Comme est grand le bonheur de ne pas s’ennuyer quand, par choix, on ne fait absolument rien afin de se donner à une intime construction
Les personnes que je rencontre, notamment à la paroisse Saint-Maurice, reconnaissent que le monde actuel se trompe en voulant toujours plus, en travaillant pour produire encore plus.
Beaucoup de gens s’interrogent en constatant la multiplicité des activités entreprises. Pourtant, ils continuent à « boucher tous les trous », tous les espaces de temps libre. Ils sont à la quête d’une nouvelle action par crainte de rencontrer l’ennui. Ils ont peur que leurs enfants s’ennuient alors on les inscrit au judo, à la danse, au rugby, à la musique, etc.
Je l’ai récemment constaté au cours d’une rencontre de parents à l’occasion du baptême du dernier né. Jamais de temps libre.
Les parents n’ont jamais une minute de tranquillité. Et ils incitent leurs enfants à toujours faire quelque chose.
Ceci dit, je prends plaisir à raconter cette parabole.
Hier, j’ai rencontré une dame qui disait avec éclat : je viens d’accomplir un exploit. Vraiment un exploit dont je ne me croyais pas capable. Je suis resté une heure sans rien faire. Sans produire quoi que ce soit. Je suis resté à la maison. Je n’ai pas lu, je n’ai pas dormi, je n’ai fait ni cuisine ni ménage. Je n’ai rien fait ! Et je m’en sens mieux.
Je me suis assise sur le tapis du salon. J’ai fermé les yeux. Je me suis reposé. Posé sur le sol, assise en tailleur, pour me reposer.
Je pense avoir médité. J’ai regardé en moi-même ; j’ai pensé ; j’ai observé le passé et imaginé l’avenir. Je me suis calmé ayant arrêté toutes les possibles agitations cérébrales.
Bref, je n’ai rien fait pendant une heure et je m’en trouve bien. Voilà mon exploit.
Je souhaite revivre régulièrement ce temps d’inaction que je découvre plein de repos, de contemplation, de méditation paisible. Et je ne me suis pas ennuyé. Pourquoi ne pas me reposer ainsi chaque semaine ?
Autrement dit, selon ma définition de la perfection, cette dame se présente comme ayant atteint un état de sagesse parfaite, de bonheur complet. En effet, selon moi, la sagesse, c’est quand on ne s’ennuie pas alors que l’on n’a absolument rien à faire, que l’on ne fait vraiment rien. Plénitude de la contemplation. Le bonheur du ne rien faire pour bien méditer, correctement penser. Être soi-même en soi-même.
À ce propos, Arte parle de méditation laïque. C’est le tout début d’une ouverture vers la transcendance de Dieu. Se reconnaître dans sa relation avec le Créateur de toute chose. Celui qui nous invite à mettre des limites à nos actions productrices, car, malgré tout, l’univers est limité, l’homme est limité. La méditation est la porte de la sagesse.