La communauté chrétienne selon l’Evangile n’attends pas que le ”curé” réunisse ses ouailles mais s’organise pour prier même sans prêtre

Publié le par Michel Durand

La communauté chrétienne selon l’Evangile n’attends pas que le ”curé” réunisse ses ouailles mais s’organise pour prier même sans prêtreLa communauté chrétienne selon l’Evangile n’attends pas que le ”curé” réunisse ses ouailles mais s’organise pour prier même sans prêtre
La communauté chrétienne selon l’Evangile n’attends pas que le ”curé” réunisse ses ouailles mais s’organise pour prier même sans prêtre

source des photos 1 -  2

 

Aujourd’hui, comme à chaque fois que j’entends des chrétiens se plaindre qu’il n’y a plus assez de prêtres, que les églises sont fermées, que la messe (c’est-à-dire l’eucharistie), n’existe au mieux qu’un fois par mois dans le village (on ne parle pas des hameaux où la réalité est une fois par an), je ne pense qu’à dire : ce ne sont pas les prêtres qui importent, qui comptent, mais les chrétiens. L’Église est d’abord l’assemblée des baptisés. Alors, les plus instruits parmi nous me répondent qu’après 21 siècles de célébration de l’eucharistie où le prêtre est jugé indispensable, on ne peut changer la donne. C’est le prêtre qui rassemble la communauté. La messe fait l’Église.

Tout en écoutant les arguments qui veulent me transformer en utopiste rêveur, je maintiens une perception de l’Église du Christ plutôt horizontale. La verticalité du culte ne résidant pas dans le Prêtre (Sacerdos) -car de Prêtre il n’y a que le Christ, unique Grand Prêtre-, le prêtre (presbyteros, l’ancien) est seulement celui qui veille au lien communautaire avec Dieu : Père, Fils et Verbe, Esprit. Or, pour qu’il en soit ainsi, il faut que la communauté se réunisse tout d’abord. Elle est première. Qu’elle se réunisse régulièrement, qu’elle ouvre les portes de ses édifices : églises, chapelles, oratoires, salles de réunion.

Que la communauté soit, par elle-même, en situation de prière.

Il y a l’office du matin, laudes ; l’office du milieu du jour, sexte, l’office du soir, vêpres. Si un prêtre (presbyteros) est présent, grande joie ; l’eucharistie sera célébrée. Mais, jamais, on attend le prêtre, pour se mettre en prière.

Or, pour qu’il en soit ainsi, des conditions sont nécessaires.

Il convient que le prêtre, fut-il curé, responsable de communauté, ne perdent pas patience et, au cours d’une célébration qu’il laisse bien aux baptisés priant avec lui, le temps de vivre le culte à leur rythme. Supposons qu’après la préface eucharistique l’assemblée ne chante pas assez vite, ce n’est pas au prêtre d’entonner le Saint, saint, saint, le Seigneur, Dieu de l’univers…

Pour bien me faire comprendre, je balaie les divers temps du culte eucharistique en soulignant les moments où le ministre de l’eucharistie risque, par habitude séculaire ou cléricalisme inconscient, d’imposer sa présence. Il ne met pas en œuvre le principe de subsidiarité.

1 ouverture

Les baptisés se réunissent donc pour prier. Le premier chant signifie la communauté réunie en Christ. Aussi, le début de l’eucharistie est bien ce premier temps de prière chantée et non la parole du prêtre célébrant disant : au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Il est en conséquence heureux de souligner, que nous sommes là parce que, marqués par le baptême en Christ, nous reconnaissons uni par lui, présents en sa présence. Il me semble que tout est dans le ton de la voix du prêtre président de la célébration eucharistique alors qu’il prend la parole après le représentant de la communauté local. Le laïc qui donne les grandes orientations de l’eucharistie du jour.

2 démarche de pénitence

C’est en reprenant les orientations de l’eucharistie du jour que le prêtre célébrant invite à faire la vérité en soi. Il ne lance pas le chant de demande de pardon. Il se sait lui-même pécheur : Que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde…

3 liturgie de la Parole

À mon avis, elle devrait être célébrée depuis un ambon (pupitre) qui manifeste toute la transcendance de la Révélation. Un petit pupitre placé à droite ou à gauche de l’autel ne suffit pas. Dans certaines églises historiques, l’architecture du lieu permet l’usage de l’ancienne chaire, moyennant le déplacement de quelques bancs pour créer un espace convivial de vis-à-vis.

Les lectures sont lues par des laïcs.

Le psaume entre les lectures devrait être chanté par tous ; il signifie l’union de toute la communauté à la Parole entendue.

L’évangile est lu par le prêtre ou le diacre. Mais ce n’est pas au ministre célébrant de lire le verset accompagnant le chant d’acclamation de l’Evangile. Dans les paroisses, quasi systématiquement, le prêtre vole la parole du maître de chant qui devrait, non pas lire, mais chanter ce verset.

4 Après le préface

Comme je l’ai dis, ce n’est pas au prêtre d’entonner le sanctus

5 Rite de la communion

Je vois que mon texte s’allonge ; je termine rapidement.

J’ai observé que quand l’Agneau de Dieu… était chanté ; le maitre du chant n’avait pas de problème pour conduire l’assemblée avec ce chant. Mais, étrange, si l’Agneau de Dieu… est seulement dit, c’est le prêtre qui parle, comme s’il bouchait le vide. Agissant, ainsi, comme par impatience, il prend la place du laïc.

6 L’envoi

Il est double. Celui du prêtre n’est pas de même nature que celui du répondant de la communauté. Celle-ci, en effet, sera invitée à se réunir en absence de prêtre. C’est généralement ainsi que se font les annonces par des laïcs.

Conclusion

Hélas, ce fut plus long que je prévoyais. Ma conclusion sera brève. J’ai pensé à rédiger cette page, en observant dans des communautés religieuses le comportement de prêtres ne laissant pas aux fidèles réunis le temps de vivre la liturgie eucharistique comme les habitués l’avaient prévu. Quand on s’impose quelque part, il est logique, à l’échelon inférieur (vocabulaire de la subsidiarité) de ne rien entreprendre sans se soumettre à celui qui se présente comme l’ultime « chef ». Racine de la passivité d’une communauté qui ne pense pas, n’ose pas se réunir en absence de prêtre.

 

 

Publié dans Eglise, Témoignage, évangile

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