Besoin d'espérance

Publié le par Michel Durand

Le pape venant de quitter Lourdes, c'est maintenant le temps des bilans, lit-on dans la presse.

 

« Le pape, témoin d'un Dieu aimant et sauveur, s'efforce d'être un semeur de charité et d'espérance. Toute société humaine a besoin d'espérance » (Benoit XVI à Nicolas Sarkozy).


Ce matin, je ressens l'obscurité de la foi, l'exigence de l'espérance. En Europe, en France, « l'Eglise a joué un rôle civilisateur » dit l'évêque de Rome au président des Français. Qu'elle continue en œuvrant pour que la Bonne Nouvelle de Libération annoncée par Jésus : « Il m'a envoyé proclamer aux captifs la libération... proclamer une année d'accueil par le Seigneur (Lc 4, 18 ; Is. 58,6) » ne soit pas déviée.

Paul dit à Pierre qu'il n'est pas selon l'Esprit que l'on fasse porter aux païens -ceux qui sont loin de la Révélation- le poids de lois qui ne les concernent pas. C'est un appel à ne pas imposer des coutumes culturelles, relevant d'une tradition ecclésiale particulière à ceux qui en sont étrangers.

Ouverture au monde et miséricorde. Ecoute de ce qui se vit.

Protection des faibles ; un terre et des hommes à respecter.

Migration choisie ? Laïcité positive, ouverte ? ... Plutôt : générosité sans borne ; écoute sans frontière ; accueil sans limite ; parole ferme pour que les réflexions politiques et économiques dominées par la fausse croyance de l'impératif concurrentiel (néolibéralisme) soient révisées selon la mesure de l'homme, libérée de lois religieuses traditionnelles, relatives et idolâtrées. Quelle Tradition ?

Besoin d'espérance dans deux domaines bien différents, avec discernement communautaire :

-    un accueil à l'adresse des reconduits aux frontières de l'Europe

-    mais aussi des exclus de la pleine communion de l'Eglise ;

Une invitation à ouvrir les consciences de celles et ceux qui organisent l'accroissement des richesses d'une minorité (20 % de l'humanité) au détriment des hommes les plus pauvres et d'une planète surexploitée.

A quand une parole ferme et sobre interrogeant les pratiques économiques des catholiques face au pouvoir du capital.

 

