Vacances, repos : ce qui importe aujourd’hui de souligner, c’est l’invitation au silence, à la solitude, à la non-ostentation dans la prière
La prière qui plait à Dieu est avant tout la prière du cœur.
Jésus recommande très nettement qu’il ne convient pas de prier en se montrant sur les places publiques :
Mat. 6,5 :
« Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense ».
Voir dans "Prier" le dossier : silence, solitude et communion.
La prière doit se vivre dans la solitude, loin des foules. Jésus la pratique ainsi après qu’il rencontré beaucoup de monde :
Mat. 14, 23
« Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul ».
En fait, on ne se trouve pas toujours à la campagne, loin de l’agitation des bourgs. Comment et où prier quand toute la vie domestique manifeste sa bruyante vitalité ?
Les maisons de ces contrées orientales sont généralement construites autour d’une cour entourée d’un haut mur qui ferme aux regards extérieurs. Il y a un portail en bois qui ouvre sur la rue. Une pièce, souvent largement ouverte sur le ciel, est la cuisine. Le plus loin possible de la porte d’entrée, laquelle donne sur un mur qui bouche la vue aux passants extérieurs (mur en chicane), se trouve la pièce principale, le « salon » où sont reçus les visiteurs. Thés et repas sont pris ici.
C’est vraisemblablement dans cette pièce de la demeure de Simon (Pierre), à Capharnaüm, que Jésus reçoit les gens et accomplit des miracles. Quand il y a foule, celle-ci reste dans la cour. Un jour, « Comme Jésus entrait chez Pierre, dans sa maison, il vit sa belle-mère couchée avec de la fièvre » (Mat. 8,14).
Toute la vie effervescente d’une demeure se déroule donc au rez-de-chaussée. C’est là que les enfants jouent. Pas le moyen, à proximité de la cuisine, de l’endroit des animaux : ânes, chèvres, poules, etc. … d’avoir la paix. Alors, pour trouver le calme, une seule bonne solution, monter sur la terrasse.
Dans toutes les régions sud du Maghreb, j’ai profité des terrasses des maisons ouvertes aux visiteurs étrangers. Maison familiale, gîte, maison d’hôtes, petit hôtel installé dans une ancienne casbah, terrasse d’une construction nouvelle… si tu veux être tranquille, tu prends un petit tapis et tu t’installes sur le toit en terrasse de la maison. Le tapis est d’un grand confort, surtout quand le sol est en terre battue. Pendant la saison froide, on ne vient que rarement le jour en ce lieu. La vie quotidienne se déroule à hauteur du jardin, du puits, là où il a toujours quelque chose à faire. En été, je suppose que la nuit, tout le monde vient dormir sur la terrasse. Je ne peux rien en dire, car j’ignore tout de la vie estivale de ces maisons.
Le prophète Daniel, apprenant que sa vie était menacée –Darius venait de signer une loi selon la tradition des Perses et de Mèdes interdisant toute prière à quiconque autre qu’à lui, Darius s’attribuant ainsi un statut divin- monta dans sa chambre haute.
Dn 6, 11 :
« Lorsque Daniel sut que l’acte avait été rédigé, il entra dans sa maison. Les fenêtres de sa chambre la plus haute s’ouvraient en direction de Jérusalem et, trois fois par jour, il se mettait à genoux, s’adonnant à l’intercession et à la louange en présence de son Dieu, comme il l’avait toujours fait ».
La datation de ce passage biblique est difficile. Darius le Mède est inconnu des historiens ; la certitude est que nous sommes après l’Exil à Babylone (après l’an 500 av. J.C.). La coutume de prier dans la direction de Jérusalem est connue au moins depuis l’Exil. Espérance du retour sur la colline de Sion.
Ce qui m’importe aujourd’hui de souligner, c’est l’invitation au silence et à la solitude. L’invitation à la non-ostentation dans la prière.
Mt 6, 6 :
« Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra ».
Se cacher dans sa chambre pour prier Dieu, c’est également demander que, malgré nos nombreux péchés, Dieu pardonne. Faisant partie de son peuple, l’Église est la suite d’Israël, me voici ainsi invité à me mettre à l’abri pendant, écrit Isaïe, que Yahvé exécutera son jugement contre les méchants.
Is. 26, 20 :
« Ce jour-là, les hommes jetteront les faux dieux d’or et d’argent qu’ils s’étaient fabriqués pour les adorer ; ils les jetteront aux taupes et aux chauves-souris ».
Prier, se recueillir, garder ou trouver le bon chemin, prendre les bonnes décisions… tout cela ne peut se faire dans le bruit. Les évangélistes nous l’enseignent quand ils nous montrent que Jésus prie dans la solitude, la nuit ou dans un lieu écarté de toute agitation. Jésus prie pour les autres et aussi pour lui-même.
Mt 26, 39 :
« Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »
Il ressent dans toute sa force l’effroi que la mort inspire à l’homme ; il éprouve et exprime le désir naturel d’y échapper, tout en le réprimant par acceptation de la volonté du Père (Note Bible de Jérusalem). Par sa prière, il montre qu’il demeure en permanence en dialogue avec le Père, dans la solitude du silence que lui offre une chambre haute, sur la terrasse des gens qui l’hébergent, d’un endroit désert, loin de la foule qui est venue à sa rencontre. Il invite ses disciples à faire de même.