Un Père est là, il a les bras ouverts, et il vous attend. Cet Esprit d’Amour qui existe entre le Père et moi (Jésus), nous vous l’envoyons
Source de la photo. Avec un entretien à lire (par la Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones).
Le 16 juillet 2020, Robert Divoux, a envoyé par courriel un texte intitulé « Je suis chrétien… » ou, en termes administratifs : « De religion catholique ». Avant de le donner à lire, il explique ce qui en a motivé la rédaction :
« Quelques mots sur l’origine de ce qui suit [le texte en question] : pendant le confinement mis en place contre le Covid 19, comme beaucoup j’ai lu des journaux (sur internet), écouté la radio et regardé la télévision plus souvent que d’habitude. Or parmi les sujets abordés, il y a eu l’interdiction des cérémonies collectives. Les messes publiques étaient donc concernées.
Cela a provoqué des réactions de membres de l’Église Catholique - parfois même en des termes violents - et j’ai été atterré de constater l’image des chrétiens qui s’en dégageait ! J’ai aussi été consterné par l’image qui ressortait de certaines interventions de journalistes : le plus souvent le chrétien était présenté comme quelqu’un qui accomplit un rite : le dimanche il va à la messe pour recevoir la communion, un petit morceau de pain rond, tout blanc (J’ai entendu ça une fois !). Dans ces descriptions, l’idée d’un Dieu qui nous aime était bien cachée ! Celle de l’amour du prochain aussi ! Finalement l’image du chrétien qui ressortait était purement formelle, et en conséquence insignifiante.
Je pensais à tous mes "enfants" (d’adoption), à mes amis proches ou plus lointains, à mes relations… dont une bonne partie est athées, ou agnostiques, ou indifférentes, et j’avais honte de ce visage des chrétiens que leur communiquaient bien des médias. Et je souffrais aussi du peu de réactions à cette insignifiance dans mon Église catholique.
Je me suis alors souvenu d’une question que j’avais posée il y a longtemps à l’ecclésiologue Jean Rigal (professeur à l’Institut Catholique de Toulouse) :"Jean, si tu avais été prêtre-ouvrier dans la partie machine du Titanic, qu’aurais-tu fait quand vous, les machinistes, auriez compris que c’était la fin ?"
- Je leur aurais dit : “Les copains, j’ai la conviction que tous, nous allons rencontrer un Père qui nous aime, et qui nous tend les bras. Simplement nous aurons à accepter de nous jeter dedans…”
Voilà qui est plus parlant comme image du chrétien, comme description de sa foi !
J’ai donc essayé d’exposer de façon simple POUR TOUS ce qui me semble fondamental d’exprimer quand on dit : Je suis chrétien. »
« Je suis chrétien… »
Comment expliciter le cœur du contenu de cette courte phrase, cette phrase qui engage toute la vie de celle ou celui qui la proclame ?
Cette question me turlupine depuis que j’ai moi-même réalisé que j’adhérais à cette déclaration de foi (vers mes 20 ans, et j’en ai 90…). Comment donner une réponse qui rende possible le partage avec d’autres personnes, chrétiennes, ou adhérant à une autre religion, ou sans religion… tout en gardant la richesse de son contenu ?
Je crois qu’il me faut commencer ainsi : en devenant chrétien, je suis entré dans une histoire d’amour ! D’amour filial, d’amour fraternel, d’amour sans barrière…
Mais ATTENTION ! DANGER ! Amour est un mot difficile à manier. Il a tellement de sens… Il ne faut pas confondre "l’amour-don de soi" et "l’amour-possession de l’autre" (d’ailleurs est-ce encore de l’amour ?). Ni le penser en terme "d’émotions religieuses", ou de "fuite du monde", ou encore d’"esquive des conflits" (certains reconnaitront ici l’ombre d’Yves Congar).