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D
Lors de la dernière élection présidentielle française, les trois-quarts des catholiques pratiquants ont traduit leur foi en politique en votant pour le candidat qui affichait le « travailler plus pour gagner plus » comme valeur sur laquelle refonder la société. Au premier abord, on comprend mal comment la cupidité pourrait être une valeur évangélique.L’un des premiers financeurs de l’église française est monsieur Gérard Mulliez, première fortune de France et fondateur des grandes surfaces Auchan. Pourtant, il est peu d’activités économiques aux conséquences aussi néfastes, à tous les niveaux, que celle grâce à laquelle ce frère a fait fortune. Le président Jacques Chirac affirmait : « La grande distribution, phénomène purement français, peut faire état d'un bilan extraordinairement négatif, s'agissant de la distribution en général, s'agissant de l'équilibre de l'aménagement de notre territoire, s'agissant peut-être et surtout de la convivialité ». France 2, (2-1-2005) Nous pouvons aussi nous interroger sur la cohérence entre les valeurs évangéliques et les conséquences symboliques de l’édification de ces temples de consommation. Mais les réalisations dans l’Eglise que finance monsieur Mulliez lui valent un œil bienveillant de l’institution. Elles l’exemptent d’une remise en cause trop sévère de ses activités, bien au contraire : elle appuient, de façon déterminante, au sein de l’Eglise une certaine vision de la religion.Le pape, auteur d’une réflexion théologique de haute tenue, réaffirme les implications humaines, sociales ou écologiques de l’Evangile, mais dans le même temps félicite, voire adoube, un Georges Bush ou un Nicolas Sarkozy, contre leurs adversaires, et les épargne de toute interrogation véritablement sérieuse sur l’idéologie qui conduit leur politique.Comme toujours avec l’église catholique, le problème majeur est entre les belles paroles affichées et leur traduction politique et sociale. L’église est prise en tenaille entre son devoir de fidélité à la parole évangélique et sa composition sociale. Si la doctrine économique de l’église est dans sa théorie clairement anticapitaliste, la distorsion est totale lors de la traduction dans les faits. Ainsi, en 2005, les évêques français ont invité leurs concitoyens à voter pour un traité constitutionnel européen inscrivant un choix économique – le capitalisme et la croissance – dans une constitution politique. Que valent les mots si la traduction dans les actes est contraire ?Ce confronter avec les « experts » français qui définissent aujourd’hui la doctrine sociale de l’Eglise, c'est systématiquement faire face l'injonction épuisante de se soumettre aux lois de l’argent, de se limiter à un accompagnement plus ou moins social de celles-ci. En phase avec la société, ces « économistes de l’Eglise » sont les gardiens du temple, pas celui du christ, mais celui de la Bourse. Force est de constater qu’ils sont déterminés d’abord par leur fonction sociale avant que par leur appartenance spirituelle (comme les fumeux « patrons chrétien », ou « cadres chrétiens ». Quand serons-nous d’abord des Chrétiens ?Récitant ensuite la cosmologie dominante, ces économistes orthodoxes teintés de morale chrétienne rejettent dans l’extrémisme leur frères qui les rappelle à leur devoir. Par confort et conformisme, on confond alors sagesse et mollesse d’esprit, voire lâcheté. On amalgame l’utopie salutaire aux utopies étroites et meurtrières. Au nom de la tragédie de l’utopie communiste, on refuse l’utopie chrétienne. On s’abrite derrière de grandes tirades et mises gardes contre les « idéologies » (comme si le christianisme n’en était pas aussi une) qui cachent des réalités moins glorieuses comme celle de la peur de remettre en cause ses habitudes et ses certitudes. On se réfugie sur des questions de mœurs, qui, si elles peuvent être importantes, n’en sont pas moins qu’une part de la traduction du discours évangélique. Pour éviter de faire face à sa conscience, on culpabilise celui qui tente de faire vivre véritablement l’Evangile. On passe ainsi de la conscience à la bonne conscience professionnelle, du désir de justice à l’obole érigé en politique sociale. On définit un dogme chrétien fallacieux qui s’accommode parfaitement du néolibéralisme voire le conforte. La doctrine sociale de l’église est-elle actuellement avant tout une doctrine bourgeoise ? Il est à craindre que la réponse soit affirmative, que les catholiques, qui, s’ils croient, peut-être, à Jésus, vénèrent davantage Mammon, le Veau d’or. Que le christianisme ne soit plus comme le dit le Président « bling-bling » qu’« une démarche culturelle, identitaire. » (La Croix, 4-2007) permettant de se rétracter frileusement face aux bouleversement du monde.La grande presse catholique est hélas trop souvent un robinet à eau tiède. Une situation pour le moins paradoxale de la part de fidèles qui se réclament d’un Dieu, qui, paraît-il, « vomit les tièdes ». Quelle chance aurait ce texte d’être publié dans La Vie ou La Croix, d’être diffusé sur Radio Chrétienne en