Ordination presbytérale : Que vous allez être grands quand vous serez prêtres, mais qu'il faudra être petits en même temps

Publié le par Michel Durand

image de son ordination

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Je quitte Lyon pour quelques jours afin de rejoindre un séminariste du séminaire du Prado à Limonest. Il sera bientôt ordonné prêtre.

Mondialisation. Cet homme, originaire d’Afrique orientale, vit désormais en Finlande ; conséquence de conflits sans fin.

Alors, je pense à cette forte recommandation d'Antoine Chevrier : « Que vous allez être grands quand vous serez prêtres, mais qu'il faudra être petits en même temps pour être véritablement de nouveaux Jésus Christ sur la terre. Rappelez-vous bien qu'il faut que vous représentiez la Crèche, le Calvaire, le Tabernacle : que ces trois signes doivent être comme les stigmates qu'il faudra porter continuellement sur vous; les derniers sur la terre, les serviteurs de tous, les esclaves des autres par la charité, les derniers de tous par l'humilité. Que c'est beau, mais que c'est difficile! Il n'y a que le Saint-Esprit qui puisse nous le faire comprendre. Puissiez-vous le recevoir avec abondance! Vous aurez tout si vous le recevez dans votre ordination, et j'aurai réellement fait une œuvre agréable à Dieu, en vous faisant prêtres et j'aurai au moins des enfants qui prieront pour moi et qui demanderont grâce et miséricorde quand le bon Dieu m'appellera à lui et j'aurai des enfants qui continueront son œuvre sur la terre, l'œuvre d'évangéliser les pauvres qui était la grande mission de Jésus Christ sur la terre : misit me Evangelizare pauperibus. Puissiez-vous bien le comprendre et ne pas sortir de cette belle mission » (L. 83, n° 117).

 

 Je relis cette phrase, très XIXe siècle et que nous devons traduire en langage du XXIe en l'associant à l'étude d'Isabelle de Gaulmyn dans sa récente enquête à l'intérieur de l'Eglise à Lyon, Histoire d'un silence ; son regard profond touche bien d'autres situations que celle qui a provoqué son enquête, l'affaire Preynat : Il ne faut pas confondre l'Église avec l'« appareil », c'est-à-dire les clercs et les évêques. L'Église est l'Église de nous tous, y compris, et on l'a trop oublié, celle des victimes. Mais justement, ne sommes-nous pas restés prisonniers de cette conception ancienne d'une Église pyramidale, dont la sainteté serait garantie par sa hiérarchie - le pape, les évêques, les prêtres -, censée assurer le salut des fidèles ?
Le concile Vatican II, revenant aux sources bibliques, a remis en lumière une Église-Peuple de Dieu. Une Église en marche, et non une simple organisation. Une Église où chaque baptisé est coresponsable, et où les prêtres, l'évêque et le pape sont au service de l'ensemble.
Mais les traditions ont la vie dure. Nous sommes tous encore tributaires d'une manière de voir et de vivre le catholicisme comme un pouvoir : peu de non-catholiques, je pense, perçoivent aujourd'hui l'Église comme un «Peuple de Dieu». Sans doute parce que nous renvoyons nous-mêmes l'image d'une institution de pouvoir très hiérarchisé, où les décisions sont prises au sommet, et ensuite répercutées jusqu'à la base, où le dialogue et la discussion restent embryonnaires. Le pape François utilise souvent l'image de la pyramide inversée, affirmant que le pape doit se trouver en bas de cette pyramide, et non en haut. Je ne suis pas certaine que, collectivement, nous parvenions à le vivre ainsi.

Mais, peut-être ai-je déjà écrit cela ou des phrases semblables.

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