Cette histoire d’amour a commencé avec Jésus-Christ. D’accord, je ne l’ai jamais rencontré "de visu" puisqu’il a quitté notre planète il y a 2000 ans. Mais je l’ai entendu, car il m’a "parlé" à travers des écrits, portés et même certains écrits par ses disciples (ce qu’on appelle la Bible). Il m’a parlé également à travers les témoignages de ceux qui l’ont écouté, et qui l’ont suivi au cours des siècles… Ces mots, ces témoignages de vie m’ont interrogé ; ils m’ont séduit, et ils m’ont fait réfléchir. Finalement j’ai fait confiance à ce que je découvrais. Finalement j’ai dit oui à Jésus-Christ.
Oui Jésus, je crois que tu es Dieu fait homme, venu pour cheminer fraternellement à nos côtés vers ton Père, que tu es venu nous révéler, et nous proposer de partager avec nous.
Ton message est simple : "Un Père est là, à vos côtés, il a les bras ouverts, et il vous attend. Cet Esprit d’Amour qui existe entre le Père et moi, tous deux nous vous l’envoyons : il vous porte ce message (de 1000 façons différentes, à travers le déroulement de la vie…), à chacun de décider de sa réponse."
Voilà le cœur de ma foi, c’est là mon trésor. Mais cette richesse, avec toutes ses dimensions, ne se découvre que peu à peu, au cours de nos années. Et nous ne fermons pas non plus les yeux sur la boue qui s’introduit toujours, plus ou moins, dès que l’Homme – libre - est partie prenante du déroulement de l’Histoire. Mais de toute façon le trésor rayonne, et il nous appelle à avancer, même dans des eaux parfois très troubles, afin d’en découvrir toutes ses pépites…
Ensuite nous avons à réaliser que nous ne sommes pas seuls à croire. Ce cheminement avec Jésus-Christ a une longue histoire sur notre Terre ! Nous sommes, de façon plus ou moins consciente, très nombreux à avoir marché à ses côtés. Aussi, depuis 2000 ans, de nombreuses traces ont été laissées sur ce chemin. Elles sont pour moi des repères et facilitent ma marche ; elles m’aident à contourner des obstacles repérés par d’autres avant moi, tout en me laissant penser qu’il y en aura de nouveau qui se présenteront et qu’il faudra surmonter.
De plus nous n’avons pas tous le même pas, le même rythme, la même façon de nous projeter vers l’avenir… Dans tous les cas de figure, il faut faire attention de ne pas oublier l’essentiel : nous aimons notre frère Jésus-Christ, nous essayons de marcher à ses côtés, et donc nous avons à être fraternels aussi avec toutes les femmes et tous les hommes qui sont sur notre chemin, quel que soit leur origine, leur couleur de peau, leur culture, leur âge, leur religion… C’est la condition numéro 1 pour ne pas risquer "la sortie de route" : n’exclure personne ! Dès qu’une once de haine s’introduit, la foi se grippe !
Pour moi je pense avoir dit l’essentiel. Merci à l’évangéliste Jean qui me fournit une conclusion :
« Qui n’aime pas, n’a rien compris de Dieu, car Dieu est Amour. » (1 Jean 4:8)
* * *
Voici en post-scriptum, quelques réponses simples à des objections courantes :
a/ sur l’existence d’un dieu :
On ouvre les yeux, une nuit sans nuage et sans lumière parasite, et on perçoit une toute petite parcelle de l’UNIVERS dans lequel nous existons. D’où une première question : D’où vient-il ? Comment fait-il qu’il soit là ?
Est-il venu de RIEN ? C’est impensable : RIEN n’existe pas, par conséquent il ne peut RIEN produire !
Donc on est amené à penser que l’Univers a été créé. Mais alors par qui ? En une phrase Voltaire a bien résumé cette question :
« L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger »
in Les Cabales de Voltaire (1694-1778).
Par conséquent il nous faut proposer une hypothèse de travail : quelle autre possible que celle d’un dieu-créateur, "horloger de l’univers" ? Pour toutes sortes de raisons cette explication peut être difficile à accepter, mais quelle autre donner ?
b/ Mais pourquoi un dieu aurait-il créé l’Univers ?
