Il est le même, et pourtant quelque chose est nouveau. Il entre par la porte fermée. Son corps est différent de ce qu'il était auparavant

Publié le par Michel Durand

Saint Thomas - Le Psautier enluminé de Saint-Alban réalisé vers 1125

Saint Thomas - Le Psautier enluminé de Saint-Alban réalisé vers 1125

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« Connaître Jésus Christ, c’est tout !... Le reste n’est rien ! »

Antoine Chevrier

 

Il est clair que l'apôtre Thomas est un frère. Nous nous reconnaissons bien en lui et l'Évangile de ce dimanche 11 avril rappelle que toute difficulté à croire trouve une réponse quand nous acceptons de nous tourner, malgré nos doutes, vers le Christ. En lui, nous avons l'espérance d’une vie accomplie. Il est une force qui redresse la faiblesse de notre foi. Le souvenir de ce qui s'est passé, le témoignage des femmes, amies du Christ, puis les récits des apôtres montrent tout ce qu'il est possible de faire lorsque nous faisons confiance au Christ.

« À Jérusalem, par les mains des apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple » (Ac 5,12).

 

Scribes, pharisiens, grands prêtres, pouvoirs publics… ne peuvent arrêter ce débordement de signes.

Aujourd’hui, c’est par notre vie quotidienne, témoignage de notre attachement au Ressuscité et de la libération qu'Il apporte que de nombreuses guérisons se produisent. Nous sommes effectivement une image vivante de l'Église, ce peuple des Bienheureux que Dieu invite à son bonheur. Nous sommes des faiseurs de bonheur lorsque, attachés au Maître du monde, nous collaborons avec lui pour que le mal soit vaincu, pour que les esprits mauvais qui nous tourmentent soient anéantis. Celui que nous suivons est le Maître de la vie, le Dieu des Vivants et non des morts. Il détient les clés de tous les problèmes, car il est le premier et le dernier de tout ce qui existe. Il est le vivant, vainqueur du mal absolu, la mort. Il est la Vie. Autrement dit, en s'approchant de nous les personnes que nous côtoyons doivent être guéries de leurs maux comme les contemporains de Jésus étaient guéris en s'approchant des apôtres.

« Et tous ils étaient guéris » (Ac 5, 16).

 

Les apôtres, comme le Christ, font le bien autour d’eux. Ils annoncent Dieu, le Père de tous, le Royaume et ils guérissent.

L’Abbé Pierre a montré le chemin d’une juste solidarité en donnant un toit décent à toute personne dans le besoin, quel que soit son pays d’origine. Il n’est pas le seul à mettre en œuvre une réelle fraternité, mais il est une invitation à agir de même. Un beau signe de vérité qui s'accorde au désir de Dieu de voir tous les hommes frères, quelle que soit leur origine.

Suivre Jésus ne peut s'accorder avec toutes les façons de vivre, tous les comportements, tous les styles de vie. Le chrétien, par le seul fait qu'il tente de vivre l'enseignement du Christ, ne peut tout accepter. Au nom de son idée du bonheur et de la vérité, il est un résistant face aux matérialismes ambiants. L'Esprit-Saint le soutient dans son témoignage où il veut être, sur terre, dans son quartier, l'image vivante du Ressuscité. En ce sens, l’Abbé Pierre est un modèle imitable.

 

Jésus ressuscité rencontre ses disciples

Approfondissons encore ce qui se passe avec Jésus lorsqu'il retrouve ses disciples au soir de Pâques. Il est l’homme qu'ils ont longuement fréquenté au cours de trois années de vie commune. Comment, désormais se présente-t-il, une fois ressuscité ?

