À tout coup les fidèles chrétiens sortiront perdants de la présente situation qui entache l’Église et son action contre les abus sexuels

Publié le par Michel Durand

Un homme d'Église entre une juge ecclésiastique et un juge laïc. Décret de Gratien, 13e s. Biblio. municipale de Tours

Un homme d'Église entre une juge ecclésiastique et un juge laïc. Décret de Gratien, 13e s. Biblio. municipale de Tours

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Dans son numéro de novembre Église à Lyon donne les dates du procès en appel du Cardinal Barbarin. Il « se tiendra les 28 et 29 novembre ». Le mensuel précise : « il a été condamné, le 7 mars 2019, en première instance, à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuel commis sur mineurs par le P. Preynat dans les années 1972-1990 ».

 

À cette époque, jeune prêtre, je me trouvais en service sur la paroisse Saint-Henri dans la ville du Creusot. Alors, au printemps 72 (ou 73), au cours d’une réunion, j’entendais mes confrères parler à mots couverts d’un curé qui avait été subitement déplacé dans une autre ville. Comme je ne comprenais pas de quoi il s’agissait, je posais des questions. Soit on ne me répondait pas, soit on me parlait avec des mots tellement masqués que je ne comprenais toujours pas. J’ai le souvenir que ce n’est que plusieurs années après, ayant opéré divers regroupements, que j’ai compris que ce curé avait changé de paroisse suite à des actes pédophiles.

Le film allemand Ma très grande faute, réalisé en 2015 par Gerd Schneider, montre bien le climat de l’Église. Une Institution qui cherche à se protéger par tous les moyens. Arte donne ce commentaire : « Après le Vatican, qui a enfin accepté de battre sa coulpe à partir de 2010, l’Allemagne a elle aussi connu sa vague de scandales liés aux abus sexuels. Bien que le générique de fin mentionne que "cette histoire est une pure fiction", difficile d’être dupe et de ne pas penser à des cas avérés. Un film douloureusement ancré dans son époque ». Lire cet article du quotidien La Croix.

 

 

Quoiqu’il en soit de l’issu du procès au 29 novembre, l’Église demeurera dans le camp des perdants. Sa crédibilité est bien atteinte. Durablement atteinte. J’entends ce verdict dans divers milieux et il semblerait que, désormais, je le fasse mien. Quelles en seraient les raisons ?

Voilà.

Supposons que Bernard Preynat soit plombier et que, introduit dans les familles il eut des gestes inconvenants. Ne serait-il pas en prison préventive ? Et, comment se fait-il que son jugement n’ait pas encore eu lieu ? N’est-ce pas sa situation de prêtre qui explique la longueur de l’instruction ? Pas de préventive, pas encore jugée… qui paye son avocat ? Il y a de quoi voir dans ce régime particulier une collusion entre les gens de robe, comme on disait jadis, les ecclésiastiques et les juges.La bonne bourgeoisie.

Un aumônier de prison le pense très clairement : «si  l’affaire Preynat n’était pas celle d’un prêtre, le prévenu n’irait pas au tribunal en toute liberté, il serait en préventive ». Une façon de protéger la société. Lisons : « Une personne poursuivie en matière pénale peut être placée en prison avant le procès, sous le régime de la détention provisoire. Il s'agit d'une exception à la présomption d'innocence. Elle est très encadrée par la loi, notamment en ce qui concerne sa motivation et sa durée » . Voir plus d'info ici.

 

 

Soit l’évêque de Lyon, gagne le procès en appel. Soit il le perd. Dans tous les cas on entendra des arguments peu favorables à l’Église.

Il gagne. L’Église a toujours eu des accointances avec la justice. Ces deux instances dans les sphères les plus hautes partagent leur pouvoir dans les mêmes salons. Que des juges se prononcent contre d’autres juges montre clairement les lieux de pouvoir et zones d’influences. L’Église (le clergé) n’est pas avec le peuple, avec les petits. Elle s’arrange avec « les grands ».

Ou bien, le procès est perdu. Alors on entendra : pourquoi a-t-il fait appel ? Comment a-t-il pu suivre l’avis d’un avocat qui conseilla de faire appel s’empressant d’écrire au pape, en espagnol pour être certain d’être entendu dans l’affirmation : nous gagnerons le procès en appel, c’est certain. Les cadres de l’institution ecclésiale se sont faire avoir par les promesses de personnes influentes dans les hautes sphères de la société.

 

Quoiqu’il en soit, j’en conclus, avec je pense beaucoup d’autres chrétiens, il nous faudra de très nombreuses années pour remonter en Église la pente de la crédibilité.

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