Là j’amorce une réponse qui a comme source des rencontres personnelles (la première étant celle de ma maman et de mon papa !), des lectures, des méditations ; à la suite aussi des beautés et des bontés entrevues au cours de mes longues années.
Pourquoi Dieu a-t-il créé l’univers ? Mais tout simplement parce que Dieu veut partager son bonheur avec des personnes créées "à son image". Disons-le avec des mots simples : Dieu a eu envie d’être Père, d’être Mère (on regardera en note cette dualité)[1], et c’est pourquoi nous sommes là. Et comme Dieu voit grand, nous sommes nombreux !
c/ Jésus-Christ est un mythe…
Concédons qu’il était possible de défendre cette position dans les siècles passés. Mais la science historique a bien progressé, et plus un seul véritable historien ne met en doute l’existence d’un "Monsieur Jésus-Christ", né vers 6 av. J-C, et décédé entre 30 et 33 après J-C. De plus à travers les écrits et les nouvelles recherches archéologiques on a aussi de plus en plus d’éléments historiques sur ce qu’a été sa vie.
Mais bien entendu l’histoire ne nous révèle qu’un homme, dont on fête la naissance à Noël [2]. Sa divinité – si elle existe – échappe au regard historique. Mais il faut avoir conscience des limites de ce regard.
EN NOTES :
[1] Comparer Dieu à un Père – donc un homme - est passé dans les usages depuis bien longtemps ! Mais la Bible compare également Dieu à une Mère, même si cela a été oublié car, jusqu'au siècle dernier, il était difficile pour les cultures de l’époque de penser Dieu autrement que comme masculin. Mais heureusement peu à peu la mentalité évolue, et certaines censures qui pesaient sur la pensée se disloquent.
En fait dès la première page de la Bible, il nous est dit que : “Dieu créa l’humain à son image, il le créa à l’image de Dieu, il les créa homme et femme.” (Genèse 1:27). Donc ce récit dit explicitement que l'image de Dieu n’est ni masculin ni féminin, mais homme ET femme.
Certains passages comparent d’ailleurs Dieu à une mère qui nous enfante et qui nous allaite. Par exemple :
Isaïe 4,3 : « Écoutez-moi, gens d’Israël… J’ai pris soin de vous depuis votre naissance. Je vous ai portés depuis que vous êtes venus au monde.
Je resterai le même jusqu’à votre vieillesse. Je vous porterai jusqu’à ce que vous ayez les cheveux blancs. C’est moi qui vous ai faits, c’est moi qui vous porterai. Oui, je prendrai soin de vous et je vous sauverai. »
1Pierre 2,2 : « Comme des enfants nouveau-nés, désirez le lait pur de la parole afin que, par lui, vous grandissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon. »
[2] Pour le chrétien Noël c’est Dieu qui se fait homme – donc au départ bébé - pour ouvrir un chemin : nous donner la possibilité de devenir ses sœurs, ses frères, et de devenir nous-mêmes des enfants de Dieu. Nous sommes ainsi appelé à constituer une communauté mondiale de frères et sœurs.
De plus ce chemin ouvert est simple à comprendre : Dieu étant Amour il nous faut aimer, aimer dans le réel de notre vie. Pas en rêvant, mais dans le concret de nos vies respectives, si différentes au cours des siècles, si différentes selon les lieux, les milieux sociaux, les familles et les personnalités de chacun. Aimer dans les plus grandes décisions (ce n’est pas tous les jours…) comme dans le quotidien, et là les occasions d’être aimant – c’est à dire fraternel, solidaire, d’être coopérant au bien commun… - ne manquent pas, et passent très souvent par des gestes bien modestes. Il y a un adversaire à vaincre : la fermeture à l’autre, qui commence par sa méconnaissance. Il se combat par la recherche de l’ouverture, celle de l’esprit et celle du cœur.
Élargir notre regard et approfondir notre réflexion : un premier pas pour donner sens à notre vie …