« Il est le même, et pourtant quelque chose est nouveau. Il entre par la porte fermée. Son corps est différent de ce qu'il était auparavant. De sa Passion, il a gardé les traces des clous dans ses mains et ses pieds, et la blessure de son côté transpercé par la lance du centurion. Après être entré dans le Cénacle par la porte close, il salue les Apôtres par ces paroles: “La paix soit avec vous !” (Jn 20, 19). Alors, Lui que le Père a envoyé dans le monde, envoie ses disciples en leur communiquant la puissance de l'Esprit saint ». (Jean-Paul II, homélie à Tunis, 14 avril 1996).

 

Disciples missionnaires

Revenons à notre mission de baptisés. Nous sommes, comme les apôtres, envoyés pour proclamer la Bonne Nouvelle de la résurrection et, déjà, en vivre. Thomas, dans son doute et sa demande de preuves, nous apporte ce que nous attendons de l'événement : la reconnaissance de la nécessité de la foi et de l'indispensable espérance.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29).

Thomas, parce qu'il a d'abord été incrédule, devient un témoin exceptionnel. C'est lui qui exprime de la manière la plus complète le mystère dont la Résurrection du Christ nous ouvre l'accès :

« Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28).

Que savons-nous du bonheur, du Paradis, de l’éternité, de la résurrection des âmes, des corps ?

Que savons-nous de Dieu créateur du monde dans le respect de son évolution ?

Que savons-nous du début et de la fin des temps ?

Que savons-nous du premier et du dernier ? De celui qui est et qui vient ?

Rien de bien précis !

Que comprenons-nous de l’effet de la grâce de Dieu dans un sacrement ?

Nous ne savons rien d’une connaissance certaine.

 

Heureux ceux qui croient !

Nous avons, ici, l'expression de la foi véritable. La foi qui doit nous guider dans notre quotidien. Nous ne voyons pas, nous croyons. Nous ne sommes pas certains de la réalité du bonheur en Christ. Nous croyons. Nous croyons que pour être sauvés, que pour être guéris, il convient de nous tourner vers le Christ, d'aller à lui, car c'est lui qui possède les clés de la Vie. Comme lui, nous choisissons de pardonner pour que le véritable amour se mette en place dans toute l'humanité, en commençant par l'absolu respect de la dignité de tout homme.

 

« Chacun de nous, a dit Benoit XVI, peut être tenté par l’incrédulité de Thomas. La souffrance, le mal, les injustices, la mort, spécialement quand ils frappent les innocents – comme, par exemple, les enfants victimes de la guerre et du terrorisme, de la maladie et de la faim –, ne mettent-ils pas à dure épreuve notre foi ? Pourtant, paradoxalement, dans ces cas, l’incrédulité de Thomas nous est utile et précieuse, car elle nous aide à purifier toute fausse conception de Dieu et elle nous conduit à découvrir son visage authentique : le visage d’un Dieu qui, dans le Christ, s’est chargé des plaies de l’humanité blessée.».

« Thomas a reçu du Seigneur le don d’une foi éprouvée par la passion et la mort de Jésus, et confirmée par sa rencontre avec Lui, le Ressuscité, et il a transmis ce don à l’Église. Une foi qui était presque morte et qui est née à nouveau grâce au contact avec les plaies du Christ, avec les blessures que le Ressuscité n’a pas cachées, mais qu’il a montrées et qu’il continue de nous montrer à travers les peines et les souffrances de tout être humain. »

« “C’est par ses blessures que vous avez été guéris" (1 P 2, 24), telle est l’annonce que Pierre adresse aux premiers convertis. Ces plaies, qui pour Thomas furent d’abord un obstacle à la foi, parce que signes de l’apparent échec de Jésus ; ces mêmes plaies sont devenues, dans la rencontre avec le Ressuscité, des preuves d’un amour victorieux. Ces plaies, que le Christ a reçues par amour pour nous, nous aident à comprendre qui est Dieu et à répéter nous aussi : “Mon Seigneur et mon Dieu”. Seul un Dieu qui nous aime au point de prendre sur lui nos blessures et notre souffrance, surtout la souffrance de l’innocent, est digne de foi” ».

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