Sacristain, un service, un ministère d'avenir
Et pourquoi l'office eucharistique, ou l'office des vêpres, ne serait-il pas célébré par un chrétien du village ayant reçu, même sur le tard, le pouvoir de la faire, l'ordination ?

Témoignage
Une femme, la soixantaine, timide, a manifestement pris sur elle pour dire, à l'occasion d'un tour de table, qui elle était : "je suis sacristine". Les autres, une trentaine de personnes, ont souri ou même ri, sans aucun commentaire, comme si elles n'avaient rien à ajouter à la déclaration entendue.
"Dans cet édifice, il n'y a plus que quatre messes dominicales régulières, par an : une tous les 5e dimanches du mois... quand il y en a un - une
autre, en plus, à une occasion exceptionnelle, comme le fête des classes, si importante dans la culture de la région.
Il y a bien aussi d'autres célébrations liturgiques comme les funérailles d'un des habitants "qui attirent beaucoup de monde, comme autrefois", comme le mariage d'un enfant du pays.
Cependant, toutes ces utilisations cultuelles de l'église, si expressives qu'elles puissent être encore de l'attachement de toute la population à cet espace privilégié et unique, sont-elles
suffisantes pour justifier des gros frais de réparation, grevant lourdement le budget communal alors qu'à quelques kilomètres de là à peine plusieurs autres églises viennent d'être
restaurées?
Et ce n'est pas tout ! dans ce regroupement, déjà mis en route, de 17 anciennes paroisses, la nôtre figure parmi les plus petites et les plus excentrées et, comme les autres, elle va perdre son
identité de paroisse, seule l'église demeure!... au centre du village".
De son côté, la société civile, Mr le Maire et son Conseil, n'ignore ni les réalités cultuelles défavorables, ni le projet de redéploiement du tissu paroissial, en cours de réalisation, impulsé
par l'Église diocésaine. Et, cependant, elle est bien déterminée à tout faire, même sur le plan budgétaire - pratiquement elle sera la seule "maîtresse de l'ouvrage" - pour sauvegarder "son" lieu
de mémoire, son patrimoine chargé d'histoires, des techniques et des arts, de la vie, de la joie, de la peine et des aspirations de ses ancêtres "qui ont fait le pays", un signal identificateur
du village d'hier... et d'aujourd'hui.
Quand bien même il n'y aurait qu'un prêtre, qu'un curé, pour desservir 17 clochers, il y a, ici, aujourd'hui, une vraie autochtone, sage comme on l'est à son âge, informée et instruite de par la
vie humaine qui se déroule sur le territoire de la commune, Une Sacristine dont il n'est plus question de sourire comme s'il s'agissait d'une survivante attardée d'un passé
révolu.
Grâce à elle, la porte de l'église est ouverte. Le passant, les touristes nombreux dans la région, l'affligé de quelque manière que ce soit, d'ici ou venu incognito d'ailleurs, peuvent franchir
le seuil de cette charmante petite église, une des plus belles de la région, entrer, s'asseoir, regarder, faire silence, éprouver, éventuellement une émotion esthétique, libératrice, et, qui
sait, une inspiration spirituelle vers plus haut que soi. Deux amoureux peuvent y continuer un dialogue confidentiel tandis que des parents ou des grands-parents peuvent expliquer et transmettre
à leurs enfants quelque message plus crédible dans un tel lieu.
Au-delà du cas personnel de la sacristine qui nous occupe, il serait opportun, en ces temps de regroupement des paroisses, d'être particulièrement attentifs au service, au ministère, que pourrait
rendre un "sacristain", une "sacristine", homme ou femme, laïc ou religieux, soit en sauvegardant à l'église son caractère de Maison de Dieu, soit en assurant un "ministère" d'accueil
bienveillant dans une maison de l'homme ouverte, propre, habitée, crédible.