Homélie du dimanche 24 février 2008. 3ème du temps de carême

Publié le par Michel Durand

Livre de l’Exode : 17. 1 à 7 : "Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous ?"

Psaume 94 : "Ne fermez pas votre coeur comme au désert."

Lettre de saint Paul aux Romains : 5. 1 à 8 : "L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné."

Evangile selon saint Jean : 4. 5 à 42 : "L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissant en vie éternelle."

manuscrit copte, la samaritaine
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Pour bien comprendre cette page d’évangile il me semble qu’il faille prendre de la distance, s’éloigner du caractère sacré, étrange et extraordinaire que l’Ecriture Sainte revêt parfois. Cette scène auprès du puits, fait partie du quotidien. C’est une scène banale que nous avons peut-être tous vécus au moins une fois dans notre vie, par exemple au cours d’une promenade de vacances, une marche dans la campagne.

Essayons de nous revoir un jour de marche, en été, dans une région montagneuse, déserte. Il fait chaud. La route, pas toujours plate nous a beaucoup fatiguée.

Derrière le dernier virage, un village. Un arbre. De l’ombre enfin et une fontaine. Cette eau ! qu’elle est précieuse ! Beaucoup plus agréable, en ce moment que le vin le meilleur. Cette eau, elle est indispensable. En me désaltérant, elle me redonne la vie.

Jésus, pour son corps, demande de l’eau à une femme qui se trouvait là. Elle est seule. Il n’a pas le droit de lui parler. Elle est femme et plus est, samaritaine. Il a soif. Il n’a rien pour puiser. Il est donc obligé de s’adresser à elle. Il demande : “donne moi de l’eau.”

Un long dialogue va suivre où une vérité, de plus en plus profonde, s’instaure. La femme ne peut plus se voiler. Jésus l’invite à reconnaître ce qu’elle vit réellement. Il écoute ; il ne condamne pas. La salutation qu’il a adressée à cette personne et le besoin qu’il a eu de solliciter son service ouvre à un salut accepté, une libération. Elle témoigne :
“Cet homme qui m’a dit tout ce que je vivais m’a apporté un bonheur tel que je n’ai pu le garder pour moi seule. À ma suite, le voyant, la ville entière dit : nous savons maintenant qu’il est le sauveur du monde.”

Personnellement, à chaque fois que cela est possible, j’annonce, j’essaye d’annoncer, que Dieu apporte le bonheur, qu’il est le sens de ma vie, de la vie. Mon souhait est que les gens que je rencontre comprennent que Jésus touche à notre vérité profonde. Personne ne peut biaiser avec l’amour absolu auquel il est appelé. Pour annoncer cela, depuis peu, j’ai découvert qu’il ne s’agit pas de prouver tout l’amour que Dieu donne, mais de la montrer (voir blogue).
Voici un exemple sportif.
Jouer au volley-ball sans conviction, frapper dans une balle sans vraiment y croire n’apporte aucune satisfaction et mérite toutes les réprimandes d’un bon joueur de volley-ball.
Ainsi, mener sa vie sans passion, sans amour. La vie nous glisse entre les mains si nous ne l’orientons pas vers Dieu avec conviction.

A la suite de la Samaritaine, Christ nous invite à donner sens à nos actes , à les orienter vers Dieu avec conviction. C’est à nous de cultiver notre désir et d’agir dans le sens de cette attention : bien se concentrer vers le” lieu où l’on veut se diriger.


Bien sûr, ne nous culpabilisons pas de nos échecs. Dieu, malgré nos réticences, malgré notre mauvaise volonté agit quand même en notre faveur Seulement, si nous ne voulons pas le suivre, ça ne va pas très loin. Alors, agissons avec conviction dans le sens de notre plénitude : boire à la source du Christ qui nous donne une vitalité maximale.

Dans cette ligne, il me semble que le film, « l’île », de Pavel Lunguin, mérite, malgré son étrange mystique russe, notre attention. Fondé sur la spiritualité orthodoxe, le film se passe presque entièrement dans un pauvre petit monastère sur une île oubliée dans le nord de la Russie, au bord de la mer blanche, en 1978, sous un ciel gris et austère, illuminé par la Lumière de la foi. Ce film aborde les thèmes de la rédemption et du pardon, à travers le parcours singulier d'un moine, le père Anatoli, vivant avec d'autres moines. Il devient par sa sagesse un héros, mais se considère indigne de l'intérêt qu'il suscite, souffrant d'avoir commis une terrible faute dans sa jeunesse.


Je pense que la soif de la Samaritaine, doublant la soif de Jésus correspond bien à notre soif, à notre besoin de vérité.
Faut-il adorer sur cette montagne ou sur une autre ? Une montagne d’Israël n’a pas plus de valeur qu’une montagne tibétaine et réciproquement.
L’heure vient  où l’on adorera en esprit et en vérité. Le lieu importe peu. Importe le sens de la vie, le sens que nous donnons à ce que nous faisons. Importe la conviction que Dieu ne peut jamais nous abandonner. Voilà l’espérance quii donne sens à tout acte. Importe la conviction que Dieu nous aime et veut notre bonheur.

Nos coutumes d’Eglises doivent se soumettre à cette foi et espérance : Dieu nous aime.

La foi :
Le propre de la foi c’est de croire au plus noir de la nuit. C’est quand il n’y a plus rien de palpable qu’il y a la foi. Croire, c’est avoir la conviction que, à travers la mort, Christ nous montre le chemin par lequel on devient Fils de Dieu.
Croire,  c’est accepter de s’oublier pour bénéficier de la vie éternelle : Dieu nous aime pour toujours.

Espérances :
Le propre de l’espérance, c’est la joie, l’enthousiasme. J’attend, j’espère tellement que Dieu va me donner le bonheur absolu et je ne peux pas me retenir d’en parler autour de moi.

Le travail artistique de Roger Garin, « en marge », témoigne de la force de l’espérance du « sans domicile », du « sans papier », de « l’apatride ». Je vous invite à suivre sa méditation.

Publié dans Eglise

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