Être attaché à Dieu et être attaché au prochain que l’on rencontre de telle sorte que les rapports deviennent en toute occasion des rapports d’amitié, de fraternité
Ce jour, en la Chapelle du Prado à Lyon, nous avons célébré l’eucharistie en accompagnement d’un frère du Prado, Georges Tardy (85 ans), récemment décédé. Voilà ce que j’ai dit :
La prière de ce matin, nous la vivons en présence de Georges, notre frère à plusieurs titres.
D’abord frère en humanité. Dieu-Père que nous prions de nous donner le pain de chaque jour est le père de tous les humains. Dans ce quartier de la Guillotière, de la rue Paul Bert, à la rue de la Madeleine où se trouve Notre-Dame de Saint Louis, une église de la paroisse du Bienheureux Antoine Chevrier, en passant par ce lieu, salle de bal, transformée par le fondateur du Prado en lieu de vie, école et chapelle ouverte à tout public, régulièrement fréquenté par Georges, dans ce quartier où toutes les cultures, toutes les convictions sont présentes, Georges signifiait constamment la présence de Dieu pour toutes et tous dans le respect des engagements de chacun. Frère universel.
Puis frère de sang, largement entouré par sa famille jusqu’au dernier moment. Enfin frère par appel divin en tant que « laïc consacré », selon le langage de l’Église catholique qui spécifie ainsi la vocation baptismale.
Frère dans la famille de celles et ceux qui ont répondu à l’appel de suivre Jésus-Christ de plus près afin d’apporter à tous la bonne nouvelle du salut.
Jean 15, 15-18
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres.
Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.
Je souhaite dire quelques mots pour souligner l’importance d’une présence dans le monde au nom de Jésus-Christ. Il ne s’agit pas de faire rentrer dans une Église particulière, mais dans le sein de Dieu.
Dans la ligne du baptême qui nous consacre, prêtre, prophète et roi, nous sommes invités à rendre visible l’amour plein de miséricorde de Dieu. À la suite du Christ, notre maître, nous sommes fortifiés par l’Esprit saint pour montrer que Dieu aime tout le monde. Georges, comme le soulignent les témoignages entendus, a agi ainsi. Miroir de l’attention du Père pour toutes et tous.
Autrement dit, à la suite de Jésus, il ne suffit pas d’être raisonnable ou de bien agir selon la morale. Il est principalement question de révéler Dieu qui aime chacun de nous, y compris ceux qui se montrent ennemis. L’Évangile demande de nous aimer véritablement ; aimer comme Jésus aime. Aimer parce que nous sommes amis et non-serviteurs. Aimer en communiquant ce que nous savons du Père aimant. Aimer, c’est-à-dire être autant attaché à celui que l’on écoute, Dieu, qu’à celui à qui l’on parle. Respecter la personne rencontrée, certes. Mais plus encore, lui vouloir tout le bien possible. « Faire de la présence de l’autre une présence unique, comme celle de Jésus pour le Père » (Serge Lefebvre).
Être attaché à Dieu et être attaché au prochain que l’on rencontre de telle sorte que les rapports deviennent en toute occasion des rapports d’amitié, de fraternité. Dieu nous a choisis pour cela ; nous a appelé pour cela :
afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.
Nous aimer les uns les autres
Aimer son prochain comme soi-même.
Voilà qui construit le Royaume, c’est-à-dire l’intimité avec Dieu.
Vivre ainsi à l’école d’un Dieu de grande liberté, vivre à la manière de Jésus conduit inévitablement à divers combats. Combats inévitables pour briser les chaînes du matérialisme, de l’économisme et des préjugés. Nous en parlons souvent aujourd’hui notamment à propos de l’accueil des migrants, mineurs, jeunes adultes ou familles, et ceci sur tous les continents.
Oui, nous constatons chaque jour qu’il est vraiment difficile d’aimer comme Jésus nous a aimés. Cela ne doit pas nous étonner. La grande famille humaine que nous souhaitons dans le respect des différences n’existe toujours pas. Alors, il nous revient d’accepter d’aimer sans attendre de retour. Aimons gratuitement. Comment être étonné de tant d’adversité ? Disciple du Christ, ce qu’éventuellement nous subissons, le Christ l’a vécu.
Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.
Amis, et non serviteurs, quoi qu’ils arrivent, voilà ce que Dieu nous commande :
Aimez-vous les uns les autres,