France ? Aucune. Même le débat a été confisqué par la bourgeoisie chrétienne. « Trop idéologique » justifiera-t-on. Comme si dire cela ne traduisait pas en soi une idéologie étroite.Bien sûr, il ne s’agit pas ici de retomber dans une lecture non distanciée, puriste ou littéraliste de l’Evangile, mais de mettre en garde contre une confusion entre compris et comprissions qui érige l’hypocrisie en système de fonctionnement.Je vous livre cette réflexion de Maurice Landrain, datant de 1935, qui nous semble aujourd’hui une provocation, mais qui devrait nous faire réfléchir : « Il serait temps que l'Eglise fasse effort pour se désolidariser de ces gens qui se servent d'elle tout en la compromettant. Un seul moyen : ne plus craindre de prêcher, du haut des chaires catholiques, la doctrine traditionnelle du christianisme à l'égard de la propriété, retrouver les accents de fière indépendance des Saint Jean Chrysostome ou des Saint Amboise, penser selon l'Evangile et s'efforcer d'agir de même. On distinguerait vite, alors, les disciple du Christ des profiteurs de l'Eglise ! Et cette clarté serait salutaire pour tant d'âmes que la situation présente scandalise... Et l'Eglise se purifierait. Dans une pauvreté nouvelle, conséquence de la déception bourgeoise ? Peut-être. Il est des souffrances nécessaires parce que rédemptrices. Et il faut avoir le courage de les accepter. Mon Dieu, donnez ce courage à vos évêques, à vos prêtres, à votre Eglise ! »*Dominique Collet* L'apostasie de la classe bourgeoise, Terre nouvelle, organe des chrétiens révolutionnaires, juin 1935
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M
<br /> J’entends ceux et celles qui lisent votre commentaire dire : « Eh, bien, il n’y va pas avec le dos de la cuillère.<br /> Il y a plus de 40 ans un évêque, Alfred Ancel, bien connu des Lyonnais, écrivait cet appel, transcris ci-dessous, qui vous montre combien la question que vous soulevée avec des accents propres au<br /> XXIe siècle, est portée de longue date.<br /> <br /> Les classes dirigeantes dans le combat pour la Justice :<br /> <br /> Les signataires du document que l'A.C.I. vient de publier (1973), font leurs ces paroles du synode des évêques de 1971 : «  Le combat pour la justice et la participation à la transformation du<br /> monde nous apparaissent clairement comme une dimension constitutive de la prédication de l'Evangile, qui est la mission de l'Eglise pour la rédemption de l'humanité et sa libération de toute<br /> situation oppressive» (D.C. 1972, n. 1600. p.12).<br /> On ne peut donc parler d'une conversion complète sans un engagement au service des hommes pour que se réalise leur libération et leur promotion collective. Mais c'est seulement dans un climat de<br /> conversion collective que le problème de la participation des classes dirigeantes au combat pour la justice peut être posé. Les opprimés comprennent facilement que l'évangélisation peut se situer<br /> dans le dynamisme de libération ; en effet, la libération temporelle de l'homme et son salut par la foi vont dans le même sens et malgré leur distinction essentielle, ils ne font qu'un dans le<br /> dessein de Dieu. Au contraire, le combat pour la justice ne peut être admis par les classes dirigeantes que dans la mesure où elles remettent profondément en cause les réactions spontanées de leur<br /> propre milieu. Il fallait donc parler d'abord de conversion collective.<br /> Mais cette conversion serait vaine si elle ne débouchait pas sur un engagement efficace.<br /> Cet engagement suppose d'abord une prise de conscience collective des injustices qui règnent aujourd'hui dans le monde. Sur ce point le Concile, avec Gaudium et Spes, Paul VI avec Populorum<br /> progressio et la lettre au Cardinal Roy et enfin le document du synode de 1971 sur la Justice dans le monde contiennent des affirmations fondamentales auxquelles on devra toujours se référer (G.S.<br /> 4-10; 66-71; 83-90; P.P. 21; 26; 30-32; 63, 76, 82; a.A. 2, 8-21; 41; 43-45; Synode l, justice et société mondiale).<br /> Cet engagement suppose aussi qu'on admette la nécessité « de transformations audacieuses, profondément novatrices. Des réformes urgentes doivent être entreprises sans retard. " (P.P. 32).<br /> Il suppose enfin que l'on tienne compte de la condamnation du capitalisme libéral tel que Paul VI le présente avec « le profit comme motif essentiel du progrès économique, la concurrence comme loi<br /> suprême de l'économie, la propriété privée des biens de production comme un droit absolu, sans limites, ni obligations sociales correspondantes », (P.P. 26).<br /> note : Le pape (Paul VI) parle ici du « profit » dans le sens usuel : profiter c’est s’enrichir ; mettre l’enrichissement comme motif essentiel de l’économie c’est d’abord contraire à l’Evangile,<br /> (Mt 6,19-24 ; Lc 12, 13-21 ; 16, 14-15 ; cf Tim 6, 9-10 ; 17-29) ; c’est aussi s’orienter, même involontairement, vers l’exploitation d’autrui. Mais le pape ne parle pas du « profit » dans le sens<br /> économique.<br /> <br /> Alfred Ancel, pauvreté de l'Eglise en l'an 2000, 1973.<br /> <br /> <br />