DIEU ET LES THEOLOGIENS, suite
Jésus-Christ, l'Eglise, voilà le transcendant dans le présent.
C'est le noeud visible du transcendant et de l'immanent ! Telle est ma foi ! Affirmation et non explication. L'explication exhaustive n'est pas possible. Seule serait possible la preuve intellectuelle que ce type d'affirmation ne contredit pas la raison humaine. Avec Christos Yannaras, « De l'absence et de l'inconnaissance de Dieu », livre d'où je tiens l'essentiel de ma réflexion, je mets l'accent sur l'existentiel et non sur l'intellectuel, sur ce qui est perçu au plus profond de nous-mêmes de l'existence de Dieu et non sur une recherche cognitive, philosophique qui réduirait Dieu à un objet de connaissance dont il serait possible de faire le tour. La relation personnelle à Dieu enlève à l'analyse des événements humains pour y découvrir Dieu, ses prétentions par trop rationalisantes : « Les énergies divines manifestent le mode d'existence de la divinité, laquelle est personnelle et se révèle dans une relation et une communion personnelle ». Dieu se donne à notre connaissance dans une relation personnelle ; il appelle l'homme lequel, par sa nature d'image de Dieu, est capable de participer à la totale divinité (homo capax Dei).
Pourquoi rappeler tout cela ?
Parce que les chrétiens continuent à oublier que la foi n'est pas rationnelle ; ils semblent vouloir l'oublier de plus en plus ; peut-on faire autrement ?... les chrétiens oublient que l'expérience de Dieu vaut mieux que son explication. Ils ne savent pas.
Certes, je peux me tromper. De plus, avec le subjectivisme dont je parlais plus haut, je peux également sombrer dans un épais et fruste fidéisme inhumain, indigne de l'homme intelligent, cultivé scientifique. C'est à discuter.
Je viens d'entreprendre la lecture de Maurice Clavel. Cet auteur remonte dans mon estime. Son débat avec les nouveaux philosophes, lors de l'émission télévisée "Apostrophe", effaça en partie l'agacement que provoquent en moi les virulences de ce polémiste, surtout quand il est fier des traits qu'il lance à l'adversaire, comme j'ai pu le constater en le contactant, rapidement, à Vezelay. Enfin, dans son débat avec Philippe Sollers, publié dans une collection de poche, je l'ai trouvé heureusement plus "journaliste transcendantal" que polémiste (1).
Ma joie a été grande quand j'ai vu qu'il s'exprimait clairement à propos de la suprématie de l'expérimenté sur le compris. Nous savons que sa conversion est le fruit de l'expérience et non de la connaissance. Laissons lui la parole
Dans un langage bien différent, Maurice Clavel rejoint la pensée de Christos Yannaras. Devant l'inconnaissance rationnelle de Dieu, laissons à l'expérience toute la place qui lui est due.
Il serait intéressant de voir comment mettre en pratique cette façon de vivre l'Evangile où la relation intime avec Dieu est indispensable, primordiale sans être pour autant exclusive de tout autre forme d'approche. Comme preuve de cette dernière affirmation, nous pouvons tout simplement rappeler notre souhait de voir dans la vie chrétienne ordinaire se rééquilibrer le nœud du vertical et de l'horizontal. Oui, il serait, me semble-t-il, fructueux d'échanger sur nos diverses manières de voir. L'Eglise ne possèdet-elle pas, dans sa tradition ou dans son futur eschatologique, une alternative à la soif d'absolu du monde contemporain ?
