Un Dieu qui meurt d’amour demande un acte de foi absolu alors que nous sommes au plus noir de l’abandon d’un Vendredi saint
Sur Arte+7 j’ai regardé le documentaire La crucifixion. J’ai alors repensé à Emile Granger, prêtre du Prado que j’ai plusieurs fois rencontré en présence d’étudiants de la Communauté chrétienne universitaire Lyon-II/Lyon III.
Emile Granger : "Je contemple cette scène de l’Évangile où Pilate fait revenir au prétoire celui qu’on lui a livré : « Ecce Homo », voici l’homme, celui de tous les temps qu’on peut bafouer et qui est mis à mort, Jésus solidaire de nous tous à cette heure-là et dans les siècles.
Folie pour toutes les philosophies et scandale pour toutes les religions.
Dieu, du côté des sans-grandeurs, des sans-puissances, des sans-raisons, Dieu que révèle la faiblesse. Et cela non à cause d’une théorie, mais d’un cadavre pantelant.
Le Seigneur est serviteur, « esclave », jusque dans le mode de sa mort. Et, nouveau paradoxe, c’est justement cet état d’esclavage, de sous-humanité aux yeux des citoyens de l’époque, qui le manifeste complètement humain. Ce n’est pas seulement nos idées sur Dieu qui sont bousculées, mais bien aussi nos idées sur l’humanité. Mes compagnons de route m’ont fait davantage comprendre ce visage étrange d’un Dieu qui est tellement démuni. Seule la foi peut le soutenir, mais c’est son message. « Le Christ ressuscité ne meurt plus ».
Je crois que c’est aussi en ce sens que la résurrection n’abolit pas le poids du Vendredi saint. Elle atteste, au nom de Dieu, que Jésus n’était pas un imposteur : il était bien l’Image parfaite de la divinité à l’heure où sa couronne était la dérision des épines."
Emile GRANGER (1937-1995) : «Ils m’appellent le vieux 1984».
Théologien, formateur des laïcs sur le diocèse, prêtre des jeunes marginaux à Saint-Etienne et Rive-de-Gier