Si l’eucharistique ne se résume pas à un programme politique, elle a des choses à dire dans l’espace public en y travaillant de l’intérieur

Publié le par Michel Durand

Si l’eucharistique ne se résume pas à un programme politique, elle a des choses à dire dans l’espace public en y travaillant de l’intérieurSi l’eucharistique ne se résume pas à un programme politique, elle a des choses à dire dans l’espace public en y travaillant de l’intérieur

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Pour une alternative catholique, Jean-Noël Dumont

 

Dans le débat que je souhaite sur la pastorale de proximité vécue par les chrétiens âgés, prêtres ou non, que l’on qualifie encore de spiritualité de l’enfouissement, il me semble que les propos de Jean-Noël Dumont doivent être pris en compte. Comme il vit à Lyon, il serait de bon ton qu’il soit associé aux débats qui risquent d’être nettement contradictoires.

Dans le passé, j’ai écouté ce philosophe en poste chez les maristes. On parlait de lui en le disant dans la ligne de Kierkegaard ; mais, au dire de ses élèves, il serait difficile de voir en lui des traces d’existentialisme kierkegaardien. En 1970 il a créé le centre Kierkegaard.

 

Robin Guilloux a bien connu Jean-Noël Dumont et lire dans son blogue ce qu’il en pense entre dans le vif d’un débat nourri.

 

« J'ai connu Jean-Noël Dumont dans les années 87-88 et j'ai  été stupéfié, même en faisant la part de la provocation, par le pharisaïsme décomplexé, le dogmatisme, l'agressivité et le manque d'ouverture d'esprit de ce "philosophe" pour lequel l'introduction de la mixité chez les maristes de la montée Saint-Barthélémy, dont tout le monde à part lui se fichait éperdument, n'était rien de moins que le début de la fin. » (…)

« Si Jean-Noël Dumont a changé, je ne peux que m'en réjouir, mais de deux choses l'une : ou bien il entend mettre en œuvre une stratégie de "restauration catholique", adaptée au goût du jour, mais qui n'intéresse personne, à part une poignée d'intégristes, ou bien il s'agit d'autre chose qui évidemment m'intéresse (et pas seulement moi)... et je veux bien lui accorder le bénéfice du doute (mais je continue à me méfier, car chat échaudé craint l'eau bénite), en espérant que l'"alternative" réussira à dépasser un catholicisme réduit aujourd'hui - "Larvatus prodeo" - à une idéologie récupératrice de tout ce que l'on vilipendait hier, relooké à la Frigide Barjot. »

 

Lire l’ensemble de la page de Robin Guilloux est d’une grande importance ; je vous y invite.

 

Car, à travers ce regard, la question de la position du catholique dans la société, son engagement politique (ou non-engagement), bien situé.

 

L’apport de l’article de La Vie

En fait, j’ai eu idée de cet article en lisant le numéro du 22 juin 2017 de La Vie.

 

Si vous n’êtes pas abonné à cet hebdomadaire, sur votre demande, je peux vous en courrieller une copie.

Les quatre postures des chrétiens que Jean-Noël Dumont présente correspondent à celles que je développe pour inviter des confrères à réfléchir sur l’engagement des chrétiens dans leur volonté d’annoncer l’Évangile. Je cite de paragraphe :

Vous montrez que pour réagir à leur marginalisation de l'espace politique, les chrétiens ont essayé plusieurs attitudes.

Oui, je distingue quatre postures. Il y a d'abord le modèle identitaire, celui de la citadelle dans lequel se fondent tous ceux qui rêvent de restaurer une cité dans laquelle les valeurs chrétiennes irrigueraient le champ politique et social. Autre modèle : celui de l'enfouissement dont j'ai déjà parlé. Nous coopérons à la vie de la société, disent les chrétiens inspirés par cette attitude, mais en faisant disparaître l'étiquette qui nous inspire. Il y a aussi le modèle de la marginalité prophétique. Comme Bloy, Péguy ou Bernanos, ces chrétiens se pensent en contre-culture, en contre-société. De la colline où ils sont retirés, ils lancent des invectives à la modernité. La revue Limite, dont j'ai formé certains des membres, me semble tentée par cette attitude. Dernière stratégie : l'engagement politique à découvert. Il s'agit ici de prendre part au débat public et de faire valoir la pertinence et la rationalité de positions inspirées par la foi. Les catholiques engagés à la CFTC, au PCD (Parti chrétien-démocrate), dans les journaux chrétiens ou encore à Sens commun relèvent de ce modèle.