(1) Maurice CLAVEL / Philippe SOLLERS, Délivrance – face à face, édition" du Seuil, Paris, 1977 •
C'est le noeud visible du transcendant et de l'immanent ! Telle est ma foi ! Affirmation et non explication. L'explication exhaustive n'est pas possible. Seule serait possible la preuve intellectuelle que ce type d'affirmation ne contredit pas la raison humaine. Avec Christos Yannaras, « De l'absence et de l'inconnaissance de Dieu », livre d'où je tiens l'essentiel de ma réflexion, je mets l'accent sur l'existentiel et non sur l'intellectuel, sur ce qui est perçu au plus profond de nous-mêmes de l'existence de Dieu et non sur une recherche cognitive, philosophique qui réduirait Dieu à un objet de connaissance dont il serait possible de faire le tour. La relation personnelle à Dieu enlève à l'analyse des événements humains pour y découvrir Dieu, ses prétentions par trop rationalisantes : « Les énergies divines manifestent le mode d'existence de la divinité, laquelle est personnelle et se révèle dans une relation et une communion personnelle ». Dieu se donne à notre connaissance dans une relation personnelle ; il appelle l'homme lequel, par sa nature d'image de Dieu, est capable de participer à la totale divinité (homo capax Dei).
Pourquoi rappeler tout cela ?
Parce que les chrétiens continuent à oublier que la foi n'est pas rationnelle ; ils semblent vouloir l'oublier de plus en plus ; peut-on faire autrement ?... les chrétiens oublient que l'expérience de Dieu vaut mieux que son explication. Ils ne savent pas.
Certes, je peux me tromper. De plus, avec le subjectivisme dont je parlais plus haut, je peux également sombrer dans un épais et fruste fidéisme inhumain, indigne de l'homme intelligent, cultivé scientifique. C'est à discuter.
Je viens d'entreprendre la lecture de Maurice Clavel. Cet auteur remonte dans mon estime. Son débat avec les nouveaux philosophes, lors de l'émission télévisée "Apostrophe", effaça en partie l'agacement que provoquent en moi les virulences de ce polémiste, surtout quand il est fier des traits qu'il lance à l'adversaire, comme j'ai pu le constater en le contactant, rapidement, à Vezelay. Enfin, dans son débat avec Philippe Sollers, publié dans une collection de poche, je l'ai trouvé heureusement plus "journaliste transcendantal" que polémiste (1).
Ma joie a été grande quand j'ai vu qu'il s'exprimait clairement à propos de la suprématie de l'expérimenté sur le compris. Nous savons que sa conversion est le fruit de l'expérience et non de la connaissance. Laissons lui la parole
« Pourquoi est-ce que je m'entends si bien avec les athées -j'entends les athées à la pensée rigoureuse- et si mal avec les chrétiens vaguement idéologues ? Eh bien… c'est que, pour les vrais et grands athées, Dieu est Dieu. Les athées me disent: "Si j'avais votre foi, j'aurais la vôtre ", et je comprends très bien. La foi est un vécu dont il respecte chez moi la présence et dont je respecte chez eux l'absence. D'autre part, la foi est radicalement différente de la raison, à telle enseigne que j'ai pu dire que la raison, du point de vue ontologique, chez l'homme, ne pouvait pas trouver Dieu, ne pouvait même pas chercher Dieu, parce qu'elle était elle même, dans et par le péché originel, une aversion et une fuite de Dieu ! Par conséquent, les chrétiens qui essaient de trouver Dieu par la raison ou de faire bon ménage à Dieu et à la raison, sont en quelque sorte des ânes chargés de reliques… »
Dans un langage bien différent, Maurice Clavel rejoint la pensée de Christos Yannaras. Devant l'inconnaissance rationnelle de Dieu, laissons à l'expérience toute la place qui lui est due.
Il serait intéressant de voir comment mettre en pratique cette façon de vivre l'Evangile où la relation intime avec Dieu est indispensable, primordiale sans être pour autant exclusive de tout autre forme d'approche. Comme preuve de cette dernière affirmation, nous pouvons tout simplement rappeler notre souhait de voir dans la vie chrétienne ordinaire se rééquilibrer le nœud du vertical et de l'horizontal. Oui, il serait, me semble-t-il, fructueux d'échanger sur nos diverses manières de voir. L'Eglise ne possèdet-elle pas, dans sa tradition ou dans son futur eschatologique, une alternative à la soif d'absolu du monde contemporain ?
(1) Maurice CLAVEL / Philippe SOLLERS, Délivrance – face à face, édition" du Seuil, Paris, 1977 •