Demandons de nous faire comprendre la loi de l’amour. Comme cela nous fait du bien de nous aimer les uns les autres au-delà de tout !
Je prépare actuellement ce que je dois choisir de dire pour une récollection avec des laïcs chrétiens le 27 octobre. Voir ci-dessus l’annonce de cette journée de prière et de rencontre.
Il me faut choisir le plus opportun à dire, l’essentiel, le plus juste.
Voici, à ce jour, une première réaction, trop longue me semble-t-il. À suivre donc !
Faire le bien autour de soi
Nous sommes aussi appelés à essayer de vaincre le « mal par le bien » (Rm 12, 21), sans nous lasser de « faire le bien » (Ga 6, 9) et sans prétendre être supérieurs, mais considérant plutôt « les autres supérieurs à soi » (Ph 2, 3).
Comment cela ?
Nous nous posons la question en étant attaché au Christ. Il est notre maître. Nous sommes ses disciples. C’est pour cela que nous nous désignons du nom de chrétiens.
Il n‘est pas question de se vanter de faire du bien autour de soi. iI est tout simplement question d’agir comme Jésus agissait. Nous n’allons pas refaire absolument comme il faisait. L’époque, la culture, les modes de vie sont différents. Imprégnés de sa pensée, nous allons agir comme il agirait s’il vivait aujourd’hui. Autrement dit, nous nous glissons dans son esprit pour faire le bien autour de nous comme il le ferait s’il était à notre place. C’est comme cela que je parle de l’imitation de Jésus-Christ. À la suite de notre baptême, nous sommes appelés à faire le bien autour de nous là où nous vivons.
Pour qu’il en soit ainsi, je vois deux engagements indispensables. L’un est entièrement tourné dans la prière, la méditation, la contemplation, la louange et l’intercession. L’autre est dans l’action, la rencontre d’autrui. Cet engagement est une sortie de soi, une invitation à se rendre auprès de l’inconnu. Le pape François aime parler de périphérie. Il dit qu’il aime « les gens aux frontières, aux périphéries ». Ces frontières peuvent être géographiques, aller au loin, mais aussi existentielles. La façon de vivre des gens rencontrés est fortement différente de mes façons de vivre. Cela m’oblige à vivre un déplacement psychologique. Par exemple, il y a des gens qui sont très pauvres, très démunis, je ne dois pas craindre d’aller vers eux et « il y a des gens qui sont un peu aisés mais qui ont leur âme détruite, déchirée ». Le Christ m’invite à imiter le style de Dieu. « Le style de Dieu est la proximité », et « beaucoup de gens ont besoin de proximité».
Je vois en cela un appel permanent à lutter contre l’égoïsme.
Cette lutte ne peut être solitaire. Elle est communautaire, paroissiale, familiale. Disons synodale, dans le sens où synode veut dire : marcher ensemble. Dieu agit dans l’histoire. Le croyant est impliqué dans la parole de foi qu’il prononce. « En effet, nul ne peut dire Jésus sauve, et partir en se lavant, les mains devant la souffrance du monde. L'enjeu est l'importance effective de la Bonne. Nouvelle du Salut. C'est pourquoi un synode s'oblige à lire la parole de Dieu pour l'écouter en vérité et la mettre en pratique. » (ABC de la synodalité, Jean-Louis Soulette, p. 31) Un synode, une réunion de réflexion, un concile, une paroisse, une équipe d’animation pastorale, un petit groupe d’étude d’Évangile, et chacun de nous.
Je souhaite encore citer François s’adressant aux fidèles de Rome, le 18 septembre 2021 : « L’Esprit Saint, dans sa liberté, ne connaît pas de frontières, et ne se laisse pas non plus limiter par les appartenances. Si la paroisse est la maison de tous dans le quartier, pas un club exclusif, je vous le recommande : laissez portes et fenêtres ouvertes, ne vous limitez pas à prendre en considération ceux qui [la] fréquentent ou pensent comme vous — qui seront 3, 4 ou 5%, pas plus. Permettez à tous d’entrer… Permettez-vous d’aller à leur rencontre et laissez-vous interroger, que leurs questions soient les vôtres, permettez-nous de marcher ensemble : l’Esprit vous conduira, ayez confiance en l’Esprit. N’ayez pas peur d’entrer en dialogue et de vous laisser impliquer dans le dialogue: c’est le dialogue du salut ». Ce dialogue commence par le comportement, les sourires, les salutations, les quelques mots que nous avons dans les transports en communs.
Pour que le salut divin pénètre dans le monde, ouvrons les portes et les fenêtres, abattons les murs, brisons les chaînes, libérons les frontières. Il peut être nécessaire pour cela de partir, de changer de route, de dépasser les convictions qui retiennent et qui empêchent de bouger et de marcher ensemble (cf François, 19/09/2021). À chaque récollection, retraite, prière, méditation, etc… n’est-ce pas une conversion qui nous est demandée ?