Selon vous, ces quatre postures feraient fausse route. (…)

Lire la suite

 

 

Enfin, toujours sur ce même sujet, j’invite à regarder la vidéo de KTO.

 

Ceci dit ou entendu, je pense que lire ou relire l’article d’Étienne Grieu s.j., Pertinence sociale et politique de l’Eucharistie, renforcera la réflexion. Bref, on devrait désormais se sentir à entrer dans un sympathique échange, un débat autour de la pastorale dite de proximité. Vivre avec les gens à qui l’Évangile est donné.

Publié dans Eglise, Politique, Témoignage, Prado

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P
Premièrement, le renvoi dos-à-dos des quatre catégories de postures, que JND dit ne pas mépriser, mais qu'il discrédite si facilement, peut être considéré comme un moment de sa problématique, ce qui l'amène à proposer autre chose. Mais c'est les instrumentaliser de trop. D'autant qu'être ferment n'interdit pas à certains moments ou circonstances d'être prophète contestataire et réciproquement. (Bernanos n'est d'ailleurs pas sur le retrait d'une colline lorsqu'il écrit les Cimetières et s'engage contre la collusion des cathos espagnols avec la violence. Son prophétisme dénonce non pas le monde moderne, mais la solidarité de l'Eglise avec le mal.) L'engagement politique n'interdit pas le ferment : on n'est pas obligé d'être engagé dans un "parti catholique" pour être engagé en politique, dans un syndicat catho, dans des œuvres cathos, etc. C'est un faux débat cette affaire enfouissement contre visibilité. C'est bêtement anti-soixantehuitard.<br /> N'est-ce pas en partie les mêmes qui essaient d'être ferment dans la patte et qui sont présents aux cercles de silence, par exemple ?<br /> <br /> Deuxièmement, sur l'aspect politique de l'eucharistie, je trouve que c'est un peu court. Il ne suffit pas de dire que manger est communion. Il faut dire que manger est fraternité. Avoir part au pain, c'est annoncer un autre modèle de société, celui de la fraternité avec tous. On ne choisit pas ses frères, on les reçoit. Comment pouvons-nous communier lorsque les frères sont méprisés ? Mais puisque les évêques ne peuvent même pas dire que le vote FN est contraire à la foi...<br /> Les clochards à la porte devraient être introduits dans la célébration. Comment est-il possible que des frères, ainsi sont-ils, demeurent à la porte, quand nous chantons "Voici le corps et le sang du Seigneur" ? La seule fois où je l'ai fait, non seulement l'homme en a été heureux, plus, transfiguré, il n'en revenait pas, mais la communauté bouleversée. C'était un jeudi saint, il y a des jours de grâce, et c'est à lui que j'avais les pieds. Ce que nous voulons, disciples de Jésus, pour la société, nous le vivons dans la communauté. Et c'est prophétique, provocation, appelle par devant, pour tenter de faire se retourner la société.<br /> <br /> Le problème est effectivement que l'eucharistie est principalement voire exclusivement rite ou dévotion, et non pas compromission. "Tu fais ta demeure en nous Seigneur", nous fait-on chanter sur un air mièvre, alors que l'inhabitation du Père et du Fils dans le croyant, c'est lorsque nous mangeons le pain, c'est-à-dire mangeons la parole, la mettons en pratique. Ce sont les cathos eux-mêmes, de quelques bords qu'ils soient, qui renvoient la religion à l'espace privé. La placer dans l'espace public les engagerait de trop.
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M
Merci P R pour votre commentaire. Il me semble qu'un colloque sur ce sujet serait utile dans notre Eglise à Lyon. Je l'imagine avec la participation de membres de l'ACO, ACI, JOC, MRJC, Mission de France, petits frères et petites sœurs de Jésus, Pradosiens, pradosiennes etc...