Avec évangéliste Jean nous comprenons que l’engagement chrétien est une permanente mise à la suite du Christ. Notre vocation !
Le Bon-Pasteur (auteur inconnu), peinture sur ciment Le visage du Christ est entouré, à droite, par un berger et ses brebis et, à gauche, par des silhouettes qui représentent les âges de la vie. Paris 11e.
« Dieu l’a fait Seigneur et Christ » (Ac 2, 14a.36-41
Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)
« Vous êtes retournés vers le berger de vos âmes » (1 P 2, 20b-25)
« Je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10)
Selon notre perception de la révélation biblique proclamée au cours des liturgies, toute Parole divine prononcée est confrontée à l’actualité. Certes, à chaque eucharistie nous ne pouvons pas embrasser tout ce qui compose notre quotidien, alors, nous mettons l’accent sur un ou quelques événements particuliers. Aujourd’hui, nos regards sont évidemment tournés vers les élections présidentielles. Comment notre vote reçoit-il l’éclairage de l’Évangile ?
Je réponds en quelques mots : en nous mettant à l’école de Jésus, le Christ. Jean écrit : Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. 1 Jean 4,20s
Luc informe dans les Actes des Apôtres (1ère lecture) : « Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. » C’est Pierre qui parle. Il s’adresse aux Israéliens, aux personnes qui sont en face de lui. Logique donc de parler du peuple d’Israël. Prononcée aujourd’hui, cette phrase résonne ainsi à nos oreilles : « Que le peuple de la Terre entière en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ ».
Pierre dit également : « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » Cela résonne fortement avec ce que nous constatons aujourd’hui dans le devoir de laisser à nos enfants une Terre habitable par tous. Écologie et mondialisation. Israël devient tous ceux qui sont au loin.
Depuis Isaïe, nous savons que, si Dieu a choisi le peuple Israël, ce n’est pas pour qu’il se concentre sur le mont Sion, mais pour qu’il s’ouvre à tous les hommes, toutes les femmes de toutes les contrées. Nous traduisons cela en disant que l’Assemblée, l’Église, est catholique, c’est-à-dire universelle, donc bien plus que romaine. Et qui est le chef de cette universelle Église ? Le Christ.
Le Christ n’est pas une valeur. Il est une personne, un maître que nous avons choisi de suivre parce que par lui, le bonheur est obtenu. Non le confort matériel. Mais la vraie joie, l’humaine et spirituelle béatitude. Voilà ce que nous annonce l’Evangile de ce dimanche. Jésus dit :
« Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
En temps pascal, chaque jour de la semaine, l’Évangile annonce que, pour avoir la vie en abondance, il convient de croire que Jésus, le fils de Marie, celui que les pouvoirs romains et juifs ont tué, est ressuscité. Entendons encore ce qu’écrit Paul aux chrétiens de Rome :
« Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons. En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut ». (Rm 9,10)
Le chrétien n’est donc pas celui qui se plie à une morale, à une idéologie, mais celui qui se met à la suite du Christ, le guide de sa conscience. Certes, suivre le Christ, comporte l’obligation de mettre sa vie en conformité avec ses convictions profondes ; il est indispensable de placer des limites à son mode de vie pour s’assurer que l’on reste bien dans la ligne du Christ. Autrement dit, le chrétien n’est pas d’abord l’adepte d’une moralité ; il est principalement le disciple de Celui qui se fait entendre parce qu’Il vit au milieu de tous les hommes en les aimant. Il n’entend pas la voix haineuse, mercantile. C’est ainsi que je commente la parabole du Bon Pasteur avec ses brebis que je viens de proclamer. Dieu qui nous parle est au milieu de nous, tout en demeurant au-delà. Jésus, le Bon Pasteur, est l’homme de la Vérité audible parce qu’il est de chez nous tout en étant de Dieu.
« Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. ».
L’évangéliste Jean développe sans cesse la proximité de la Parole du Père auprès des hommes. Avec lui, nous comprenons que notre engagement chrétien est une permanente mise à la suite du Christ. Plus qu’un programme à suivre, des lois à appliquer, la vie chrétienne est un cheminement permanent en compagnie de l’Envoyé de Dieu.
« Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage ».
Et, en suivant le Christ, il est simple de trouver ce que l’on souhaite, car même sans le voir, on entend et reconnaît sa voix. Les brebis, exprime la parabole, connaissent la voix de berger et le suivent. Elles savent qu’il n’est pas un voleur, un menteur, un mercenaire, un bandit, car il passe à la vue de tous par la porte.
Il se trouve que dans les actuelles élections les concepts de gauche, droite et centre sont dépossédés de leur contenu historique. Cela ne devrait pas nous perturber, car dans la ligne de notre baptême, nous sommes, simples citoyens ou candidats aux élections, par notre foi avant tout à la suite du Christ. La vérité du militant chrétien qui interroge les pratiques économiques, politiques, sociales provient essentiellement de son attachement au Bon Pasteur. Il se recommande du Ressuscité et non de quelques valeurs abstraites, par exemple Dieu*, le divin. On ne connaît Dieu que par le Christ.
À l’apôtre Philippe qui demande à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? » (Jean 14,8-9)
*J’aime bien ces paroles de Justin (2d s.) sur la non-connaissance de Dieu ;
Car personne n’est capable d’attribuer un nom au Dieu qui est au-dessus de toute parole, et si quelqu’un ose prétendre qu’il en a un, il est atteint d’une folie mortelle. Ces mots : Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maître ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et par ses œuvres. Le mot Dieu n’est pas un nom, mais une approximation naturelle à l’homme pour désigner une chose inexplicable.