Faut-il ne pas craindre d’employer les grands moyens et d’en payer le prix ?

Publié le par Michel Durand

Je dois bien l’admettre, j’appartiens au passé, à une époque où les critères de discernement qui avant étaient en usage ne le sont plus maintenant.
Il convenait, jadis (c’est-à-dire, il y a 25 / 30 ans) d’être présent dans le monde de telle sorte que les hommes et les femmes de ce monde nous comprennent, nous entendent au moins parler dans leur langue, leur culture, sinon nous suivre. C’était la démarche apostolique des petits pas, de la proximité, du vivre avec.FouleJMJ2002.jpg
Certes, déjà en 1980, nous nous interrogions.
Je me rappelle cette exigence soulignée par un étudiant du centre chrétien universitaire : « il faut s’immerger dans la société sans s’y enliser, sans y être dilué ».
Aujourd’hui, la crainte de la dilution est telle que l’on ne s’immerge plus. Il suffit de parler, d’annoncer, du haut d’une chaire imposante. On privilégie les grands rassemblements, les vastes auditoires, 1000, 2000 ; 20000… alors que l’on se soucie peu ou pas du suivi ; peut-être par manque de moyens.
C’est l’air du temps, la jeunesse veut du ponctuel. Il faut que l’Église soit attentive à cette tendance. Il ne faut pas hésiter à payer le prix de ce qui peut marquer les esprits.
Et il y a de l’enthousiasme dans ses immenses pèlerinages !
Je ne dis pas le contraire.
Mais quand même, je m’interroge.
N’y a-t-il pas à long terme, plus de profit à cheminer pas à pas, à approfondir une situation, à creuser un unique sillon ? Certes, pour avancer, il ne faut pas s’enliser et j’accepte la mise en question de l’enfouissement où l’apôtre est tellement dans le bain que l’Évangile s’en trouve dilué.
Mais de là à passer à l’annonce triomphaliste ! et coûteuse.
Pour cette dernière, il semble que des cadres d’Église ne craignent pas d’employer les grands moyens.
Un exemple.
On veut, à la demande de Benoît XVI, souligner l’importance de l’apôtre Paul.
Pourquoi ne pas lire ses écrits, comme Depardieu le fit avec les confessions de St Augustin ?
Deux possibilités se présentent : rencontrer des artistes de notre ville, de notre région.
Cheminer avec eux, construire ensemble quelque chose. Viser avec eux la qualité.
Ou bien, solliciter une tête d’affiche, une vedette nationale qui par sa notoriété attirera une foule. Un grand coup, plutôt qu’un cheminement. Que le prix, en euros, soit sans mesure avec l’action plus locale importe peu,  car ce qui compte avant tout c’est de marquer très visiblement l’événement.
Etre dans l’évènementiel, voilà donc la tendance actuelle. Elle a sa logique d’immersion dans ce qui est attendu, reçu. Mais…
Bien sûr, il est pour moi trop tard. Je comprends seulement maintenant la différence qu’il y a entre les moyens pauvres et les autres, mis au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Quand Constantin faisait construire des basiliques chrétiennes et Justinien commandait des décors somptueux qui parlaient de moyens apostoliques pauvres ?

Publié dans Eglise

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