refuse les perspectives qu’il ouvre, on se révolte contre les exigences qu’il rappelle concernant les droits de Dieu et des devoirs de l’homme. » (Fr. Jean Christian Lévêque, o.c.d.)
Nous avons toujours, sous la forme d’une révision de vie, d’une demande sacramentelle de réconciliation, à convertir nos modes de vie. Je me permets, vous m’excusez, j’espère, de faire de la publicité pour la biennale d’art sacré actuel dont le titre est « Profond retournement ». Qu’est-ce que les artistes exposants en l’église Saint-André ont à dire aux « Mondes flottants ». ?
Pour l’instant, regardons afin de mieux saisir la Bonne Nouvelle, la lettre de Paul aux Philippiens que nous entendons depuis le 24 septembre.
Ce qui m’émerveille dans ces écrits, c’est la simplicité du ton, la familiarité. Il n’y a pas de longues dissertations, mais de simples propos et conseils pour mener sa vie au quotidien dans la ligne du Christ. Paul le redit inlassablement : il n’y a qu’un seul Prêtre, un seul médiateur, Christ. Lui seul porte efficacement nos demandes auprès du Père. Aussi, quand on prie Dieu pour notre bonheur, il n’y a aucune inquiétude à avoir. Cœur et intelligence seront gardés en Christ dans la paix de Dieu.
Paul écrit vraisemblablement d’Éphèse. Il a dû quitter la ville de Philippes après y avoir été emprisonné. Or, il semblerait qu’à Éphèse, il se trouve de nouveau en prison. Il s’en félicite, car cela contribue au progrès de l’Évangile. Tous les employés de la maison du Gouverneur où il se trouve emprisonné savent maintenant qu’il est « en captivité pour Christ ». « La plupart des frères, encouragés par sa captivité », écrit-il, « redoublent d’audace pour annoncer sans peur la Parole »… « Ils savent que je suis ici pour la défense de l’Évangile.
Plusieurs se sont convertis et sont restés en lien avec Paul, constituant ainsi l’Église du Christ à Éphèse. Je dis cela en pensant aux frères et sœurs chrétiens emprisonnés en Iran pour leur foi en Christ. Les chrétiens de Philippe se font du souci pour Paul. Aussi, ils lui envoient Epaphrodite pour lui apporter soutien et aide. Paul se sentait tellement à l’aise dans cette communauté qu’il en acceptait les dons. La plupart du temps, il travaillait de ses propres mains « afin de n’être à la charge de personne » et de ne pas faire obstacle à l’Évangile. Il accepte les dons que lui font les Philippiens et qu’Epaphrodite lui apporte. Mais Epaphrodite tombe malade. Il lui faut retourner dans son pays. Paul le laisse partir muni d’une lettre.
Dans sa lettre, on sent que Paul est proche de ses frères et sœurs en Christ. Il parle de la communion fraternelle, source de joie.
En toutes circonstances, menons le bon combat au nom du Christ en restant uni et humble. Personne ne peut craindre le légaliste de nos lois rejetant l’étranger, car nous sommes les citoyens du monde nouveau, celui que Dieu prépare et qu’il achèvera dans la gloire. Par sa rencontre avec le Ressuscité, Paul est doté d’une espérance sans appel. Il suffit d’accomplir ce qui est bien, vrai et noble. Il suffit de faire confiance à celui qui donne sa vie pour l’humanité, le Fils envoyé par Dieu, le maître des vignerons selon la parabole de Matthieu. Il suffit d’en appeler au bonheur par la médiation du Christ. Et le Dieu de Paix sera avec vous.
Biennale d'art sacré actuel. Profond retournement, Lyon église St-André, octobre - novembre 2017. Œuvre de Béatrice Bescond, signe et matière, émergence de l'homme