Le besoin métaphysique, 2

Publié le par Michel Durand

Quête d'absolu dans les romans contemporains

Il serait également fort intéressant de relever dans les romans édités ces dernières années, tout ce que l'on rencontre comme recherche de l'Absolu, quête du transcendantal. L'an passé, au cours des vacances d'été, j'ai remarqué combien était constante la pensée de Dieu dans l'esprit de romanciers, dont j'ai hélas oublié les noms. Certains le nomment Esprit, Force, Transcendance, Tout Autre... tous soulignent le besoin métaphysique, la soif d'absolu de notre société. Dans cet esprit, Bernard-Henri Lévy, bien qu'athée, reprend une affirmation usuelle dans notre Église : après avoir tué Dieu, on tue l'homme. Je crois que le Cardinal Marty a fait un discours ou une homélie sur ce sujet.


avec des étudiants et le prêtre de l'aumônerie
catholique de Trève (Allemagne)
1978




Bernard-Henri Lévy traite donc du crépuscule des dieux et du crépuscule des hommes disant, entre autres, que c'est la première fois dans notre histoire que les hommes se passent d'une référence au divin. Dans le domaine du pouvoir, pouvoir inévitable, - pourquoi y a-t-il du pouvoir plutôt que rien ? - le Prince, l'Etat totalitaire n'aura même plus un Tout Autre auquel, en conscience, il devra se référer. Il se prend pour le souverain ultime.

Louis XIV n'a jamais osé parler comme le grand timonier ou comme Mussolini ! Quelle sera alors la place laissée l'homme ? Jusqu'où sa raison, sa volonté doivent-elles se plier à la raison d'État, au bon vouloir plénipotentiaire du gouvernement ou de son administration ?

Nous retrouvons ce même phénomène dans les grandes entreprises industrielles. Le cadre qui veut s'assurer d'une belle carrière ne se voit-il pas contraint d'épouser « l'esprit-maison » ? « M'Enfin », comme dirait Gaston Lagaffe, que ferait le gouverné sans la toute-puissance du gouvernant, puissance infaillible du supérieur ? Que ferait une « maison », sans label imprimé dans les consciences comme dans le comportement ? Jeune cadre dynamique, made in U.S.A. via France !

Que d'interrogations et d'exclamations ! N'est-ce pas susceptible de me faire, de nous faire réfléchir ? Et encore, juste il la fin de « Barbarie à visage humain », cette affirmation : « Je n'ignore bien sûr pas que Dieu est mort depuis Nietzsche: mais, je crois aux vertus d'un spiritualisme athée face il la veulerie et il la résignation contemporaines »... « Je crois que sans une certaine idée de l'homme, l'État a tôt fait de céder aux vertiges du fascisme ordinaire ».

Il se peut fort bien que ce que je suppose énoncé clairement ne le soit pas du tout. Il n'est pas toujours facile de monnayer sa pensée, de choisir les mots, les expressions, les références, les exemples susceptibles de communiquer il autrui la substantielle moelle de sa réflexion. De plus, pourquoi écrire tout cela ? Tout le monde est déjà au courant de ces tendances et réalités. Je ne sais pas vraiment ce que je peux attendre d'une telle littérature ? Est-ce le besoin de parler ? De se découvrir ? De s'épancher ?

Ou bien l'espoir, plus positif, de créer un dialogue, voire même de lancer des questions au sein des communautés chrétiennes - ce qui ouvrirait un vaste débat ? Mais n'est-ce pas déjà fait ? Et à quoi débattre sert-il, pensent certains ? Pour ce que nos réunions générales sont efficaces !

Enfin, je ne peux pas agiter des idées, seulement pour le plaisir.

Je pense surtout que la gratuité d'un témoignage - je témoigne d'une partie de moi-même, - peut avoir quelque chose de beau dans sa gratuité. De plus, ne suis-je pas, par mes propres paroles, logiquement invité à transcender chacun des chapitres que j'écris, chaque point et virgule que je trace et qui, s'ils occupent peu de place dans l'espace et le temps, n'en sont pas moins indispensables à la compréhension de l'ensemble d'une pensée ?


Pour introduire la réflexion suivante, une page tirée du Mal Français, d'A. Peyrefitte : « les tabous économiques », se montre pleine d'intérêt. La moyenâgeuse Église catholique s'avère être contre le progrès

«  Cette maladie du sommeil dont l'Europe Latine a souffert depuis le XVIIe siècle, quelle en fut la mouche Tsé-Tsé ? Vers cette époque, s'établissait une échelle de valeurs où l'économie, le travail productif, l'esprit d'entreprise, la technique, l'innovation étaient dédaignés, voire refoulés. Et où d'autres attitudes surévaluées s'épanouissaient, toutes improductives : l'honneur, le bel esprit, la spéculation pure, l'obéissance, le renoncement. »

« Dût-on étonner plus d'un intellectuel anticlérical, il faut bien reconnaître, à l'hostilité au profit, des origines cléricales. S'inspirant d'Aristote, la scolastique médiévale lui a donné la majesté des interdits théologiques. Elle faisait peu de cas de la production et des échanges. Montesquieu avait raison de souligner que "nous devons aux spéculations des scolastiques tous les malheurs qui ont accompagné la destruction du commerce, qu'on avait lié avec la mauvaise foi. » À la fin du Moyen Âge, une évolution « progressiste » s'esquissait. Mais la Contre-Réforme la stoppa net, en condamnant purement et simplement le profit : pour elle, ce n'est pas seulement le prêt à intérêt qui est un péché, c'est l'économie toute entière. »

 

Publié dans Il y a 30 années...

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M
Un dieu, une église.Voilà ce qui nous manque. Une église.Pleine de diversité. Epanouie dans les différences.Loin des indifférences divergentes.Une église ne devrait être fabriquée qu'avec des ponts d'entre-rives. Pour pouvoir crier avec les pierres:L'église à rives, pour une seule source...Intarissable et désaltérée d'une eau vive sans étiquette.Sans marque, et ne laissant à personne le temps de prendre trop de bouteille !...Salut frangin ...Dieu nous aime, cela est sûr...Garnements de tous bords !
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M
<br /> Dieu, Il est. Indicible.<br /> <br /> L'Eglise ? oui, elle manque. Mais, grâce à Dieu, son Esprit, nous la construisons.<br /> <br /> <br />