Se réjouir que des musulmans se convertissent au christianisme et s’attrister que des catholiques embrassent l’Islam ? Liberté religieuse
Grâce au dialogue de voisinage, surtout avec les anciens, il ne fut pas difficile de se réunir et de répondre aux attentes
Courrier des lecteurs de la revue du Prado Quelqu'un parmi nous
Monsieur,
Voilà que la revue du Prado : Quelqu’un parmi nous fait du prosélytisme en faveur de l’Islam. Merci !!!
J’ai été très agressée par la conversion de Charlotte à l’Islam. Quel but cherchez-vous à travers cet article ? J’ai fait un autodafé de votre numéro 226.
Recevez Monsieur mes salutations distinguées.
Une abonnée.
Il est regrettable que je ne puisse répondre par courrier postal à cette dame, son message étant anonyme. Je le ferai avec la revue Quelqu’un parmi nous.
Chère Madame, je comprends votre colère. Nous avons nous-mêmes, au comité de rédaction, eu des hésitations devant le témoignage de cette personne.
La Liberté religieuse ne va pas de soi surtout en ces périodes où des guerres au nom de Dieu (quel Dieu ?) sévissent mondialement. Mais, traiter du nécessaire dialogue interreligieux de voisinage en cachant ce qui se vit réellement à notre porte serait malhonnête.
Pour plusieurs familles, le grave problème actuel est celui de la séduction de jeunes par des « religieux » fanatiques s’appuyant sur des détresses psychologiques ou financières pour enrôler dans leur rang. Le recteur d’une mosquée lyonnaise, Kamel Kabtane, se questionne : « Le mois de ramadan est un mois de solidarité, fait pour se rapprocher de Dieu et des hommes. Pourquoi certains choisissent-ils cette occasion pour commettre les actes les plus abominables ? » Pourquoi l’État islamique a-t-il appelé ses partisans à frapper en Europe et aux États-Unis pendant le mois de ramadan ?
« Pour ma part, dit K. Kabtane, je ne leur trouve aucune raison religieuse. À la Grande mosquée de Lyon, nous organisons chaque dimanche, pendant le mois de ramadan, des rencontres entre catholiques, protestants, juifs et musulmans sur des thèmes comme le jeûne ou la prière » (Propos recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner, La Croix du 28 mai 2016).
La liberté religieuse fait que toute personne a la possibilité de choisir sa religion et d’en changer. Elle est, proclame le pape François (20 juin 2014), un droit fondamental de l’homme qui reflète sa plus haute dignité, celle de pouvoir rechercher la vérité et y adhérer ».
Dans la ligne d’Antoine Chevrier et de la tradition du Prado, nous essayons de dialoguer avec les gens tels qu’ils sont et nous tentons de ne pas leur coller une étiquette ou de les attirer vers une façon de vivre qui nous conviendrait. Nous ne cherchons pas à rendre les personnes rencontrées telles que nous voudrions qu’elles soient. Ce cheminement hasardeux évite toute forme de prosélytisme. Autrement dit, nous ne pouvons pas nous réjouir quand des musulmans se convertissent au christianisme et refuser de voir, parce que cela nous attriste, que des chrétiens catholiques embrassent les idées de l’Islam ou du bouddhisme.
Il y a un mystère de l’homme qui chemine en sa conscience personnelle et qui ne peut être étouffé. On dit qu’environ 300 musulmans seraient baptisés en France. Les services du catéchuménat (préparation au baptême) parce que conscients du risque de rejet par les familles se font très discrets. Alors, le chemin de la conversion vers le baptême s’allonge, ainsi pour Hamed, adolescent, qui a rencontré Jésus en lisant le Coran. Il pourra agir en toute liberté.
L’insondable mystère de l’homme !