Marianne Edgar Budde, évêque épiscopalienne de Washington, a interpellé Donald Trump sur la politique vis à vis des migrants, des homosexuels
Je donne à lire ce courriel en remerciant Luc qui l'a transmis. Voir, ci-dessous, l'enregistrement.
Bonjour,
Marianne Edgar Budde, évêque épiscopalienne de Washington, a interpellé directement Donald Trump dans son sermon sur la politique de celui-ci vis à vis des migrants et des homosexuels. Parole bienvenue dans ce moment de notre histoire où ce que produit Trump est peut-être aussi dangereux pour notre démocratie, pour le vivre ensemble et pour les libertés que les errements mortifères de Poutine. Les chrétiens ont en effet une parole à dire, un courage à exercer.
Michel Cool ( ex journaliste à la Vie; le Pèlerin, Témoignage Chrétien ...) signale le courage de cette évêque tout a fait dans sa mission chrétienne :
"Mardi 21 janvier, pendant le service religieux célébré dans la cathédrale, pour l’entrée en fonction du nouveau président des Etats-Unis, elle a prononcé un sermon qui fera date. En tout cas, qui fait déjà beaucoup parler de lui ! En effet, devant Donald Trump et sa famille, et les représentants de la nouvelle administration américaine, elle a interpellé directement le nouveau chef de la Maison blanche sur le respect dû au migrants et aux personnes homosexuelles et trans-genres.
D’une voix ferme et non dénuée d’émotion, mais aussi de courage, elle a déclaré:
« Permettez-moi une dernière prière, Monsieur le président. Des millions de personnes ont placé leur confiance en vous et, comme vous l'avez dit hier à la nation, vous avez senti sur vous la main providentielle d'un Dieu aimant. "
"Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir pitié pour les habitants de notre pays qui sont à présent terrifiés. Il y a des enfants et des jeunes gays, lesbiennes et trans-genres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes. Et certains parmi eux craignent désormais pour leur vie. Et puis il y a des personnes... ces personnes qui cueillent nos récoltes, qui nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans les élevages de volaille et les usines de conditionnement de la viande, qui lavent la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui travaillent de nuit dans les hôpitaux... Peut-être ne sont-ils pas des citoyens en règle, avec les papiers adéquats. Mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras ( lieux de culte des Sikhs) et temples.
Je vous demande d’avoir pitié, Monsieur le Président, pour les membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés, et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici, en Amérique, compassion et accueil.
Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux pour l’étranger, car nous avons tous été un jour des étrangers dans ce pays.
Que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de nous parler les uns aux autres en vérité dans l’amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tout notre peuple, pour notre bien à tous, peuples de cette nation et du monde. Amen. »
Ce sermon inattendu et l’audace de cette éminente responsable ecclésiastique ont manifestement semé la gêne et l’agacement au premier rang de la cathédrale. Sur les images de télévision on voit le nouveau président se pencher l’air renfrogné vers son vice-président, J-D Vance, un converti au catholicisme - à son aile réactionnaire qui ne porte pas le pape François dans son coeur - pour lui glisser à l’oreille on ne sait quoi, mais qui a fait sourire jaune son entendeur…
Puisse le courage de cette femme, de cette évêque, de cette chrétienne nous rappeler que la vocation chrétienne dans une société, n’est pas de s’écraser devant les puissants, politiques ou commentateurs en vogue, ou les majorités circonstancielles de l’opinion. Elle n'est pas non plus de prendre pour argent comptant la récupération idéologique qui peut être faite de la religion, de la foi même. Au contraire, à l'exemple de Marianne Edgar Budde on peut respectueusement, mais sans tergiverser, contredire et remettre à sa place un pouvoir, une politique, une idéologie même et surtout quand ceux-ci sont au zénith, jouissent de la gloire et de la popularité.
C'est l'honneur chrétien de faire entendre la liberté chrétienne quand la dignité humaine est menacée ou bafouée.
Les réalités de notre temps dur, dangereux et difficile ne souffrent plus la naïveté, ni l’indifférence ou l’"aquoibonisme" ("a quoi bon ?") fustigé naguère par Bernanos. L’heure est à la clairvoyance et au courage.
Pour reprendre la judicieuse métaphore de la truite, qu’employait souvent feu le cardinal Godfried Danneels ( ancien archevêque de Malines-Bruxelles), le chrétien est appelé à nager souvent à contre-courant. Et que pour ce faire, il lui faut puiser de l'audace, de la liberté et de l'intelligence dans le seul trésor qu’il possède: l’Evangile, rien que l’Evangile, ni plus, ni moins."