Sortir de soi
Je pense que nous ne devons prendre conscience de l’importance du poids que l’individualisme fait peser sur nos consciences et modes de vie. Voilà ce que dit Evangelii gaudium
2. Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité.
Je propose que l’on relise divers passages de la Joie de l’Évangile qui nous parlent de notre mission envers les personnes que l’on rencontre. Sans cesse la lecture de l’Évangile nous invite à rester brancher sur le Seigneur, Dieu, le Créateur qui nous parle par son Verbe, le Fils Jésus, le Christ. Se tourner vers Jésus, c’est être disciple. Transmettre la Parole reçue, c’est être missionnaire. Nous sommes des disciples missionnaires. Les récollections que nous vivons nourrissent cette vocation.
101. Demandons au Seigneur de nous faire comprendre la loi de l’amour. Qu’il est bon de posséder cette loi ! Comme cela nous fait du bien de nous aimer les uns les autres au-delà de tout ! Oui, au-delà de tout ! À chacun de nous est adressée l’exhortation paulinienne : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12, 21). Et aussi : « Ne nous lassons pas de faire le bien » (Ga 6, 9). Nous avons tous des sympathies et des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur : “Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-là. Je te prie pour lui et pour elle”. Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation. Faisons-le aujourd’hui ! Ne nous laissons pas voler l’idéal de l’amour fraternel !
Regarder le monde sans le condamner mais avec respect, en écoutant. Vaincre le mal en faisant le bien.
271. Il est vrai que, dans notre relation avec le monde, nous sommes invités à rendre compte de notre espérance, mais non pas comme des ennemis qui montrent du doigt et condamnent. Nous sommes prévenus de manière très évidente : « Que ce soit avec douceur et respect » (1 P 3, 16), et « en paix avec tous si possible, autant qu’il dépend de vous » (Rm 12, 18). Nous sommes aussi appelés à essayer de vaincre le « mal par le bien » (Rm 12, 21), sans nous lasser de « faire le bien » (Ga 6, 9) et sans prétendre être supérieurs, mais considérant plutôt « les autres supérieurs à soi » (Ph 2, 3). De fait, les Apôtres du Seigneur « avaient la faveur de tout le peuple » (Ac 2, 47 ; cf. 4, 21.33 ; 5, 13). Il est évident que Jésus Christ ne veut pas que nous soyons comme des princes, qui regardent avec dédain, mais que nous soyons des hommes et des femmes du peuple. Ce n’est ni l’opinion d’un Pape ni une option pastorale parmi d’autres possibilités ; ce sont des indications de la Parole de Dieu, aussi claires, directes et indiscutables qu’elles n’ont pas besoin d’interprétations qui leur enlèveraient leur force d’interpellation. Vivons-les “sine glossa”, sans commentaires. Ainsi, nous ferons l’expérience de la joie missionnaire de partager la vie avec le peuple fidèle à Dieu en essayant d’allumer le feu au cœur du monde.
La prière est ce qui doit nous stimuler à nous donner à autrui, à sortir de nous-mêmes. Il y a une force missionnaire dans la prière d’intersession.
281. Il y a une forme de prière qui nous stimule particulièrement au don de nous-mêmes pour l’évangélisation et nous motive à chercher le bien des autres : c’est l’intercession. Regardons un instant l’être intérieur d’un grand évangélisateur comme saint Paul, pour comprendre comment était sa prière. Sa prière était remplie de personnes : « En tout temps dans toutes mes prières pour vous tous […] car je vous porte dans mon cœur » (Ph 1, 4.7). Nous découvrons alors que la prière d’intercession ne nous éloigne pas de la véritable contemplation, car la contemplation qui se fait sans les autres est un mensonge.
Intercéder et remercier : rendre grâce
282. Cette attitude se transforme aussi en remerciement à Dieu pour les autres : « Et d’abord je remercie mon Dieu par Jésus Christ à votre sujet à tous » (Rm 1, 8). C’est un remerciement constant : « Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus » (1 Co 1, 4) ; « Je rends grâce à Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous » (Ph 1, 3). Ce n’est pas un regard incrédule, négatif et privé d’espérance, mais bien un regard spirituel, de foi profonde, qui reconnaît ce que Dieu même fait en eux. En même temps, c’est la gratitude qui vient d’un cœur vraiment attentif aux autres. De cette manière, quand un évangélisateur sort de sa prière, son cœur est devenu plus généreux, il s’est libéré de l’isolement et il désire faire le bien et partager la vie avec les autres.