L’attitude mystique ! Celui qui ne comprend pas fait confiance. Dieu, car il est Amour, ne peut que résoudre les problèmes de notre terre
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » (Gn 18, 20-32)
Le jour où je t’appelle, réponds-moi, Seigneur. (cf. Ps 137, 3)
« Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes nos fautes » (Col 2, 12-14)»
« Demandez, on vous donnera » (Lc 11, 1-13)
Devant l’immensité des problèmes que l’on rencontre -prenons comme exemple significatif la pression du pouvoir de l’économie sur les personnes (via Trump, Johnson, Le Pen, nationalisme blanc - voir ici), ou encore, l’espérance désespérée de François écrivant à Bachar al Assad pour qui « la guerre se terminera quand tout le monde à Idlib sera liquidé », je me dis que seule l’attitude mystique peut subsister.
Comment regarder le monde tel qu’il est avec le regard de Dieu ?
« les trois visiteurs d’Abraham (Dieu lui-même) allaient partir pour Sodome…
leur faute, comme elle est lourde !…
Abraham : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent !
Alors, dans ce regard confiant, près de chez nous comme au loin, comment résoudre les situations inhumaines ? De siècle en siècle, rien ne s’améliore !
- Prions sans cesse. Prions d’une prière de demande.
Seule l’attitude mystique implorante peut vaincre les obstacles. L’audace d’Abraham.
Avec ce mot, « mystique », je me place en face du mystère, de l’inconnu et de l’inconnaissable : Dieu. Je ne le comprends pas et je ne cherche pas à comprendre, car, ce que je chercherai à élucider, est hors de ma portée. Même dévoilé en Christ, Dieu est mystérieux. Et pourtant, il est ma Lumière.
Dieu, au-delà de tout créé,
Nous ne pouvions que t'appeler
L'inconnaissable.
Béni sois-tu pour l'autre voix
Qui sait ton nom, qui vient de toi,
Et donne à notre humanité
De rendre grâce.
Celui qui ne comprend pas fait confiance. Telle est l’attitude mystique. Dieu, car il est Amour, ne peut que résoudre les problèmes de notre terre. La confiance que je lui accorde me donne la force de vaincre mes paresses, mes obscurcissements, mes doutes, mes craintes et paralysies. L’espérance se maintient et donne une foi, comme dit l’Évangile, à déplacer les montagnes.
Il n’est plus utile de comprendre quand on ressent dans tout son être la puissance de l’Esprit. Et, même si l’on percevait quelque chose d’intelligible, il faudrait s’en méfier. Celui qui pense pouvoir définir Dieu est dans l’erreur, le mensonge. Car, que sait-on de son mystère ? Par exemple, à chaque fois que je dis que Dieu est Amour, je dois nier qu’il est amour ; car son Amour est largement autre que l’amour que je conçois avec mon expérience humaine. Dieu est ce que j’en pense et n’est pas ce que je pense qu’il soit. Les théologiens appellent cela de la théologie négative. Il me semble que cela s’applique bien à l’Évangile que nous venons d’entendre.
« Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander » trois pains.
Jésus prie. La tâche qu’il a mission d’accomplir -réconcilier l’humanité entière à Dieu (Sodome)- dépasse tout entendement. Il a donc besoin d’entrer en dialogue avec son Père. Il prie en un endroit à désert, loin des gens pour être seul avec Dieu. Il est quelque part. Où ? Dans la montage ? Il est seul, c’est l’essentiel ; et il passe la nuit à prier (Lc 6,12). Les disciples sont impressionnés par cette longue attitude priante de Jésus. Ils l’interrogent peut-être avec le désir de s’unir à sa prière.
« Seigneur, apprends-nous à prier »
Et Jésus annonce son dialogue avec l’unique Père possible, Dieu, le Créateur. Celui qui est au-delà de tout* et que l’on nomme Père.
« Père que ton nom soit sanctifié… donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour… »
La parabole que Jésus développe ensuite pour expliciter la teneur de la confiance n’a pas besoin d’explication.
« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ? »
La prière est dialogue ; la prière est demande. Elle se développe dans un climat de confiance, car on sait que le Créateur du monde est bon. Pas besoin de raisonnement. Mais beaucoup de spontanéité, comme chez un enfant qui « boit » les paroles de son père. Dans la prière, c’est le Verbe de Dieu qui nous parle. Antoine Chevrier : « Il faut accepter les paroles de Dieu avec simplicité, avec cette autorité divine qui lui convient et laisser de côté ces raisonnements humains qui ne viennent que de l’orgueil ou de nos passions intérieures qui ne veulent pas accepter une doctrine si pure, si céleste. Il ne faut pas venir avec l’intention de raisonner, de discuter, rien de tout cela : Dieu le dit, il faut le faire. Il faut recevoir la parole comme un enfant reçoit la parole de son maître. Sachant bien que le maître en sait plus long que lui et que ce qu’il dit est vrai et qu’il faut l’accepter telle qu’elle est.
L’enfant qui ne comprend pas, interroge pour comprendre, pour savoir saisir le sens, mais non pour discuter, raisonner.
Il faut respecter l’autorité de la parole, l’autorité du maître » (Antoine Chevrier).
Voilà, me semble-t-il, l’enseignement que les apôtres recherchaient en questionnant Jésus : apprends-nous à prier. N’est-ce pas aussi notre demande ?
Lorsque nous disons Père, au-delà de toute compréhension nous entrons en relation avec Lui. Et nous avons l’audace d’insister, comme Abraham :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le Seigneur déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. »
Parce que fils et fille de Dieu-Père, nous acceptons de lui être attaché. Nous voulons une communication, un dialogue avec lui, marque de l’amour. Tel un ami importun, nous sollicitons Dieu et lui permettons de se manifester à nous et de nous influencer.