Sous le regard posthume de Joseph Folliet, la chaise du cardinal Decourtray découverte par hasard à la Guillotière
À la communauté du Prado, un siège utilisé lors d'une conférence portait une étiquette au nom de l'ancien archevêque de Lyon, décédé en 1994.
Après l’inauguration-conférence sur Joseph Folliet, la salle du Prado va recevoir une rencontre-débat sur l’objection de croissance. Nous nous demanderons, s’il est vraiment possible de parler d’écologie sans aborder la question des méfaits du capitalisme. Du reste, j’en ai fait allusion avec le poste d’hier.
Aujourd’hui, je remercie Nicolas Ballet, qui à l’occasion de l’exposition sur Joseph Folliet a rédigé un article plein de sages considérations allant dans le sens d’un regard selon l’Évangile sur le monde. Je vous donne, ci-dessous, à lire son « papier ».
Le Progrès LUNDI 22 FÉVRIER 2016 - LYON L'HISTOIRE
Oui, l'Église catholique est « conservatrice ». Et plus encore, matériellement pauvre. Autant, d'ailleurs, qu'« écolo » dans l'âme. La preuve ? Elle recycle sans s'en vanter une chaise en contre-plaqué utilisée il y a des lustres par feu l'archevêque de Lyon, Mgr Decourtray (1923-1994). Un siège redécouvert le 5 janvier, au hasard d'une conférence à l'association des prêtres du Prado, rue Père-Chevrier (Lyon 7e), près de Notre-Dame des Sans-Abri. À son dos, est collée une vieille étiquette portant l'inscription : « S.E. le Cardinal DECOURTRAY » (S.E. pour « Son Éminence » - ndlr). « Sacrée » relique !
Le père Michel Durand organisait ce soir-là un échange autour de Joseph Folliet, chansonnier croix-roussien, prêtre du Prado et figure du christianisme social lyonnais qui avait cofondé en 1945 l'hebdomadaire « La Vie catholique », devenu plus tard « La Vie ». Dans quelles circonstances le cardinal Decourtray était-il passé par le Prado ? Ou alors, cette chaise provient-elle d'un autre endroit ? Michel Durand l'ignore. Il n'avait, jusqu'alors, pas prêté attention à l'autocollant en question.
Un « reste » de la visite de Jean-Paul II en octobre 1986 à Lyon ?
« Peut-être un reste de la visite du pape Jean-Paul II à la chapelle du Prado en octobre 1986 ? », s'interroge un autre prêtre pradosien, le père Christian Delorme, contacté après coup. Lors de la conférence, c'est une sœur du Prado qui s'est assise sans le savoir sur l'auguste siège en bois. Lorsque nous l'avons informée de ce détail anecdotique, elle s'est enquise avec sagesse : « Dites-moi, au moins, cette chaise n'est pas différente des autres ? » Rigoureusement la même ! Certains y verront une nouvelle illustration posthume de l'humilité supposée de l'ancien archevêque de Lyon - cet homme accessible (mais aux décisions parfois hasardeuses) s'était réjoui de l'abandon de la chaise à porteurs pontificale après le concile Vatican II. D'autres ressusciteront pour l'occasion la formule autrefois servie aux papes après leur élection : « Sic gloria transit mundi » (« Ainsi passe la gloire du monde »). Quelle que soit la noblesse (ou non) des individus, jamais leur espérance de vie n'atteindra celle des objets inanimés qui les auront accompagnés durant leur existence, même si ces individus ont pu - et c'est le cas ici - y insuffler une partie de leur âme.
Nicolas Ballet
*La vie de Joseph Folliet est retracée à travers une exposition photographique au 9, rue Père-Chevrier (Lyon 7e) jusqu'en juin. Ouverture le vendredi de 16 h à 18 h.
Pour la visiter en dehors de cette tranche horaire, contacter Michel Durand au 04.72.98.36.43.