Lorsque tu feras ta moisson, si tu oublies une gerbe dans ton champ, tu ne retourneras pas la chercher. Laisse-la pour l’immigré

Publié le par Michel Durand

Lorsque tu feras ta moisson, si tu oublies une gerbe dans ton champ, tu ne retourneras pas la chercher. Laisse-la pour l’immigré

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Je n’ai pas les moyens de conduire une enquête auprès des communautés chrétiennes catholiques pour savoir ce qui se dit au cours des liturgies. Et, je pense même ne pas avoir le désir d’un tel sondage. Pourtant, une question en permanence logée dans mon esprit me tient éveillé : les rencontres des communautés sont-elles à ce point tournées vers leur vie interne qu’elles en oublient de regarder à l’extérieur ?

Au cours d’une eucharistie dominicale, habituellement appelée à tort « messe », on parle de première communion, d’accueil des enfants, de visites des personnes âgées, de préparation au mariage, de prière pour les défunts… A-t-on un regard pour la vie sociale, la réalité des personnes qui vivent dans la rue ?

Le dimanche 15 janvier 2017 était « journée mondiale du migrant et du réfugié ». J’en ai parlé me demandant si le message de François à cette occasion avait été évoqué. J’imagine que dans la plupart des rencontres paroissiales, on a gommé ou à peine survolé ce souci fondamental, profondément enraciné dans la révélation biblique :

« Souviens-toi que tu as été esclave en Égypte et que le Seigneur ton Dieu t’a racheté. Voilà pourquoi je te donne ce commandement. Lorsque tu feras ta moisson, si tu oublies une gerbe dans ton champ, tu ne retourneras pas la chercher. Laisse-la pour l’immigré, l’orphelin et la veuve, afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans tous tes travaux » (Deutéronome 24, 18-19).

D’après mes quelques informations glanées au hasard des rencontres et en réponse à ma page de dimanche, je peux donc supposer que le souci du migrant fut majoritairement occulté.

- « Dans notre paroisse, ce dimanche 15 janvier, on a accueilli des enfants en marche vers leur baptême et en préparation à la première communion. Je n’ai pas entendu parler de la journée mondiale du migrant et du réfugié ».

- « Dans ma ville, à la messe dite des jeunes, à aucun moment, ni dans le mot d’introduction, ni dans l’homélie, ni dans la prière universelle, il n’y eut un seul mot sur les migrants, sur les mineurs réfugiés ».

En positif

Mais, soyons honnêtes, d’autres échos me sont parvenus et c’est pour rendre compte de ceux-ci que je rédige aujourd’hui cette page. Ils me viennent de chrétiens fortement engagés dans l’accueil et l’accompagnement des migrants. Des militants regroupés dans la Coordination Urgence Migrants (CUM). Je cite :

- « Rien à redire sur ton texte Michel (celui de dimanche passé).

C'est vrai qu'on parle très peu des mineurs. Pour répondre à ton interrogation, à la messe de samedi soir, on n'a pas parlé de la journée des migrants ; par contre, j'avais remarqué à la prière universelle une intention pour les migrants et tout spécialement pour les mineurs isolés. Il faut sensibiliser sans se lasser... » Jean Paul.

- « Pour la messe d'hier, j'avais été invitée par l'équipe liturgique composée de laïcs qui la préparaient pour partager ce que l'expérience d'ASSEDA (association de soutien et d’échanges avec les demandeurs d’asile) nous faisait vivre et réfléchir avec les migrants ; l'écoute a été très bienveillante ; une participante a dit qu'entendre directement quelqu'un qui témoignait lui faisait prendre conscience qu'elle avait peur de cette réalité quand elle l'entendait à la télé, mais qu'abordée dans ce cadre, elle entendait qu'on parlait de gens précis, avec qui certains avaient un peu cheminé : ça changeait un peu son regard... et du coup son rapport aux textes bibliques du jour, soulignant le côté universel du message.
La prière universelle a fait une belle part au thème. À la fin de la célébration, l'animatrice qui officiait ce jour-là m'a demandé de lire un texte à propos de Jean-Baptiste : "où sont les signes aujourd'hui?” et, avant de le lire, j'ai raconté une anecdote de la veille : ASSEDA avait organisé samedi une après-midi jeux et galette des rois avec les familles en demande d'asile (où d'ailleurs, Jean-Marie Jouham, le curé d'Oullins qu'on avait invité est venu, la pasteure Françoise Sternberger, le député Michel Terrot), et au moment du tirage des rois, Élohim, 5 ans, s'est écrié "Regardez, c'est moi qui ai eu la fièvre!" Plusieurs paroissiens m'ont dit après : "ça fait du bien d'entendre des choses drôles et ordinaires à propos des migrants".

Voilà, des petites choses... qui aident à entretenir la flamme ». Claire.

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