Par amour en Christ qui conduit dans l’amour de Dieu, acceptons les moqueries, les injustices… toutes les croix devenant glorieuses
Je commente ce jour le passage d’Évangile de Luc 14, 25-33 à la prison de Corbas. Que dire ? Le texte n’est pas évident en ce contexte.
Être en ce lieu n’est pas un choix. Mais venir participer à une eucharistie est un choix. Celui de sortir de sa cellule et de rencontrer d’autres personnes.
Il me semble que je puisse poser la question sur l’état d’esprit dans lequel chacun a décidé de venir vivre l’Assemblée eucharistique. Pourquoi je suis ici ?
Que nous soyons de grandes foules à suivre Jésus ou un tout petit groupe, nous pouvons nous demander ce qui nous pousse à le suivre, à vouloir le rencontrer.
Trois axes de réflexion dans ce passage :
- préférer Jésus à ce qui nous ait le plus cher
- adhérer à Jésus ; être avec lui malgré les souffrances que cela entraîne.
- réfléchir à la façon dont je construis ma vie : discerner, faire des plans, se donner les moyens de la réussite.
Trois types de réflexion qu’il doit être possible d’avoir avec celles et ceux qui rendent visite aux détenus dans les cellules.
- Préférer Jésus à tout
Cela demande que l’on abandonne de suivre ses convictions mauvaises, néfastes. Nous pouvons avoir construit notre vie avec un certain nombre d’erreurs. Suivre Jésus-Christ cela demande d’avoir l’audace d’abandonner ses illusions, ses convictions erronées. Parmi nos amis, il peut y avoir ceux qui entretiennent de mauvais plans.
Suivre Jésus Christ, c’est renoncer aux attaches qui s’avèrent toxiques.
Antoine Chevrier, le fondateur du Prado, ma famille spirituelle, demande de renoncer à son esprit propre trop souvent enclin à entretenir de mauvaises habitudes. Renoncer à son esprit pour revêtir l’Esprit de Dieu. Si l’on abandonne ce à quoi l’on tient, c’est pour se laisser pénétrer par l’esprit divin.
Renoncer à un esprit mesquin, égoïste afin de devenir chrétien, c’est-à-dire disciple du Christ qui nous demande d’aimer autrui comme Dieu nous aime. Participer à une assemblée eucharistique est une question d’amour. Jésus demande de l’aimer plus que tout ; davantage que ses parents, notre conjoint, nos enfants, nos amis ; l’aimer plus que notre propre vie.
Les saints, les martyrs donnent ce témoignage. Ils préfèrent mourir plutôt que de nier leur attachement à Jésus. Leur amour de Dieu, par Jésus et l’Esprit Saint, l’emporte sur tout. Par amour absolu, les saints (Mère Teresa) acceptent les diverses souffrances rencontrées dans le banal de la vie. C’est ce qu’indique l’invitation à porter sa croix.
Par amour pour le Christ qui conduit dans l’amour de Dieu, j’accepte (je devrais accepter) les moqueries, les dérisions, les injustices… toutes les souffrances possibles et imaginables, toutes les croix. C’est dans cette acceptation que je suis, par amour fidèle à mon attachement au Christ (vocation baptismale) qui veut mon bonheur.
- Porter sa croix
Ce serait bien que les acteurs de cette eucharistie s’expriment sur ce que signifie pour eux porter sa croix. N’y a-t-il que soumission aux souffrances ? Ne faudrait-il pas intérioriser notre désir d’union à Dieu qui est le seul vrai libérateur en acceptant les nécessaires renoncements qui s’y rattachent ? Méditons : Celui pour qui nous devons renoncer à plein de choses encombrant notre esprit est l’unique Frère qui veut notre bien en nous montrant le chemin du Père (le Royaume).
Voilà, me semble-t-il, une belle étude d’Évangile à vivre avec ces détenus.
La croix, supplice de mort, est souffrances inouïe, inacceptable. Il suffit de voir d’un Christ crucifié, cloué sur la croix, par exemple celui qui est posé sur la table-autel. Mais, la croix est aussi (et pour nous, surtout) le lieu de la victoire. L’instrument de torture qui a fait mourir Jésus selon le supplice romain est ce qui apporte la vie sans fin.
Regardons alors l’image d’une croix glorieuse. Elle est légère, pleine de grâce, totalement étoilée. Elle est notre marche vers Dieu.
C’est alors maintenant que dans un dialogue avec l’Assemblée, il conviendrait ‘aborder le troisième point.
- Réfléchir à la façon dont on construit sa vie
C’est le temps du discernement et de la prière, de la concertation en vue d’une incessante conversion. Est-ce que je prends bien les moyens de mes idées et désirs pour construire ma vie. Je ne peux pas commencer à bâtir si je n’ai pas les moyens de terminer, si je ne renonce pas à ce qui m’empêche de terminer.
J’adresse ma prière à Celui en qui je fais confiance, à Celui en qui je me remets, au Maître dont je suis le disciple. Il m’accompagne dans les décisions à prendre.
Suivre Jésus-Christ, c’est tout.
Êtes-vous prêts à suivre Jésus Christ ?
Sommes-nous prêts à suivre Jésus Christ jusqu’au bout ? Suis-je encore disposé à me mettre à son école ?
Si oui, la croix devenue glorieuse, est légère.
Dialogue en ayant la croix glorieuse sous les yeux. (Ravenne S. Apollinaire)