Toujours dans le contexte des élections. Alors que faire, comme le demande avec raison l'un d'entre vous ?

Publié le par Michel Durand

Toujours dans le contexte des élections. Alors que faire, comme le demande avec raison l'un d'entre vous ?

A Christian et à tous,     (voir les pages précédentes : ici    et  ici     et  ici ......

Au lendemain d'un vote qui marque une étape, je veux revenir sur l'échange provoqué par le message de Christian Delorme et ma réaction. Merci à Christian, bien sûr, mais aussi à tous ceux qui ont pris part à ce débat.

Je remercie ceux qui ont vraiment pris la peine de me lire et d'essayer de saisir mon propos. Je prie ceux qui se sont sentis attaqués dans leur manière de se positionner, au point de présenter leur défense, de bien croire dans ma seule volonté de regarder en profondeur ce que nous vivons. Il est vrai que la réflexion peut sembler à certains démobilisatrice. J'estime quant à moi que réfléchir permet de se mobiliser autrement et peut-être avec plus de précision...

Certains ont pensé que je voulais prendre la défense des évêques (qui n'ont pas besoin de mon aide) ! Ceux-ci n'ont pas lu avec attention ou jusqu'au bout. C'est vrai que je n'ai pas critiqué ceux qui avaient pris position à titre personnel. Mais j'ai critiqué ceux qui faisaient semblant de ne pas prendre position pour faciliter la vie des partisans du Front National ou encore ceux qui dans le passé ont oublié la retenue normale d'un évêque vis-à-vis de l'expression publique d'enjeux politiques. J'ai surtout remercié ceux qui en dépit des critiques et de la difficulté de la situation ont tenu bon dans la distance, le recul réflexif et la sérénité. Je pense que l'on peut maintenant encore plus féliciter Mgr Ponthier pour son appel au sang-froid, quand il a parlé d'hystérie, car j'ai vraiment perçu de quoi il parlait. J'ajoute Mgr Ponthier à nos destinataires.

L'hystérie est très exactement ce climat qu'aiment à provoquer les médias, qui (en général) n'adorent rien tant que provoquer eux-mêmes les événements (en direct) et plus encore éprouvent une véritable jouissance quand ils pensent pouvoir faire la morale à l'Eglise catholique. Le Monde nous en a donné un très bel exemple la semaine dernière, cherchant à culpabiliser en tissant une comparaison irraisonnée avec les autres confessions et religions. Pendant plus d'une année, les médias ont mis la pression sur notre diocèse et notre évêque pour qu'il se soumette à leur diktat, car, mieux que nous, ils savent ce que nous devons dire et ils savent quand nous devons nous taire : voilà ce que je refuse. J'ai parfois écrit à notre cardinal pour l'encourager à résister sur ce point, à davantage chercher la vérité dans nos relations internes que la justification devant micros et caméras qui n'en ont rien à faire, sinon à y recueillir une allégeance. J'ai demandé, à plusieurs reprises, que l'on réfléchisse au Conseil du Presbyterium ou dans notre session de rentrée sur notre rapport aux médias, en vain. Leur main-mise semble trop forte.

 

Alors que faire, comme le demande avec raison l'un d'entre vous ?

D'abord, comme je l'ai fait dimanche, continuer de cultiver auprès de ceux et celles qui nous confiés l'importance du primat de la conscience et donner le goût de chercher à l'éclairer. J'ai mis à disposition un article présentant le texte des évêques en octobre (paru dans notre bulletin) et la déclaration du CREL signée par notre archevêque.

Par ailleurs, j'ai déjà noté comment le fait même de débattre était un événement heureux. Mais il nous faut continuer (loin des médias !). On ne peut pas laisser tomber par exemple la réflexion esquissée par Bruno-Marie Duffé.

Il nous faut cependant observer deux aspects :

1) notre débat - hormis une heureuse exception - s'est limité aux générations les plus âgées, les frères prêtres de la génération Macron nous ont manqué. S'il s'agit d'un dédain vis-à-vis de la vie du monde, il nous faudra reparler ensemble de l'incarnation et de ses conséquences. S'il s'agit de construire un contre-monde anti-laïque appuyé sur des identités chrétiennes bétonnées, il nous faudra encore plus parler de l’Évangile et de toute l'histoire de l'Eglise dans sa complexité... De toute façon, il faudra qu'on arrive à se parler, pas simplement faire des voyages et des dévotions ensemble...

2) nous apprenons (La Croix d'aujourd'hui) que la proportion des catholiques votant pour le FN a sensiblement augmenté. J'espère que ce point n'a pas de lien avec le précédent, mais on peut se poser la question... 

Ces deux points - à observer de façon plus précise encore - pourraient nous servir de base pour une nouvelle phase de dialogue.

Je pense aussi qu'il nous faudra songer - surtout si le Conseil du Presbyterium ne juge pas bon de s'en emparer - à organiser une vraie rencontre (pas seulement des mails impulsifs) sur les thèmes préconisés par Bruno-Marie. Le climat est plus apaisé, mais les perspectives n'apparaissent clairement à personne (pas même à notre jeune président). Il me semble que nous ne ferions pas que rendre service à notre Eglise diocésaine, si nous arrivions à poursuivre de façon constructive le débat entamé sur les relations de notre Eglise en tant que peuple de Dieu avec la réalité politique de notre pays.

Telle est ma conviction. Merci de l"avoir lue.

Fraternellement
Père Pierre LATHUILIERE

 

 

Publié dans Politique, Eglise, évangile

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