Oraison et Parole de Dieu - 2
Au moins sept méditations sur ce sujet que je pense publier à raison d'une par semaine. Il est bon de suivre la méditation en consultant la Bible selon les références indiquées.
Entre le désir de répondre à l'initiative de Dieu à venir en LUI dans le secret de la prière d'oraison, et la réalisation concrète, il y a une grande marge : un apprentissage assidu avec ses tâtonnements, avancées, reculs, erreurs, voire déviances. Certes ! mais aussi un apprentissage confiant : celui d'être invités et attendus tels que nous sommes : à notre mesure, faite d'un équilibre fragile entre nos talents et nos limites, accompagnés et guidés par le don de la prière qu'accorde l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent.
QUELQUES COMPARAISONS INITIALE
La Parole de Dieu dont l'Evangile est le sommet... et la source ! est à l'oraison ce que l'huile est à la lampe ; la farine au pain ; le raisin au vin ; la pluie à la terre ; l'air aux poumons...
Qu'est-ce à dire ?
Sans huile, strictement personnelle et impartageable, selon l'Evangéliste Matthieu, ch. 25,12s, la lampe de la parabole n'est d'aucun secours pour celle qui la détient entre ses mains. Elle en est privée de la rencontre avec l'époux, si longuement attendue ; retenue derrière la porte du banquet nuptial, définitivement fermée et sourde aux appels intempestifs... trop tardifs. En même temps, elle peut entendre de ses oreilles qu'elle est totalement inconnue de l'époux !... Verdict sans appel... et particulièrement instructif.
Quittons le langage parabolique pour parler en clair : sans huile, sans farine, sans raison, sans eau, sans air... sans fréquentation personnelle de la Parole de Dieu, il ne saurait y avoir d'authentique préparation à l'oraison, ni de fondation chrétienne posée, ni de fécondité vitale de celle-ci susceptible de dynamiser l'itinéraire du disciple.
LE FONDEMENT UNIQUE DE L'ORAISON CHRETIENNE
La fondation chrétienne de l'oraison repose sur une personne unique Jésus-Christ, le Fils unique, envoyé par le Père dans le monde, non pas pour le condamner
mais pour le sauver, Cf. Jn. 3,16. unique médiateur entre Dieu et les hommes, cf. He. 8,6 et 12, 24, de telle sorte que « personne ne va au Père, sans passer par Lui. » cf Jn. 14,
6.
Sortir de ce fondement christique l'oraison, exposerait celui qui s'en écarte à toutes sortes de complaisances déviantes, comme par exemple l'oraison de type pharisien tournant à l'exaltation de soi, cf. Lc.18, 1 0 ; l'oraison de type docte, tournant aux spéculations rationnelles, philosophiques, etc... sans rencontrer Dieu, cf. Mt.11, 25 ; l'oraison de type dilettante tournant à l'audience de ses propres pensées, cf. 2 P. 1, 16 ; etc...
En revanche, fréquenter régulièrement, assidûment la Parole de Dieu par la lecture cursive éventuellement en respirant entre chaque mot - par l'étude, la plume à la main, à la manière du Père Chevrier ; par la Lectio divina, « lecture priante et savoureuse » des Ecritures Saintes, traditionnelle dans l'histoire et la spiritualité chrétiennes... dispose efficacement à l'oraison.
Il faut encore préciser avec la caution de l'autorité apostolique de Paul, que le seul médiateur qui soit entre Dieu et les hommes c'est un homme, le Christ, cf. 1 Tim. 2, 5, en chair et en os ! Jésus de Nazareth.
L'Evangéliste Jean, conduit par l'Esprit Saint annonce ce que ses oreilles ont entendu, ce que ses yeux ont contemplé, ce que ses mains ont touché comme à tâtons du Verbe incarné, à ceux qui n'ont pas pu faire cette expérience sensorielle directe de l'épaisseur humaine de Jésus. Le Disciple bien-aimé l'annonce pour que : « vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et nous sommes en communion avec le Père et son Fils Jésus-Christ » (1 Jn. 1, 1-4).
L'expérience sensorielle de l'épaisseur humaine de Jésus de Nazareth, à travers les récits évangéliques a été particulièrement mise en œuvre par Saint Ignace de Loyola dans la pédagogie des exercices spirituels. Par exemple, il suggère au retraitant de fixer son regard sur ce qui se passe dans la scène évangélique étudiée ; d'ouvrir ses oreilles aux paroles, aux bruits, aux silences ; il va même jusqu'à suggérer d'ouvrir ses narines aux odeurs et parfums dégagés par les choses matérielles traitées...
Ce grand maître spirituel a particulièrement compris que c'était l'HOMME Jésus de Nazareth le seul médiateur parfaitement uni à son Père au point d'être son unique icône. Il a pu dire, dans son testament spirituel : « qui me voit, voit le Père... qui m'a envoyé » (Cf Jn. 14, 5-10).
Retour aux comparaisons :
L'écoute, l'étude, la lectio divina, le souvenir, gardé dans le secret du cœur de la Parole de Dieu, et la mise en pratique, au fur et à mesure de la compréhension, assurent à l'oraison le fondement chrétien - christique ! - à partir duquel, et de lui seul ! - la rencontre avec Dieu est possible.
Fondée sur la connaissance de la Parole de Dieu, la vraie oraison transfigure, à la ressemblance de Jésus, celui qui la pratique, jour après jour ; ainsi, en reprenant les images initiales, l'huile qu'il a apportée, constitue à faire de lui un être de lumière, cf. Mt. 5, 14 ; la farine : un bon pain nourrissant, cf. P. Chevrier, le tableau de Saint Fons ; le raisin : un vin généreux abondant et gratuit, cf. Jn. 2, 9s ; l'eau : une terre fertile productrice jusqu'à 100 pour 100, cf. Mt. 13,23 ; l'air : un vivant animé par le souffle de l'Esprit du Christ, cf. Ro. 8, 18-28.